Pays de Vannes - Entre terre et mer

Histoire, évolution et réhabilitation du bâti ancien

Habitat et paysage

Une situation géographique d'interface

Abritée au fond du golfe du Morbihan ( « petite mer » en breton), Vannes a bénéficié depuis l’Antiquité, jusqu’à nos jours, de sa situation d’interface entre la terre et la mer. Avant même le développement de cette ville à partir de l’époque romaine, le territoire était déjà occupé de façon soutenue et continue depuis des siècles, ce dont témoignent les nombreux mégalithes du Néolithique (4500 – 2000 av. notre ère) qui se concentrent sur le littoral mais que l’on trouve aussi à l’intérieur des terres, ainsi qu’une diversité de vestiges de l’habitat et de l’artisanat de l’Âge du Fer (1 er  millénaire av. notre ère).

Carte de Cassini (années 1780). Golfe du Morbihan.
Carte de Cassini (années 1780). Golfe du Morbihan.

Deux fonctions de l'habitat : loger les hommes / activités agricoles

Le patrimoine bâti vernaculaire encore en élévation aujourd’hui se caractérise parfois sur la côte et dans les terres par des villages organisés en alignement de maisons mitoyennes. Si sur le littoral (Sené, Arzon, Saint-Gildas-de-Rhuys, Sarzeau) ces  maisons alignées est-oues t étaient parfois occupées par des familles de pêcheurs, cette activité ne constituait pas la seule source de revenus de ces foyers : les épouses de pêcheurs (et ces derniers aussi de façon intermittente) prenaient en charge des activités de culture et d’élevage, notamment sur la presqu’île de Rhuys. Ces activités agricoles expliquent les dispositions similaires de ces habitats sur la côte ou dans les terres, parfois mixte, partagée entre les humains et le bétail. Dans le pays de Vannes, les maisons organisées en alignements datent des XVII e  et XVIII e  siècles pour les plus anciennes et se sont surtout développées au XIX e  siècle, avant d’être souvent remaniées au XX e  siècle.

Chaumières, Sarzeau.
Chaumières, Sarzeau.

L'exploitation des ressources du littoral

Certains bâtiments et aménagements du littoral témoignent de leurs fonctions économiques parfois ancrées dans le Moyen-Âge. Des ressources de la mer y sont exploitées, comme le sel, les coquillages et notamment l’énergie marémotrice, avec un certain nombre de  moulins à marée  (50 connus dans le Morbihan dont 24 encore en élévation). Les retenues d’eau artificielles aménagées par la digue de ces moulins pouvaient elles-mêmes donner lieu à des activités de pêches et à la récolte des plantes tel que le roseau employé en couverture de chaume. La fonction la plus courante de ces moulins était de moudre le grain en farine, faisant de ces dispositifs des lieux à la jonction entre les activités économiques de la mer et de la campagne.

Moulin de Kervilio
Moulin de Kervilio

Le littoral comporte son lot de spécificités vis-à-vis de la campagne : Déclinaisons plus luxueuse des  maisons de pêcheurs , on y trouve des maisons de capitaines et  d’armateurs  ; le centre urbain de Vannes se distingue de sa campagne par son architecture de bâtis à pans de bois. À la fin du XIX e  siècle et au début du XX e  siècle, on voit se multiplier les  maisons de villégiatures  d’une bourgeoisie attirée par les bienfaits de la mer, avant l’apparition des  ensembles balnéaires  destinées aux classes moyennes dans l’après-guerre (en arrière-plan, le port de Crouesty).

Bâtis anciens remaniés : quelques cas

Qu'est-ce que le patrimoine vernaculaire ?

L’architecture vernaculaire se définit par des constructions traditionnelles reflète les particularités locales dans le choix des matériaux et dans les techniques de constructions.

Maison d'armateur, édifiée vers le début du XIX e  siècle, Sarzeau

Les volumes et le rythme des ouvertures de la façade, indiquent que les commanditaires avaient un niveau de vie élevé. Les pierres de taille encadrant les fenêtres sont badigeonnées de chaux. La couleur blanche obtenue, rappelle le tuffeau employé dans l’encadrement de porte. Cette pierre calcaire est présente essentiellement dans les régions autour de la Loire. Il est courant d’observer des matériaux non locaux dans la construction des maisons d’armateurs, leurs activités favorisant le transport des matériaux.

