Maisons en série à l'est de l'Erdre
Ce parcours est composé de 13 étapes (environ 3,7 km). Départ au 55 boulevard des Belges.
Dans la ville, il arrive parfois de croiser des maisons construites l’une à côté de l’autre et affichant une forte ressemblance. Ce lien physique fait de ces maisons qualifiées de « jumelles » un ensemble paradoxalement singulier.
Dessinées par le même architecte ou pour le même commanditaire, elles évoquent aussi des histoires personnelles - familiales ou amicales - qui pousseraient deux individus à faire construire deux habitations liées par la mitoyenneté et la ressemblance.
Retrouvez les autres parcours de la collection "Architectures nantaises à l'est de l'Erdre" en fin de ce parcours.
Boulevard des Belges
Le boulevard des Belges fait partie des boulevards de ceinture aménagés à la fin du 19e siècle pour relier la gare de Chantenay à la prairie de Mauves, en contournant le cœur de la ville. L’aménagement de ce boulevard a entraîné dans les décennies suivantes la création de plusieurs centaines de maisons dans le quartier.
Aux n°55 et 57, deux maisons jumelles mitoyennes et symétriques, présentent un décor raffiné. Côté rue, les appareillages de pierre contrastent avec l’enduit clair utilisé pour souligner les différents niveaux et encadrer les ouvertures. L’entrée, placée en retrait de façade, permet d’intégrer l’escalier extérieur menant à l’étage, aux pièces de vie. La variété des gardes-corps participe à la qualité de l’ensemble évoquant le style Art déco. Elles ont été conçues à la fin des années 1920 par les architectes Henri Vié et fils, une dynastie d’architectes nantais du 20e siècle, concepteurs au même moment à Nantes de l’immeuble de la Caisse générale accidents (CGA) place Ladmirault.
Ces deux maisons - jumelles donc - ont été construites pour M. Meyers, originaire de Hollande, domicilié ici avec son épouse et sa belle-mère. La maison voisine accueillera sa fille et son gendre avec leurs deux enfants. Il s’agit donc là d’une opération à caractère familial.
19 et 21 boulevard des Belges
Poursuivez le long du boulevard en direction du Rond-Point de Paris. Ici, une majorité de maisons mitoyennes et quelques immeubles plus récents.
Aux n°19 et 21, deux maisons de ville à deux travées sur garage, parfaitement symétriques à quelques détails près. Elles se caractérisent par leur appareillage de pierres et leurs décors en briques. Contrairement aux deux maisons précédentes, l’escalier menant aux pièces de vie situées à l’étage, est à l’intérieur.
Cité de la Moisdonnière
Au Rond-Point de Paris, prenez à gauche vers le boulevard Jules-Verne. Vous longez le parc du Plessis-Tison. Du côté pair, après quelques dizaines de mètres, une maison en pierre du début du 20e siècle affiche son nom (La Moisdonnière). Prenez la rue du même nom qui se trouve sur la droite.
En haut de la rue, aux n°68 et 70, deux maisons mitoyennes sont presque jumelles. Elles sont datées du début du 20e siècle. Construites à l’alignement de la rue, avec deux travées chacune, on y entre sur le côté, au centre de la façade pignon. Elles laissent apparaître le soin accordé au dessin de façade avec un contraste entre les pierres utilisées pour l’élévation, et celles pour les encadrements de fenêtres, alternant briques et pierres calcaires.
Un peu plus bas, c’est toute une cité qui forme un même ensemble. Il s’agit d’une cité HBM construite au début des années 1930, la cité de la Moisdonnière. Elle est composée d’une cinquantaine de logements regroupés en une dizaine de bâtiments. Conçue par l’architecte Henri Fleury pour le compte de l’Office Public Municipal d’H.B.M. (Habitations à Bon Marché), elle a vocation à proposer aux locataires des logements spacieux, salubres et à bon marché.
La cité laisse apparaître le soin apporté à l’organisation générale et aux aménagements extérieurs (jardins en cœur d’îlot et jardinières en pleine terre au pied des habitations). L’ensemble, alternant des modèles à deux ou quatre logements, affiche une harmonie architecturale dans le traitement des soubassements, des entrées (légèrement surélevées) et des encadrements de baies.
Parmi les premiers occupants, une majorité de familles. Plusieurs sont employés à l’usine des Batignolles, située un peu plus au nord, comme mécanicien, contremaître, ingénieur, chauffeur, comptable, chef d’atelier.
