PACES Laurentides - Les Moulins

Au Québec, l'eau souterraine sert à alimenter environ 20% de la population en eau potable. Afin de parfaire les connaissances sur cette ressource précieuse, le gouvernement finance depuis 2008 des projets d'acquisition de connaissances sur les eaux souterraines dans plusieurs régions de la province.

Dans le cas du PACES de la région des Laurentides et de la MRC Les Moulins, l'équipe de la Professeure Marie Larocque, titulaire de la Chaire de recherche sur l'eau et la conservation du territoire à l'Université du Québec à Montréal, a été mandatée par le ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) pour réaliser le projet.

L'équipe de Marie Larocque a collaboré avec plusieurs partenaires régionaux, dont les MRC d'Argenteuil, de La Rivière-du-Nord, des Laurentides, Les Moulins, Les Pays-d'en-Haut et d'Antoine-Labelle, ainsi qu'avec les organismes de bassin versant Abrinord (Organisme de bassin versant de la rivière du Nord), OBV RPNS (Organisme des bassins versants rivières Rouge, Petite Nation et Saumon), COBALI (Comité du bassin versant de la rivière du Lièvre) et le COBAMIL (Conseil des bassins versants des Mille-Îles).

Avant de se lancer dans le vif du sujet, il est important de faire un petit rappel de quelques concepts clés de l'hydrogéologie.

 ^{Les notions hydrogéologiques présentées ci-dessous sont tirées du site web du  Réseau québécois sur les eaux souterraines.}  

Les cartes qui suivent présentent les résultats des analyses réalisées par l'équipe de chercheurs de l'UQAM.

Il est important de garder en tête que la zone étudiée couvre une superficie totale de 11 477 km ² . Les cartes produites représentent le portrait des Laurentides et de la MRC Les Moulins à l'échelle régionale. Il est donc possible que certaines caractéristiques régionales ne soient pas représentatives de l'échelle plus locale.

Vous pouvez vous déplacer sur le territoire en cliquant sur la carte, puis en gardant le bouton gauche de votre souris enfoncé. Vous pouvez également afficher différents éléments en cliquant sur les icônes de la carte.

Lorsqu’on parle de confinement des aquifères, on fait référence à leur degré d’isolement par rapport à la surface (RQES, 2016). Cet isolement dépend donc des matériaux qui composent le sous-sol, généralement plus près de la surface et de leurs propriétés respectives.

La carte ci-dessous illustre les conditions de confinement des nappes sur le territoire des bassins versants des rivières du Lièvre, Rouge et du Nord en indicant l'emplacement des dépôts d'argile et de limon dans le sous-sol.

La recharge représente la quantité d’eau qui s’infiltre dans le sol et qui atteint la nappe phréatique. C’est donc par la recharge que l’eau souterraine se renouvelle. Pour que l’exploitation de la ressource soit durable, il est important de ne pas prélever plus de 20 % de la recharge. Le calcul de la recharge est donc nécessaire pour effectuer une bonne gestion des eaux souterraines.

Toutefois, la recharge n’est pas uniforme sur l’ensemble du territoire. En effet, elle peut dépendre de plusieurs facteurs, comme le climat, l’utilisation du territoire et les propriétés physiques du sol, notamment sa capacité à laisser s’infiltrer l’eau.

L’équipe de réalisation du PACES a donc utilisé diverses méthodes pour évaluer ces facteurs et calculer la recharge sur l’ensemble de la région. Une carte identifiant les zones dotées d’un meilleur potentiel de recharge a pu être réalisée.

Comme les surfaces imperméables telles que l’asphalte et le béton empêchent l’eau de s’infiltrer dans le sol, l’urbanisation du territoire est une menace pour la recharge, d’autant plus qu’elle s’accompagne souvent d’une augmentation des prélèvements d’eau souterraine. Il devient donc nécessaire de planifier le développement du territoire de manière innovante, en faisant de la place pour des infrastructures permettant l’infiltration de l’eau, comme des jardins de pluie, des noues végétalisées, des stationnements perméables, etc. Ce ne sont pas les technologies qui manquent pour créer des milieux de vie attrayants et bénéfiques pour l’eau souterraine!

