URBANISME ET COMMUNICATION

La cartographie narrative du type StoryMap est un des « nouveaux » outils de la géographie. Elle présente un potentiel pour se transformer en un vecteur privilégié de la communication sur la ville car elle permet : (a) d’en raconter l’histoire, (b) de territorialiser les enjeux autour des plus diverses thématiques.

Les transmédias associés aux outils de la cartographie digitale (StoryMaps) constituent :

• un défi contemporain et une solution originale par rapport aux traditionnelles contributions géographiques à la narration (PIATTI et al., 2009 ; RYAN, et al, 2017).
• un outil de rapprochement entre habitants, usagers mais aussi les élus locaux. Elle s’ajoute aux ateliers participatifs et aux maquettes physiques.
• un outil de transmission de connaissances et d'apprentissage, permettant aux enseignants et aux chercheurs de toucher un large public en fonction des supports plus interactifs (KRYS, 2020).

Ainsi, les plateformes web cartographiques ouvertes au public et l’usage des transmédias peuvent également être utilisées pour mettre en valeur les projets de recherche en même temps qu’elles permettent des échanges, renouvelant les relations sciences-sociétés.

Le programme de recherche nommé « CART.OCC : Valoriser le patrimoine Culturel d’Occitanie-Est au moyen de la web-CARTographie enrichie », poursuit précisément deux objectifs :

(a) utiliser la cartographie narrative pour diffuser de façon accessible au grand public les recherches développées au sein même de l’Université Paul Valéry Montpellier 3.

(b) mettre en valeur le patrimoine bâti et paysager du territoire Occitan - l’objet de notre communication

Il s’inscrit dans une politique nationale de recherche qui entend développer les rapports Science-Société

Trois projets du programme s'articulent avec le thème de la conférence « Usages du transmédia storytelling en aménagement et urbanisme », ils s'intéressent : (a) à la mémoire des inondations historiques, leur impact dans l’espace urbain ; (b) à la nature comme inspiration des bâtiments et des infrastructures urbaines de Montpellier (c) à la mise en valeur du territoire (ou des représentations de celui-ci) par les séries françaises.

• La présente communication présente les résultats provisoires et les questionnements issus du projet « CART.OCC » au moment où Montpellier et Sète sont conjointement candidates au titre de Capitale Européenne de la Culture (2028);
• Echanger sur l'usage de différents supports et médias - cartographie - dans la construction de l'univers narratif propre aux projets associés ;
• L'interaction et la participation du grand public avec les supports cartographiques associés aux dispositifs transmédiatiques, notamment concernant la co-construction du savoir par des cartographies collaboratives ;
• Projet "Le territoire mis en scène par les séries télévisées" explore la façon dont les univers narratifs des séries se substituent à l’expérience réelle des lieux, ou comment les espaces réels sont mobilisés : espace/paysage décoratif, espace à vivre situé, espace à vivre qualifiant, ce dernier se construit en phase avec les politiques d'attractivité de la métropole de Montpellier.

Nancy de Richemond et Stéphanie Defossez - LAGAM

La mise en valeur des impacts des inondations dans la Région Occitanie par des ressources cartographiques et des registres photographiques associés à une stratégie narrative a pour objectif de sensibiliser le grand public au risque inondation et ses conséquences sur les politiques d’aménagement du territoire.

Elle permet également la mise en valeur du savoir vernaculaire, patrimoine en tant qu’expérience vivante et dynamique du territoire.

Les sinistrés touchés par les inondations historiques gardent la mémoire des catastrophes. Revivre cette mémoire à travers des registres cartographiques/photographiques autorise les chercheurs à reconstruire une narration de la prévention des risques, capable de toucher les habitants, les élus et impacter les politiques publiques.

La stratégie de construction de StoryMaps ouvre également la possibilité à une cartographie collaborative qui permet aux chercheurs de renforcer leurs connaissances par les témoignages d’acteurs ainsi que par les photos issues des répertoires familiaux ou récemment prises par les citoyens. Voici la cartographie disponible en ligne :

Les difficultés sont liées à l'identification d'une plateforme d'édition cartographique accessible à tous (5 jours en ligne ayant déjà 58 visualisations) et faire connaître au grand public le projet.

Pistes : collaboration avec le Master en Communication, contacter les blogueurs...

