Miroir, mon beau miroir
Ce parcours est composé de 13 étapes (environ 2,9 km). Départ au niveau de la Rue Guillaume-Touchy.
Être jumeau, c’est être exposé sans cesse à la comparaison, au regard critique et à l’indétrônable jeu des différences. En architecture, la gémellité peut être perçue comme le reflet d’une société qui chercherait à masquer les différences pour créer une uniformité propice à la discrétion, l’anonymat, l’intégration. Au contraire, elle est peut-être aussi l’expression d’une certaine originalité dans le paysage urbain : on peut ressembler à son voisin et pourtant détonner dans le paysage du quartier !
À leur création, les maisons jumelles sont identiques ou presque, telles que l’architecte ou le commanditaire les a voulues. Mais comme on change de coiffure, on peut repeindre des volets, des menuiseries ou un encadrement. Le lien reste perceptible mais moins évident. Parfois même, on peut transformer une façade en ajoutant une fenêtre, un peu comme si l’un des deux jumeaux modifiait son visage, pour tromper le passant, mais un regard arguerri s’y retrouvera !
Retrouvez les autres parcours de la collection "Architectures nantaises à l'ouest de l'Erdre" en fin de ce parcours.
Rue Guillaume-Touchy
Votre parcours commence aux n°36 et 38 de la rue Guillaume-Touchy. Elle se situe à proximité du pont de la Tortière, qui permet aux boulevards de ceinture d’enjamber l’Erdre.
Construites autour des années 1930, ces deux maisons conçues en symétrie miroir ont conservé leur aspect originel. Un peu comme des sœurs siamoises, elles semblent liées par leur toiture uniforme, mais disposent bien chacune de leur propre entrée. Ici, le principal jeu de différenciation, auquel les propriétaires semblent s’être adonnés, réside dans les touches colorées apportées aux façades. Vanille versus lavande ? Éléments décoratifs majeurs de cet ensemble, les portails art déco se différencient par leur couleur. Les plus observateurs y remarqueront même une autre petite différence ...
Remontez la rue Guillaume-Touchy jusqu’à sa partie la plus étroite. Aux n°44 et 46, une autre paire à observer, mais sans jumelles...
Avenue de la Coquetterie
Depuis la rue Guillaume-Touchy, continuez tout droit vers l’avenue de la Coquetterie que vous empruntez.
Aux n°61 et 61 bis, à nouveau deux maisons jumelles, construites en symétrie miroir. Une fois de plus, le jeu de différenciation réside dans le choix de la couleur pour le revêtement de façade et les encadrements de baie, en contraste ou monochromie.
Boulevard Michelet
La petite avenue vous mène rue de la Haute-Forêt, que vous prenez sur la droite. Arrivé au boulevard Eugène Orieux, prenez à gauche jusqu’au boulevard Michelet. Les prochaines jumelles se trouvent un peu plus loin sur la droite.
Aux n°21 et 23 du boulevard, les deux maisons forment un même ensemble, où seul l’enduit vient distinguer l’une par rapport à l’autre. Les entrées sont surlignées par un bandeau clair unifié, les baies sont identiques et les toitures débordantes se rejoignent au centre pour former une sorte de fronton, élément final de cette composition symétrique. À noter l’élégant travail au niveau des baies principales du premier étage.
Avenue Gilbert-Bauduz
Remontez le boulevard, puis, juste avant l’arrêt de tramway, prenez à gauche sur la rue de la Lombarderie. Vous trouverez sur votre gauche la petite avenue Gilbert-Bauduz.
Aux n°15 et 17, les deux maisons ne sont pas jumelles, du moins pas vraiment... Mais si vous effacez mentalement l’étage de la maison de gauche, vous retrouvez la même composition : une porte à droite avec son imposte vitrée, une baie à gauche au-dessus d’une petite ouverture permettant d’accéder à la cave. Chacune possède une frise décorative, accentuant leur ressemblance, et en même temps leur différence.
Face à elles, aux n°14 et 16, même typologie architecturale. Ici, on semble avoir opéré un copier-coller... Mais avec son décor de briques peint et son soubassement enduit, celle de gauche a accentué sa différence.
Boulevard Michelet
Depuis l’avenue, continuez vers le boulevard Henry-Orrion. Prenez sur la gauche, afin de revenir sur le boulevard Michelet. Nos prochaines jumelles se tiendront en face de Décadanse, un nouveau lieu culturel et artistique éphémère qui a pris la suite de la mythique Scène Michelet.
Accolées l’une à l’autre, ces maisons sont presque identiques : même composition en deux travées, mêmes parements en pierre, mêmes encadrements de fenêtres, mêmes balcons et mêmes frontons triangulaires. Autrefois, le seul élément distinctif était leur cartouche, encore visible : Myosotis et Violettes. Dans les années 2010, une extension a été réalisée sur celle de droite.
Boulevard Michelet
Les prochaines maisons se trouvent le long de la ligne 2 du tramway. Suivez-la en direction du centre-ville.
Aux n°4, 6 et 8, trois maisons quasiment identiques : les premières à être non-mitoyennes. Protégées par un haut mur, elles sont construites en retrait du boulevard. La composition de ces triplettes est très simple : trois travées de fenêtres organisées en symétrie, une façade lisse avec peu de relief et une toiture à double pente. Chacune va se distinguer de ses voisines par les éléments décoratifs utilisés pour animer la façade : briques, pierres, couleurs...
Juste en face, deux maisons, toutes deux dissymétriques, très proches dans leur composition et leurs décors, pas vraiment jumelles, mais presque ! Pourtant, elles sont dues à deux architectes différents. Celle de gauche est dessinée en 1924 par Victor Le Jallé. Celle de droite date de 1926. Et si vous cherchez bien, le nom de l’architecte est inscrit sur la façade : il s’agit d’Émile Eteve. Ces deux architectes construisent à cette époque de nombreuses maisons à Nantes.