Le drainage des milieux humides affecte également la recharge en permettant le ruissellement de l’eau qui auparavant assurait un surplus dans la nappe phréatique. En effet, les milieux humides sont pour la plupart alimentés en partie par des résurgences de la nappe phréatique. Ils constituent donc des milieux importants à conserver pour maintenir une bonne recharge.

L'infiltration de polluants dans les nappes d'eau souterraines peut créer des situations de contamination. Les sources de ces contaminations peuvent être:

• Diffuses : « de faibles quantités de polluants atteignant l’aquifère sur de grandes surfaces (p.ex. épandages agricoles ou sels de route) » (Gagné et al., 2022 p.40
• Ponctuelles : « des quantités plus importantes de polluants atteignant l’aquifère sur des surfaces limitées (p.ex. stations-service, usines, sites d’enfouissement) » (Gagné et al., 2022 p.40).

Une activité ponctuelle n’entraine habituellement pas de contamination à l’échelle régionale, mais « la présence de plusieurs activités anthropiques (attribuables à l’humain) présentant un risque pour l’eau souterraine pourrait entraîner, à long terme, un impact sur un grand volume d’aquifère » (Gagné et al., 2022 p.40).

Les analyses ont aussi fait ressortir des concentrations en manganèse qui dépassaient la norme de Santé Canada (2019) et la présence de nitrates, de pesticides et de produits pharmaceutiques dont les concentrations ne dépassent pas les normes pour l'eau potable (Gagné et al., 2022 p.45). Ces situations, de même que la présence de radon mériteraient de faire l’objet d’un suivi pour éviter des problèmes de santé publique. 

Les dépassements de normes de potabilité pour les matières inorganiques ne sont cependant pas nombreux. De manière générale, l’eau souterraine de la région étudiée par le PACES Laurentides-Les Moulins est de bonne qualité mis à part les dépassements pour la bactériologie.

Les données récoltées et analysées par l'équipe de l'UQAM sont très utiles et permettent de mieux comprendre le territoire. En connaissant l'état des eaux souterraines de leur zone de gestion respective, les municipalités, les MRC et les OBV sont en mesures d'identifier les enjeux préoccupants entourant la ressource et de mieux prévoir les actions à mettre en place pour la protéger et la population qui en dépend.

Decelles, A.M., Ferlatte, M. et Ruiz, J. 2021. Atelier 4 - S’approprier les bases de données géomatiques du PACES Laurentides – Les Moulins, cahier du participant pour le webinaire. Document préparé par le RQES, avec la contribution de l’UQAM et de l’UQTR, pour les acteurs de l’aménagement du territoire, 85 p.

Ferlatte, M., Tremblay, Y., Rouleau, A. et Larouche, U. F. 2014. Notions d’hydrogéologie - Les eaux souterraines pour tous. Première Édition. Réseau québécois sur les eaux souterraines (RQES). 63 p.

Gagné, S., Larocque, M., Morard, A., Roux, M. 2022. Projet d’acquisition de connaissances sur les eaux souterraines dans la région des Laurentides et de la MRC les Moulins - Rapport synthèse mars 2022, Rapport déposé au ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Université du Québec à Montréal, Montréal, Canada. 50 p.

Québec (2019) Règlement sur la qualité de l’eau potable (RQEP). Q-2, r.40. q-2, r. 40 - Règlement sur la qualité de l’eau potable (gouv.qc.ca).

Réseau québécois sur les eaux souterraines. (2016). Les conditions de confinement. https://rqes.ca/les-conditions-de-confinement/

Réseau québécois sur les eaux souterraines. (s.d.). La conductivité hydraulique. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=TG-wz8o_2IU&t=428s