A la recherche du 6ème continent | Jour 2 |

Le vortex

 Il porte plusieurs noms tels que le « 6ème continent » (voire même le 7ème continent), « la soupe plastique », « le Vortex de déchets » ou encore « le grand dépotoir du Pacifique ». Autant de « noms médiatiques » pour un sujet : les océans de déchets et plus particulièrement le plastique.

Infographie sur les déchets (Source :  AFP )


 En quelques chiffres

Depuis le début des années 2000, l’industrie a créé plus de plastiques que durant tout le XXème siècle. Ce sont près de 8 millions de tonnes de plastiques qui se retrouvent chaque année dans nos océans. « Si nous devions ramasser chaque fragment de plastique de ce continent, il faudrait ramasser 1,8 billion de pièces individuelles ».

Infographie sur l'océan de déchets (Source :  Sabrina Blanchard )

Le centre du Grand vortex du Pacifique nord est situé dans une latitude entre la cellule de Ferrel et la cellule de Hadley. En terme de superficie, le 6ème continent de déchets du Pacifique est six fois plus grand que la taille de la France (3,4 millions de kilomètres carrés) et atteindrait jusqu’à 30 mètres de profondeur. De plus, nous ne voyons que la partie émergée des déchets puisque seuls 30% des déchets flottent. Le Programme des Nations unies pour l’environnement estimait à 18500 morceaux de plastiques le nombre de déchets au kilomètre carré d’océan.

Véritable fléau et symbole de la pollution des océans, ce 6ème continent est composé essentiellement de matières plastiques à 75% dont 80% proviennent de sources terrestres. Nous retrouvons des déchets issus de l’activité de la pêche locale tels que des filets de pêches ou des cordages ou encore des baskets, des brosses à dent, des cotons tiges etc. En 2010, sur les 275 millions de tonnes de déchets plastique produits par 192 pays, 4,8 à 12,8 millions de tonnes seraient déversées dans les océans.

Histoire

Sa découverte remonte en 1997 par l’océanographe et skipper Charles Moore lors d’une course à voile. Sa description est sans appel « des bouteilles, des bouchons, des emballages et des microparticules de plastique » à perte de vue. Dans la zone de déchets du Pacifique, Charles Moore a mesuré une concentration de 334 000 déchets par km2 (variant de 32 000 à 1 million de pièces par km2) et une masse moyenne de 5,1 kg·km-2.

Les déchets sont attirés par l’effet du gyre subtropical du Pacifique Nord qui peut être comparé à un tourbillon, si bien que les déchets s’accumulent pour former une masse informe. Auparavant, les déches de nature organisée subissaient une biodégradation, mais avec l’essor des débris en matières non dégradables (polymères notamment), les plastiques polluent le milieu marin.

Image satellitaire d'un gyre à côté des côtes japonaises (Source :  NASA )

Le suivi de cette mer de déchets est complexe, puisque les photographies et prises satellitaires ne permettent pas sa détection. En effet, les déchets sont juste sous la surface de l’eau et donc difficilement distinguables autrement que depuis un pont de bateau.

« L’image d’un continent sert à sensibiliser le grand public, mais ne rend pas compte de la réalité, explique François Galgani, océanographe et chercheur spécialiste des déchets à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer). Il s’agit plutôt d’une multitude de micro-plastiques, d’un diamètre inférieur à 5 mm, en suspension à la surface ou jusqu’à 30 mètres de profondeur, difficiles à voir de loin. Mais quand on puise dans l’eau, on en remonte une quantité impressionnante. »

Avant de venir former des cintres, des ballons de foot, des téléviseurs, des pneus, il y a les minuscules billes à la base de toute l’industrie plastique également connue sous la métaphore de « larmes de sirènes » que nous retrouvons par millions au fond des océans à leur état initial dès la sortie des usines.

Un vortex ?

Localisation des gyres à travers le monde (Source :  Futura Science )

Invisible depuis l’espace, cette pollution est présente dans cinq bassins océaniques : Pacifique Nord, Pacifique Sud, Atlantique Nord, Atlantique Sud et Océan Indien. Par définition, il s’agit d’un gigantesque tourbillon d’eau océanique formé d’un ensemble de courants marins qui aspire lentement les détritus qui flottent sur l’eau vers le centre de la spirale, où ils se cumulent, s’amalgament et ne ressortent jamais. Les pressions y sont basses, le vent très faible, les pêches pauvres : peu de marins s’aventurent dans cette région du Pacifique, préférant la contourner par le sud.

Les études

Comme cette masse de déchets est en constante expansion, des expéditions ont été effectuées afin d’étudier ce vortex et plus précisément les conséquences engendrées. Parmi les expéditions, nous pouvons nommer celle de Tara Océans, Race for Water ou celle du 7ème continent qui visait à explorer les cinq gyres et étudier la présence du plastique dans les océans. Les échantillons prélevés servent à mesurer les polluants organiques, cartographier les gyres et courants marins et localiser avec précision les résidus plastiques de ce vortex avec l’appui du CNES (Centre Nationale d’Etudes Spatiales) et de l’ESA (Agence Spatiale Européenne).