Rue de la Marrière
Au bout de la rue, vous arrivez dans la rue de la Marrière. En dehors des immeubles plus récents, la plupart des bâtiments ont été construits autour des années 1930.
Aux n°4 et 6, à nouveau deux maisons presque jumelles évoquant le style Art déco, particulièrement sur la travée centrale, encadrées de ressauts. Elles ont été dessinées par le même architecte, à deux ans d’intervalle, pour deux propriétaires différents. Celle de gauche en 1936, puis celle de droite en 1938. Le rez-de-chaussée abrite les pièces de service dont le garage. À l’étage, les pièces de vie, accessibles depuis un escalier central. Existait-il un lien entre les commanditaires expliquant la ressemblance entre ces maisons ? Ou bien est-ce l’architecte qui propose à un autre commanditaire des modèles existants ?
École François Dallet
Au bout de la rue, vous arrivez sur le boulevard des Poilus, un autre des boulevards de ceinture.
Tout de suite à droite : l’école François Dallet a été construite par l’architecte Étienne Coutan, qui a été au service de la ville pendant près de 40 ans dans la première moitié du 20e siècle. Elle a été conçue pour accueillir les filles et les garçons du quartier, mais dans deux bâtiments séparés. Côté rue, les bâtiments sont inspirés de l’architecture rurale, proche de celles des maisons de campagne. De chaque côté du pavillon d’entrée dont le tympan affiche les valeurs pédagogiques - différentes pour les filles et les garçons - les deux pavillons des instituteurs, une forme de série aussi.
Rue des Chalâtres
Regagnez le Rond-Point de Paris puis tournez à gauche rue Général Buat en direction du centre-ville. Ici, pas de maisons jumelles à l’horizon. Il faut patienter jusqu’à la rue des Chalâtres. En attendant, vous pouvez observer de chaque côté de la rue et imaginer une jumelle à une maison qui vous aurait séduite.
Aux n°116 et 188, deux maisons bourgeoises, pas tout à fait jumelles, mais suffisamment proches pour y voir un lien, ou une parenté. Mais puisqu’il y a des différences, c’est aussi l’occasion de s’essayer au jeu des différences et des ressemblances, comme si l’une avait voulu se singulariser par rapport à l’autre ! Dans les deux cas, les maisons affichent une composition dissymétrique, où la travée extérieure est couverte par une haute toiture pentue. Celle de gauche présente des accents néo-gothiques.
Un peu plus loin, aux n°92 et 90, deux maisons jumelles symétriques. Il s’agit de deux maisons de villes à deux travées, modèle très répandu à Nantes avant la Première Guerre mondiale, notamment dans les lotissements de maisons en bande. À l’intérieur, la composition est presque toujours la même. La travée la plus large est celle du salon et de la salle à manger, l’autre est celle de l’entrée avec WC attenant (d’où la petite fenêtre), de l’escalier et de la cuisine donnant sur le jardin. À l’étage, le plan est similaire : deux chambres et une pièce d’eau. Elles ont été construites à la fin des années 1920.
Rue de Vienne
Juste après cette série, tournez à gauche vers la rue de Vienne. Ici, la plupart des maisons a été construite pendant l’entre-deux-guerres.
Ici, les maisons présentent des architectures variées, décorées de briques, de pierres ou de céramiques. Certaines sont presque jumelles, bien qu’espacées de quelques mètres, d’un côté ou de l’autre de la rue. Regardez par exemple les n°28 et 29 qui se font face : entrée placée au centre, même encadrements bicolores, rectangulaires ou cintrés, et même toiture débordante au-dessus de l’entrée. Un peu plus loin, au n°18, à nouveau la même composition.
Rue de l'Ouchette
Au bout de la rue de Vienne, vous arrivez sur la place Jacques-Patissou, du nom d’un peintre nantais né à la fin du 19e siècle. Centre de ce quartier pavillonnaire, elle a la forme d’une étoile, dont l’une des branches est la rue de l’Ouchette.
Aux n°46 et 48 de cette rue, deux maisons de ville, dont la composition est très proche de celles rencontrées rue des Chalâtres. Mais ici, un garage s’est glissé au rez-de-chaussée, remontant tout l’ensemble à l’étage. Construites à la fin des années 1920, elles ont accueilli deux familles dont les pères travaillaient au chemin de fer Paris-Orléans.