Alignement de maisons de pêcheurs, édifiées au XIX e  siècle, Saint-Gildas-de-Rhuys

Les maisons de pêcheurs en alignements sur les villes du littoral breton se multiplient surtout au XIX e  siècle, bien que les plus anciennes datent de la fin du XVII e  et du XVIII e  siècles. Cette organisation répondait à des nécessités qui restent encore à étudier. L’explication que l’on entend le plus souvent en Bretagne (que cela soit pour les maisons de pêcheurs ou pour les longères dans les terres) est celle d’une adjonction progressive de nouvelles constructions par les descendants d’une même famille aux côtés d’une maison parentale originelle. On peut aussi faire l’hypothèse des avantages matériels de ces dispositions : densification de l’habitat dans des zones littorales où l’espace peut être rare, économie de matériau, meilleure isolation, et moins forte prise au vent de la toiture. Sur le littoral, les pignons découverts (non pourvus d’une toiture), caractéristique de ces maisons de pêcheurs alignées avaient également pour but de réduire la prise au vent et indiquent une  toiture en chaume  antérieure.

Les maisons de pêcheurs accolées de Saint-Gildas-de-Rhuys présentées ci-contre illustrent un « habitat-rue ». Bien qu'elles aient été en partie remaniées, on y décèle encore (au milieu) la lucarne pendante (ou gerbière) caractéristique et son fronton triangulaire, qui permettait de charger au grenier le matériel des pêcheurs. Dans certains cas, la présence d’étoiles sculptées sur les linteaux de porte indiquent le métier de pêcheur des occupants. 

Architecture balnéaire ou de villégiature, années 1930, Port-Navalo, Arzon

Cette maison littorale de villégiature de Port-Navalo attire l’œil par son toit plat et par l’usage esthétique qui est fait de la brique, notamment pour l'élévation du parapet de la terrasse. L’architecture rappelle d’autres maisons littorales des années 1930 de style art déco* mais la forme générale n’est pas sans rappeler les  corps de gardes crénelés  du milieu du XIX e  siècle, qui émaillent certaines parties du littoral breton.

Art déco : Mouvement artistique des années 1910-1930 qui fait la part belle aux figures géométriques et à la simplicité des lignes. En architecture, il met en avant la variété des couleurs et des matériaux.

Lecture historique d'un bâti ancien, Sarzeau

Savoir lire l'histoire d'un bâtiment est indispensable pour établir un diagnostic et des propositions de réhabilitation pertinentes.

Sur le dessin d'architecte ci-contre (© YLEX Architecture), les parties représentées en rouge sont les plus anciennes (XVI e  siècle), les parties orange sont des modifications postérieures présentant un intérêt patrimonial, et celles en jaune et en vert sont des modifications pouvant être supprimées.

Maison édifiée vers le début du XVII e  siècle, Theix-Noyalo

La façade de cette maison a conservé de nombreuses traces des ouvertures précédentes. À droite de la fenêtre centrale au rez-de-chaussée, on observe des vestiges de la porte d’origine. La fenêtre de droite a été installée dans une deuxième porte arrivée dans une période plus récente. L’étage a conservé l’encadrement d’une ancienne fenêtre au centre. L’ouverture à gauche a dû être remaniée au début du XX e  siècle, en témoigne le type de montage de l’encadrement. On observe des coups de sabre* dans la maçonnerie.

Coup de sabre : Ligne verticale au sein du parement d'un mur due à la superposition trop rapprochée ou à l'alignement de joints verticaux.

Le bâti ancien en détails : réemploi, symbole lapidaire, décoration sculptée

Ouverture d'une longère, édifiée vers le XVII e  siècle, Grand-Champ

Bien que cette longère soit de taille modeste elle présente des encadrements en pierre de taille massive. Cette porte est surplombée d’un linteau en accolade typique de la période gothique* qui pourrait provenir d’un autre édifice plus prestigieux et ancien, ce qui indique un réemploi.

Architecture gothique : Style architectural qui se développe entre le XII e  et le XV e  siècle. Il est marqué par l’utilisation de l’arc brisé ou ogive, permettant aux murs de gagner en hauteur grâce aux voûtes sur croisée d’ogives.

Symbole lapidaire, Saint-Gildas-de-Rhuys

Les marques de tâcherons sont les symboles inscrits que l’on retrouve sur certaines pierres de taille qui permettaient aux artisans de faire reconnaître leur travail et d’être payés. Les murs étant le plus souvent enduits, ces marques n’avaient aucune incidence sur l’esthétique des bâtiments. Dans le cas présent, situé sur une clef de voûte ouvragée (et donc destinée à rester apparente), ce glyptographe* était plus vraisemblablement une marque de passage de compagnon, ici un clin d’œil, marque discrète et fréquente tant sur les bâtiments prestigieux que modestes.