Rue François-Bruneau
Poursuivez sur le boulevard Michelet et avant d’atteindre le boulevard Amiral-Courbet, tournez à droite rue François-Bruneau.
La série qui débute la rue François-Bruneau, avec les n° 3, 5, 7 et 9 attire le regard. Ces quatre maisons, construites légèrement en retrait de la rue, offrent à leurs occupants une transition entre l’espace public et l’intérieur de la maison. Elles ont été construites au tout début des années 1920 par les entrepreneurs nantais André Frères pour quatre propriétaires différents. Bien qu’elles ne soient pas rigoureusement identiques, elles forment un même ensemble, encore très lisible aujourd’hui. Les différences actuelles semblent être le fruit de modifications opérées dans le temps, les couleurs donnant notamment un caractère propre à chaque maison.
Rue Cochard-Polenne
Continuez dans la même rue. Pas de maisons jumelles désormais mais quelques décors remarquables. Laissez de côté le passage Robin et prenez la prochaine rue à gauche. Vous arrivez rue Cochard-Polenne.
Aux n° 21, 23 et 25, des triplettes construites en retrait de la rue, avec chacune deux travées. Celle de gauche abrite l’entrée surmontée d’une imposte vitrée et d’une fenêtre. Celle de droite comprend le garage et deux larges baies dont une protégée par un garde-corps ouvragé. Les encadrements de baies clairs contrastent avec l’enduit des deux maisons de droite, là où celle de gauche fait appel à la monochromie. L’ensemble a été bâti dans les années 1920-30, comme l’essentiel de la rue.
Rue du Mont-Goguet
Au bout de la rue Cochard-Polenne, vous arrivez dans la rue du Mont-Goguet. Prenez là sur la droite et arrêtez-vous devant les maisons aux n° 7 et 9.
Au sens strict, ces maisons ne sont pas jumelles : une fenêtre manque à l’une pour être semblable à l’autre. Pourtant une analogie se dégage puisque ces maisons sont dotées des mêmes pierres et du même décor en briques, ici transformé par l’utilisation de la couleur.
Rue de Châteaulin
Poursuivez dans la rue du Mont-Goguet, elle vous mène rue de Châteaulin. Une tourelle vous indiquera la route à suivre. Arrêtez-vous devant les n°34 et 36.
Sur ces jumelles à deux travées, correspondance quasiment parfaite. Seuls les appareillages diffèrent : pierres et briques permettant de singulariser l’une par rapport à l’autre, en plus de la toiture modifiée sur celle de gauche.
Rue Noire
Continuez à remonter la rue de Châteaulin. Dans le haut de la rue, une maison vous rappellera les fausses jumelles de la rue du Mont-Goguet.
Face à elles, deux autres maisons : l’une d’elles évoque le style néo-normand, et l’autre présente un élégant travail décoratif au niveau de l’entrée. Elles n’ont pas de jumelles dans la rue, mais elles illustrent bien deux styles architecturaux en vogue dans les années 1930. Il est donc très probable qu’elles ont une jumelle quelque part... à Nantes ou ailleurs !
Prenez ensuite la rue Paul-Bellamy vers la droite. Après quelques mètres, une maison avec une toiture haute et très pentue attirera votre regard.
Aux n°4 et 6 de la rue Noire, deux maisons présentent une composition très similaire : trois travées organisées selon un axe de symétrie. Les baies sont systématiquement couronnées de frontons, triangulaires ou semi-circulaires, avec des décors puisant leurs références notamment dans l’Antiquité. La maison située au n°4 présente une toiture très pentue, inhabituelle dans nos régions. Si vous vous approchez, vous remarquerez le décor de l’entrée, un double fronton. Juste en-dessous, la date et le nom du sculpteur, qui a réalisé les décors à la fin du 19e siècle.
Rue Paul-Bellamy
Reprenez la rue Paul-Bellamy en direction du Rond-Point de Rennes, les dernières jumelles du parcours ne sont pas très loin. Sur ce grand axe urbain, anciennement appelé rue de Rennes, de nombreuses maisons ou hôtels particuliers fonctionnent par paire.
Aux n°148 et 146, à nouveau deux fausses jumelles, un peu comme si l’une s’était grimée pour accentuer sa différence et sa personnalité. Chacune comporte trois travées, et dans un jeu de symétrie, la porte d’entrée est tantôt à droite, tantôt à gauche. Elles possèdent les mêmes balustres à colonnes, les mêmes garde-corps et les mêmes fenêtres jumelées dans le soubassement. Pour les différences, à vous de jouer !
Juste en face, aux n°149 et 151, une nouvelle paire où les différences se font plus rare. À noter la qualité des éléments de décor, venant égayer cette composition classique.
Rue Paul-Bellamy
Un peu plus loin, une dernière série de jumelles, quatre maisons pour deux paires entre les n°203 et 209.
Pour la première, deux maisons bourgeoises symétriques, à un détail près : sur celle de droite, la lucarne qui généralement couronne la travée centrale a été déplacée sur la droite, accentuant leur différence, déjà bien présente avec le choix des matériaux.
Pour la deuxième, deux maisons atypiques qui se démarquent du reste de la rue. Un soin particulier a été apporté au décor, notamment les éléments ouvragés en bois et le traitement des deux entrées.
Ici s’achève votre balade nantaise... Le regard aguerri au jeu des comparaisons, vous constaterez lors d’une prochaine promenade que de nombreuses autres maisons, à Nantes ou ailleurs, ont aussi une jumelle. À vous donc de poursuivre l’exploration !