La StoryMaps comme stratégie de récit - La cartographie comme point d'ancrage et attraction du grand public

Alexandre Brun et Dominique Ganibenc

Le projet concilie deux approches au sujet de la nature dans la ville :

(A) Les aménagements réalisés pour contrer (ou s'adapter) aux phénomènes naturels :comme les inondations.

(B) Démontrer combien la nature a été inspirante pour les architectes et les paysagistes de Montpellier hier et aujourd'hui à travers une mise en valeur des détails de façades, de menuiseries, de couverture, de mobiliers urbains, etc

Le projet est en cours, les suites prévues sont :

• Imaginer un récit couplé à un itinéraire urbain jalonné de points qui seront renseignés via de courtes vidéos de 180 secondes en français et en anglais.

• Mettre en place un dispositif inspiré de la série Pokémon capable d’alerter l’habitant lorsqu’il passe à proximité d'une ouvrage pour : l’éclairer sur la nature de l’ouvrage, son rôle, son évolutivité, son rapport à la nature. Le dispositif s’adresse plutôt aux habitants de 15-25 ans et sera développé dans la deuxième phase du projet (horizon 2024).

Les difficultés rencontrés : force de travail (temps) pour identifier les œuvres (recherche archives/bibliothèques), photographier les œuvres et ses détails.

Pistes pour l'appli : établir une coopération avec les Master en jeu vidéo et web à partir des projets Tutorés

Patricia Jullia, Frédéric Marty, avec la participation d'Elsa Pallin et Nathalie Severin - LERASS

L’image, la notoriété et la culture des territoires sont construites à partir de l’hybridation entre l’espace-temps fictionnel des séries télévisés et les mises en récit territorialisantes qui en résultent.

La télévision française a investi la région Occitanie pour situer trois séries quotidiennes, diffusées actuellement en accès prime time.

Cela permet aux chercheurs de ce projet de spécifier les mises en scènes du territoire à l’intersection des intentions de France Télévisions et des collectivités territoriales qui s’inspirent largement des séries pour établir ou pour faire accepter leurs stratégies et politiques territoriales.

Les « espaces-paysages » / « espaces à vivre » sont donc mis en récits par les différents acteurs impliqués et configurent un rapport singulier entre territoire réel et territoire fictionnel qui seront explorés à partir des cartographies dynamiques dans le projet Cart.Occ.

Les territoires mis en scène dans la série mobilisent l’espace dans des intentions diverses.

Ils peuvent être seulement décor ou bien participer  au développement de l’histoire. Par exemple, dans DNA une des familles gère un parc à huîtres qui impulsent toute une série d’intrigues situant la série sur son lieu de tournage précisément. A l'opposé, le bord de mer décore nombre de discussions entre des personnages lors de promenades.

La mise en scène des territoires n’est jamais totalement documentée.

Le territoire est mobilisé comme décor situable pour ceux qui le connaissent mais il construit une géographie souvent imaginaire.

Pour exemple dans la série USGS, la place de la comédie semble toute proche du bord de mer qui nécessite pourtant un trajet en voiture d’au moins 40 min.

Les séries quotidiennes sont particulièrement propices aux phénomènes de set-jetting ou ciné-tourisme :

L'équipe LERASS trouve l'exercice bénéfice et très avantageux par rapport le format scientifique traditionnel. Le StoryMaps permet de montrer des résultats dans un format plus propice à valoriser l'objet d'étude "audiovisuel" contrairement à un article et permet un mise en abyme (qui reste sans doute à maturer et peaufiner) des enjeux narratifs d'une fiction.

Pour la dimension géographique la confrontation entre les différents approches du "territoire" LERASS versus géographes permets une analyse/problématisation plus fine avec des outils/méthodes permettant d'investiguer à nouveaux les matériaux.

En toute hypothèse, les supports transmédias favorisent un éclairage territorial, tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour la recherche en cartographie.

Reste à comprendre par quels processus exactement, et si, en plus des chercheurs en géographie - déjà familiers de la cartographie digitale - de pareils supports permettent d'intéresser un vaste public de non spécialistes aux questions d'architecture ou d'environnement. En fait la question c’est de faire de la culture non pas pour le monde culturel mais avec lui, dans l’idée de faire de la géographie un instrument efficace, esthétique et ludique d’éducation populaire. Beaucoup d’interrogations restent en suspens sur la façon dont s’opèrent les traductions entre les différents supports transmédias pour ensuite comprendre si l’usage de la cartographie digitale permet d’ouvrir d’autres perspectives analytiques aux recherches.