Glyptographie : Étude des signes gravées dans la pierre. Elle concerne les signes de bâtisseurs destinés à se faire payer ou à indiquer l’ordre d’assemblage des éléments.

Lucarne-fronton, Grand-Champ, XVI e  - début XVII e  siècle

Cette lucarne surmontée d’un coquillage, typique du style Renaissance*, témoigne du niveau de vie élevé des commanditaires. Leurs visages ont été sculptés en pied de pilastre.

Architecture de la Renaissance : De la fin du XV e  au début du XVII e  siècle elle met en valeur les notions de symétrie, proportion et équilibre des motifs en s’inspirant des vestiges de l’architecture antique classique et en particulier de l’architecture romaine.

 

Détail : pied de pilastre gauche.

Détail : pied de pilastre droit.

Les moulins à marée

Qu'est-ce qu'un moulin à marée ?

Le dispositif des moulins à marée (ou « à mer ») consiste à retenir l’eau de mer amenée par la marée derrière une digue (ou « chaussée ») dans le but d’utiliser son potentiel énergétique lorsque la mer se retire. Suivant le cycle naturel, l’eau remplit deux fois par jour, l’étang de retenue. Quand la marée descend, la « porte à mer » de la digue se referme mécaniquement par la poussée de l’eau puis, une fois la roue du moulin libérée, le meunier peut ouvrir les vannes. L’eau emmagasinée va venir actionner la roue, qui entraîne un mécanisme servant le plus souvent à faire tourner une meule de pierre pour moudre le grain en farine (d’autres applications sont possibles comme le foulage des draps, le broyage de la pâte à papier, l’extraction du tan…).

Le moulin à marée de Kervilio, XV e  siècle, Le Bono

Le moulin à marée de Kervilio est connu dès 1456 par un accord entre les seigneurs de Pontsal et de Kervilio qui prévoyait les conditions d’exploitation de l’ouvrage, ce qui témoigne de l’importance des moulins à eau dans l’économie médiévale et moderne. En effet, le dispositif du moulin à marée s’intègre dans une économie plus large : l’étang génère l’exploitation du roseau, de la vase et de la marne (mélange de calcite et d'argile), ainsi qu’une activité de pêche. Le moulin de Kervilio était exploité dès l’origine pour moudre le grain en farine, jusqu’en 1960. Le bâtiment est inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques en 1987.

La partie inférieure du bâtiment doit résister deux fois par jour à la montée et au retrait de la mer, ce qui explique la différence de traitement de l’appareillage de maçonnerie en granite. Des travaux de rejointoiement au ciment ont été effectués avant 1960 par le dernier meunier en activité. On observe la présence de remontées capillaires qui peuvent entraîner des dégradations du bâti si l’eau ne parvient pas à s’évaporer.

Carte de Cassini (années 1780) © Gallica - BnF

À cheval entre deux parties de la carte de Cassini, le moulin de Kervilio est représenté par une roue crantée. (N.-B. :  Cahire  est noté Cazer).

Un dispositif intégré dans le paysage

Un moulin à marée n’était pertinent que dans les situations relativement protégées de la houle, mais où l’on pouvait profiter d’une amplitude de marée assez importance. Certains types dits « intermédiaires », situés à l’embouchure d’un cours d’eau, pouvaient fonctionner en permanence grâce aux débits des rivières. On peut supposer qu’un moulin qui ne fonctionnait qu'avec les marées, pour être rentabilisé, fonctionnait également la nuit. Cet inconvénient était compensé par la grande régularité de l’énergie marémotrice, tandis que le fonctionnement des moulins de rivière pouvait être interrompu par les épisodes de crues ou d’assèchement. Ces retenues d’eau, que ce soit à l’embouchure des rivières ou tout au long de celles-ci (on estime la distance qui séparait chaque moulin en France à 1 ou 2 km sur un cours d’eau), ont certainement un rôle à jouer dans la régulation des aléas hydrologiques et dans la diversification des habitats écologiques.

le moulin à marée de Noyalo

Le moulin à marée de Noyalo a été reconstruit en 1991 sur les bases de l’ancien moulin de 1830, ce que l’on peut observer par la rupture dans l’appareillage de maçonnerie originell de la partie inférieure de l’édifice.  Les dimensions plus importantes et la taille soignée des pierres  de la partie inférieure étaient destinées à garantir la stabilité de la base du bâtiment, immergée à chaque marée. La partie visible ci-contre est une maçonnerie moderne, jointoyée au ciment.