Navigateur, Patrick Deixonne rencontre un des 5 gyres de déchets pendant une tentative de traversée de l’Atlantique à la rame : « on a par exemple croisé des par-chocs de voiture au milieu de l’océan », rapporte-t-il désabusé.

Les conséquences

Sur la biodiversité

Photographie de NOAA (National Geographic Society)

La conséquence la plus grave de cette décharge à ciel ouverte porte sur la faune et la flore ; voire plus spécifiquement les oiseaux et mammifères marins. Du zooplancton, socle sur lequel repose toute la chaîne alimentaire marine, aux baleines ou aux oiseaux pêcheurs, des centaines d’espèces différentes ont déjà été contaminées. 

Avec une taille qui ne cesse de croitre, ce vortex de déchets menace plus de 267 espèces marines (Greenpeace). En effet, ces derniers se nourrissent de ces débris de déchets qu’ils ne peuvent pas digérer et qui remplissent leurs estomacs. Suite à des études, 100% des espaces de tortues marines, 60% des espaces de baleines et 60% des oiseaux marins avaient des micro plastiques dans leurs corps. Le constat est sans appel : chaque année, 1,5 million d’animaux meurent d’indigestion après avoir confondu des déchets avec de la nourriture. 

Photographie de NOAA (National Geographic Society)

Si l’Homme n’est pas directement impacté par cela, il peut toutefois être touché via la chaine alimentaire par le phénomène de bioaccumulation.

L’accumulation des « filets fantomes » représente aussi une forte menace pour les espèces sous-marines ; dès lors que les mammifères marins se coincent dedans et meurent.

Les solutions

A l’heure actuelle, le nettoyage de ce vortex de déchets n’est pas réalisable en raison de la superficie à traiter et de la présence de la faune marine. C’est pourquoi, les experts proposent de traiter le problème en amont via le recyclage des déchets plastiques actuels et la diminution de la production de nouveaux plastiques.

Des entreprises telle que Method Product se sont déjà spécialisées dans le ramassage des déchets plastiques et effectuent des opérations pour récupérer des déchets (vers Hawai).

Dispositif pour le projet Ocean CleanUp (Source :  CleanUp Operation )

Des solutions alternatives pour faire sortir les déchets du gyre ont été proposées, c’est le cas du projet The Ocean CleanUp (Boyan Slat) qui a pour but d’utiliser les courants marins pour amener les déchets vers des plateformes de récupération. Le projet a commencé avec un système de filet de pêche géant mais s'est rapidement transformé en un barrage flottant comme nous pouvons le voir sur l'image ci-contre. Grâce à la technologie que Boyan Slat et ses équipes développent, ils espèrent pouvoir évacuer 50 % du vortex en 5 ans puisque « la bonne nouvelle résiderait dans le fait que les débris sont plus gros qu’on ne le croyait et donc plus simples à collecter ». En parallèle, d'autres projets se développent également tel qu'Ocean Voyages fondé sur un système de traçage GPS pour localiser les filets de pêches perdus.

Vidéo de présentation du projet Ocean Cleanup

"Le plus accessible serait de se concentrer sur le nettoyage des canaux et rivières qui débouchent dans les océans, ainsi que les plages, afin de prévenir une accumulation de déchets plus au large et en profondeur, explique Marieta Francis, directrice exécutive de l'Algalita Marine Research Foundation. Mais l'essentiel est surtout de réduire la quantité de déchets produite, en limitant la consommation d'emballages, en les recyclant et les réutilisant au maximum et en recherchant d'autres alternatives, comme des plastiques biodégradables ou compostables, du papier ou de l'aluminium."

Les références

La sensibilisation à l’impact des déchets plastiques sur la mer est également traitée par les artistes qui n’hésitent pas à dénoncer ce « 6ème continent de déchets » au travers de sons musicaux (Nolwenn Leroy – Sixième Continent, Gorillaz – Plastic Beach), pièce de théâtre (Daniel Pennac – Le Sixième Continent) ou romans (Florian Ferrier – Le Huitième Continent, Olivier Norek – Impact).

Enigme 

Case départ : Qui est à l’origine de la découverte du filet de pêche géant de plastique ? [Une fois la réponse trouvée, référez vous à la légende des formes - triangle vert, cercle orange et carré rose- pour connaitre le point de départ du parcours]

Parcours : Combien de gyres y a-t-il sur la planète Terre ? [Une fois la réponse trouvée parmi celles proposées -3/4/5-, vous trouverez un parcours. La case la plus à gauche est la case à superposer à la case de départ.]

Plateau de jeu 

Envoyez à l’adresse email suivante ( sig2021@esrifrance.fr ) la localisation (ex : A1) finale du parcours. Bonne chance ! 

Infographie sur les déchets (Source :  AFP )

Infographie sur l'océan de déchets (Source :  Sabrina Blanchard )

Image satellitaire d'un gyre à côté des côtes japonaises (Source :  NASA )

Localisation des gyres à travers le monde (Source :  Futura Science )

Photographie de NOAA (National Geographic Society)

Photographie de NOAA (National Geographic Society)

Dispositif pour le projet Ocean CleanUp (Source :  CleanUp Operation )