Avenue du Lieutenant Lavenne de Montoise
Après ce court passage, revenez sur la place et empruntez l’avenue du Lieutenant-Lavenne-de-Montoise. Comme la plupart des rues rencontrées jusqu’à maintenant, les maisons sont construites en majorité dans les années 1930. Un peu comme un catalogue, elle présente un aperçu de la variété architecturale de l’époque.
Aux n°45 et 47, deux maisons jumelles, identiques, en dehors de l’enduit. Le permis de construire est signé en mai 1929 pour le compte d’un unique commanditaire.
Un peu plus loin, aux n°12 et 14 de la même rue, à nouveau deux maisons jumelles, distinguées par les couleurs de l’enduit. Elles ont été toutes les deux construites en 1930 par la société « La Maison en Ciment Armé » pour deux propriétaires différents. Les pièces de vie sont légèrement surélevées, permettant de ménager un « sous-sol ». Elles sont distribuées par un couloir central traversant donnant également accès au jardin, avec d’un côté une salle à manger puis une cuisine et de l’autre deux chambres. L’ouverture du garage, non prévue par les plans initiaux, a dû être modifiée par la suite ou en cours de projet.
Rue des Chalâtres
La rue vous mène place Victor-Richard. Poursuivez tout droit dans la rue des Chalâtres.
Aux n°45 et 47, deux maisons jumelles présentent un décor soigné fait d’encadrements et de moulures. Elles sont typiques des maisons de ville du début du 20e siècle. Probablement identiques à l’origine, elles se singularisent aujourd’hui par le traitement de leurs enduits.
Rue de la Mitrie
Un peu plus loin, après la maison aux encadrements de briques, engagez-vous rue de la Mitrie sur la droite.
Dans cette rue, plusieurs bâtiments affichent une certaine parenté. Aux n°15-17, 23-25 et 29-31, les maisons sont jumelées et forment un même ensemble. Elles se différencient les unes des autres grâce à leurs encadrements aux couleurs variées. Ici, le commanditaire est bien unique : il s’agit du ministère des Armées, ce que confirme le recensement de 1936 avec la présence de militaires et de leurs familles.
Ces ensembles illustrent la vocation militaire du site, décidée à la fin du 19e siècle, avec l’installation de plusieurs casernes à l’est de la ville, dont la caserne Mellinet. Aux n°18, 20 et 22, d’autres petits immeubles, construits à la fin des années 1920, avait vocation à accueillir les sous-officiers mariés. Presque identiques, ils se distinguent par les frises décoratives soulignant les fenêtres du rez-de-chaussée.
Rue d'Aurelle-de-Paladines
Au bout de la rue, vous arrivez dans la rue d’Aurelle-de-Paladines, nommée ainsi en hommage à un ancien militaire originaire de la Lozère.
Les bâtiments de la rue sont construits au début des années 1930, uniquement du côté impair, face à l’enceinte de l’ancienne caserne Mellinet, selon un parcellaire en bande.
Aux n°33 et 35, deux maisons jumelles présentent un décor très soigné au niveau de l’entrée. À l’intérieur, le plan est simple, conforme à celui des maisons de deux travées sur garage. Au rez-de-chaussée, le garage donc, une cave et l’accès au jardin. Au premier étage, les pièces de vie, à l’étage supérieur, deux chambres et une pièce d’eau.
Le permis de construire est signé en 1931 pour un même commanditaire, qui réalise ici vraisemblablement un investissement immobilier.
Rue de Coulmiers
Dans la suite de la rue, aux n°6 et 8, à nouveau deux maisons jumelles. Vous arrivez ensuite dans la rue de Coulmiers qu’il faut prendre par la gauche.
Dans le haut de la rue, pas de maisons jumelles, mais pourtant un unique architecte à l’origine d’une séquence. Sur les sept maisons allant du n°133 au n°145 de la rue, cinq maisons sont confiées aux architectes Devorsine et fils qui signent les permis de construire entre 1923 et 1926. Construites essentiellement pour des propriétaires occupants dans le cadre du lotissement Caillé (du nom de l’ancien propriétaire du terrain à diviser), elles illustrent la capacité de l’architecte à s’adapter à la commande, singularisant une maison par rapport à l’autre.
Au n°143, la maison est dessinée en 1928 par les architectes Henri Vié (père et fils), ceux qui ont inauguré ce parcours. Celle située au n°139, construite en retrait de la rue, semble être plus tardive.
Ici s’achève votre parcours. Si vous poursuivez votre balade dans le quartier, vous rencontrerez encore d’autres maisons jumelles, notamment dans la rue Desaix.
Dans la même collection Architectures nantaises à l'est de l'Erdre :