La présence du moulin sur la carte de Cassini atteste sa présence dans les années 1750. Au XV e  siècle, l’ouvrage appartenait aux Dames de la Charité de Vannes. En plus de la fonction commune de minoterie, la présence de l’étang impliquait d’autres exploitations : salines, pêche à la fouine et au carrelet. L’activité de minoterie a pris fin en 1938. Aujourd’hui, la retenue, l’une des plus grandes des moulins à marée de Bretagne (140 ha) sert à l’alimentation en eau potable de Vannes.

Du fait des grandes dimensions de l’étang, la digue, est percée de deux portes à mer à ses extrémités, tandis que la plupart des digues de moulins à marée n’en ont qu’une. La chaussée n’a pas été élargie comme c’est parfois le cas, mais doublée d’une autre chaussée au XIX e  siècle. Contrairement à ce que l’on peut voir aujourd’hui, l’orientation du toit était à l’origine parallèle à la digue. Quant aux pierres de l’appareillage, elles étaient destinées à l’origine à être enduites.

Carte de Cassini (années 1780) © Gallica - BnF

Le moulin à marée de Noyalo est représenté sur la carte de Cassini par une roue crantée.

La Bretagne, un territoire privilégié des moulins à marée

Grâce à la topographie de son littoral et à l’importance de ses marnages, la Bretagne historique concentre les trois quarts des moulins à marée (ou « moulins à mer ») de France. Parmi les 138 moulins plus ou moins bien préservés de ce territoire, 50 se trouvent dans le Morbihan dont 24 encore en élévation. Si on pensait encore récemment que les premiers moulins à marée de France étaient apparus au XII e  siècle. Une découverte archéologique a démontré l’existence de cette technologie dès le VI e  siècle sur le site de Landounic à Saint-Pol-de-Léon dans le Finistère, ce qui en fait le plus ancien à marée connu par des traces matérielles.

Département

En élévation

Vestige

Disparu

Total

22 - Côtes-d'Armor

18

4

7

29

29 - Finistère

14

3

21

38

35 - Ille-et-Vilaine

4

3

2

9

56 - Morbihan

24

5

20

50

Nombre de moulins à marée connus dans les quatre départements de la Bretagne administrative

Le déclin de l'énergie hydraulique au XIX e  siècle

Dans les premières décennies de la révolution industrielle *, période qui voit en réalité s’amorcer le déclin de l’exploitation traditionnelle de l’énergie hydraulique : les roues sont parfois remplacées par des turbines et les minoteries, bien qu’elles demeurent aux abords de leur source d’énergie historique (l’eau), utilisent de plus en plus les énergies plus productives que sont le charbon, le pétrole et plus tard l’électricité.

Révolution industrielle : Au XIX e  siècle, la révolution industrielle est le passage d'une économie fondée traditionnellement sur l'agriculture à une économie reposant sur la production mécanisée à grande échelle de biens manufacturés dans des entreprises.

Les maisons à couvertures de chaume

Village de Cahire, Plougoumelen

Le village de Cahire est connu pour ses longères couvertes de chaume qui témoignent d’un type d’habitat rural des XVII e , XVIII e  et XIX e  siècles. La situation de ce village à environ 2 km au nord-est du  moulin à marée de Kervilio,  témoigne particulièrement de l’importance des économies locales pour l’approvisionnement des matériaux de construction avant l’avènement du chemin de fer.  L’accord de 1456  sur l’exploitation du moulin entre les seigneuries de Pontsal et Kervilio prévoyait bien les conditions d’exploitation du roseau, plante qui était favorisée par la retenue d’eau artificielle. Bien que ses maisons aient largement été remaniées dans les années 1970, modifiant parfois les dimensions des ouvertures, le village de Cahire est un site inscrit à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques* depuis le 26 décembre 1977.

Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques : L’inscription d’un élément du patrimoine bâti sur cette liste ou la liste des Monuments Historiques, reconnaît l’intérêt d’un bien. Elle permet de le protéger dans un cadre précis.

Chaumière, édifiée vers la fin du XVIII e  siècle, village de Roz (Le Bono)

Cette chaumière a été réhabilité dans les règles de l’art. La dimension des percements est respectée. La couverture de chaume est couronnée par un faîtage couvert d’une terre argileuse, plantée d’iris. Grâce à son système racinaire et sa résistance au stress hydrique, cette plante permet de maintenir la terre en place.

Puits, édifié vers la fin du XVIII e  siècle, village de Roz (Le Bono)

Ce puits est recouvert d’une couverture en bardeau de châtaignier. Cette essence d’arbre est très résistante face aux insectes xylophages et aux intempéries. Cette construction témoigne de l’utilisation des communs (puits, fours à pain, lavoirs) qui étaient des édifices mutualisés au service de plusieurs voisins voire d’un village entier, ce qui en faisait des lieux de sociabilité. Ce patrimoine vernaculaire est très fragilisé aujourd’hui puisqu’il est rarement utilisé.

Pierres apparentes ou cachées : des façades soumises aux goûts actuels et aux politiques énergétiques

Maison de bourg, début XX e siècle, Plescop

Cette maison de bourg était destinée à être enduite en façade. Les encadrements de portes et fenêtres étant légèrement saillants. Il est très fréquent de constater que les enduits ont été retirés pour laisser la pierre apparente pour des raisons esthétiques.

Le choix d’appliquer un enduit était fait pour des raisons esthétiques ou à cause de la fragilité des pierres qui étaient mises en œuvre. Les maisons d’habitation étaient davantage concernées que les bâtiments agricoles.

Maison ancienne isolée par l'extérieur, Grand-Champ

Cette maison ancienne a été isolée par l’extérieur (ITE) avec des matériaux qui ne sont pas adaptés au bâti ancien. D’une part, parce que l’on perd les caractéristiques architecturales du bâti et d’autre part, parce que l’imperméabilisation des parois d’un bâti ancien supprime la perspirance*. Ce qui entraîne des pathologies telles que des problèmes structurels, l’arrivée de champignons comme la mérule, la fragilisation des pierres et des pièces de bois.

Perspirance : La perpirance est la capacité d’un matériau à laisser transiter la vapeur d’eau et ainsi à éviter qu’elle se transforme en eau liquide dans les parois. Un habitat qui respire diminue l’humidité.

Maison d'habitation, XIX e  siècle, Grand-Champ

Afin d'éviter que le ruissellement n'aggrave les désordres de cette façade, il serait nécessaire de combler les petits trous et de rejointoyer*, voire de l'enduire entièrement afin de lui rendre son étanchéité.

Rejointoyer : Refaire les joints de la maçonnerie. On peut employer « rejointoiement ».

Rénover, restaurer ou réhabiliter ?

Les patrimoines bâtis et paysagers sont des éléments incontournables pour renforcer l’identité d’un territoire et participe à son attractivité. Connaître, comprendre, apprendre à regarder le patrimoine bâti, permet de le sauvegarder dans le respect de l’architecture traditionnelle et en cohérence avec les matériaux du bâti ancien afin de lui permettre de traverser le temps. À l’heure des transitions écologiques et sociales, se soucier de la réhabilitation du bâti ancien est au cœur des enjeux de sociétés face au réchauffement climatique.

Un peu de vocabulaire...

  • Rénover : C’est « remettre à neuf » (Le Petit Robert) : c'est donc faire du neuf, avec du vieux : c'est changer le bâtiment, le transformer et le moderniser sans prendre en compte son caractère patrimonial.
  • Restaurer : C’est « réparer », en respectant l'état primitif, le style » (Le Petit Robert). Cela consiste à conserver tous les éléments authentiques et à reconstituer les parties détruites ou endommagées puis à éliminer les ajouts tardifs incompatibles avec le contexte architectural de base.
  • Réhabiliter : C'est remettre en l’état en apportant du confort. C'est une restauration qui associe le respect de l'architecture initiale, des techniques traditionnelles, des matériaux du pays, avec les contraintes contemporaines qui sont les nôtres, qu'il faut intégrer avec soin et discernement. On distingue ce terme de « restaurer » et « rénover », employés régulièrement comme des synonymes.

Tiez Breiz – Maisons et Paysages de Bretagne vous accompagne à travers cette exposition pour vous apprendre à regarder et comprendre les pathologies du bâti ancien. Découvrez également l'intérêt patrimonial du bâti du golfe du Morbihan.

Crédits et attributions

Commissariat, rédaction

Anaïs Boutrolle & Yacine Majidate, chargés de l'action culturelle et des collections

Conseils scientifiques et techniques

Georges Lemoine & Anne Carrié

Photographies

Georges Lemoine, responsable technique & Sylvia Telleau (sauf mention contraire)

Dessins

Christophe Fagault, YLEX Architecture

Relecture

Anne Carrié, coordinatrice

Détail : pied de pilastre gauche.

Détail : pied de pilastre droit.