Parcours découverte du cimetière de la Bouteillerie

Le parcours est composé de 20 étapes (environ 1 km). Départ à l'entrée du cimetière rue Frédéric Cailliaud.

Le site de la Bouteillerie, connu depuis le 14e siècle, sert pendant un temps de lieu de fabrication du vin avant de faire office de jardins. C’est en 1774 que le cimetière ouvre ses portes pour accueillir les défunts des paroisses Sainte-Croix, Saint-Clément, Sainte-Radegonde, Saint-Denis, Saint-Laurent, Saint-Vincent, Notre-Dame et Saint-Léonard. En 1794, les guerres de Vendée ont pourtant raison du cimetière qui, saturé, est contraint de fermer. Rouvert deux ans plus tard, le cimetière de la Bouteillerie ne connaît ensuite pas moins de six agrandissements. En 1918, un carré militaire est créé en vue de recevoir les quelque 1 800 soldats tombés lors de la Première Guerre mondiale.

À ce jour, le cimetière, qui s’étend sur six hectares, fait partie intégrante du centre-ville. Voisin du Jardin des Plantes, le site raconte son histoire au fil des allées. Partie ancienne des 18e et 19e siècles, carré militaire et évolutions contemporaines sont à découvrir dans ce lieu de mémoire devenu aujourd’hui un lieu de passage pour de nombreux Nantais et visiteurs.

Ce parcours est  téléchargeable et imprimable  depuis chez vous.


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Le portail d’entrée

Avant d’accueillir cet imposant portail orné d’une urne cinéraire enflammée, à la fois symbole d’immortalité et de guide vers l’Au-delà, le cimetière a connu un autre portail venu du cimetière voisin de Chamfleuri, aujourd’hui disparu. Celui-ci, portant en bas-relief les armes de Nantes représentées notamment par un navire semblable à un brigantin, aurait donné pendant un temps à la Bouteillerie le nom de cimetière du Grand-Brigandin.

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Le bas-relief Vers l’Infini

Les éléments de décor symboliques sont omniprésents dans les cimetières, même en dehors des sépultures. Dès l’entrée primitive notamment, le bas-relief Vers l’Infini accueille les familles endeuillées et autres promeneurs. Réalisée intégralement en marbre à la fin du 19e siècle, l’œuvre est de l’artiste Adèle Blanche Moria (1859-1926), membre de la Société des artistes français et dont la signature est encore visible en bas à droite. La sculpture semble représenter la toute-puissance de la Mort qui guide le destin des Hommes vers l’Infini.

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La stèle Haveloose

Contre le mur de l’ancien accueil, une stèle est érigée à la mémoire de Charles-Mathurin d’Haveloose, armateur négrier d’origine flamande décédé à Nantes en 1846 connu pour ses dons importants aux paroisses de la ville. Enterré dans un autre cimetière, c’est un cénotaphe, monument commémoratif, qui lui est adressé par les Nantais en souvenir de sa charité. La stèle, en pierre calcaire et richement décorée, est signée Henri-Théodore Driollet (1805-1863), architecte local reconnu et inhumé dans ce même cimetière dans un tombeau remarquable pour son portrait en médaillon en bronze (D 6 3).

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Le monument Camille Mellinet

B 2 12

Au milieu du carré B, un monument surplombe l’ensemble des sépultures par sa hauteur. Cénotaphe en forme de colonne, il est surmonté d’un buste en bronze visible de l’extérieur du cimetière. Ce dernier représente Camille Mellinet (1795-1843), grand nom de l’imprimerie locale connu pour avoir édité de nombreuses revues littéraires et scientifiques. Une esplanade à son nom, près de la médiathèque Jacques Demy, lui rend également hommage. Son frère, le général Mellinet, plus connu des Nantais, est quant à lui enterré au cimetière de Miséricorde (N PLBE 1).

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La tombe Mathurine Fourchon

B 12 16 (près des deux palmiers)

Mathurine Fourchon (1786-1863), connue comme la veuve Perrot, est une héroïne locale. Cantinière de l’Armée d’Afrique dès 1831, elle participe au siège de Constantine de 1837 pour y soigner les blessés et se retrouve touchée à son tour par quatre balles. En mémoire de son dévouement, la Légion d’Honneur lui a été remise, comme le symbolise la palme présente sur sa pierre tombale. Sa concession, à perpétuité, lui a été offerte gracieusement par la Ville en remerciement de ses actions. Son parcours, comme de nombreux autres, a été révélé en 2010 grâce aux archives municipales.

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La tombe arbre généalogique

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Le cimetière compte de nombreuses tombes remarquables pour leur originalité. Les familles concessionnaires ont en effet dès le début du 19e siècle la possibilité de personnaliser leur monument. Cette tombe, datant de la première moitié du 19e siècle, retrace sur sa stèle une partie de l’arbre généalogique de la famille qui y est inhumée avec plus de trente épitaphes sous forme de plaques. Au sommet de la stèle, l’inscription latine « Spes Unica » (extraite de « Crux ave, spes unica » : « Salut ô croix, unique espérance ! ») fait partie des nombreuses occurrences aux textes religieux présentes sur les sépultures. Enfin, les arbustes, qui décorent l’ensemble, illustrent également le goût de certains concessionnaires pour les sépultures végétalisées.

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La tombe Cassegrain

L 2 19

De nombreux industriels locaux sont enterrés dans les grands cimetières nantais. Parmi eux, les Cassegrain, fondateurs en 1868 de la marque de conserves nationalement connue. Charles (1831-1902) et Ernest (1862-1916), père et fils, sont inhumés dans cette chapelle à enfeus monumentaux. Au milieu du 19e siècle, celles-ci rencontrent un vif succès auprès des familles aisées. Léopold (1857-1941), autre fils de Charles et maire de Nantes dans les années 1930, est quant à lui inhumé au cimetière de Miséricorde (AX 11 14). Aujourd’hui, à l’instar de cette sépulture, de nombreuses concessions perpétuelles fragilisées par le temps ou l’abandon attendent leur restauration qui revient à leurs propriétaires.

En savoir plus sur  Cassegrain 

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La tombe Colombel père et fils

C 18 40

Le tombeau des Colombel père et fils est à l’image de la renommée de ces deux personnages nantais. 1er Premier maire de Nantes élu au suffrage universel, Évariste (1813-1856) est député puis maire de 1848 à 1852 tandis que Georges-Évariste (1838-1894) suit la même voie en étant avocat et maire de la ville de 1881 à 1885. Leur sépulture, à la structure complexe et imposante, en granit local et pierre calcaire, s’inspire des sarcophages antiques et incarne ainsi l’importance de la famille Colombel au sein de la ville.

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Les tombes Guépin

D 14 1 et D 16 3

Le couple Guépin a marqué la ville de Nantes au 19e siècle. Ange (1805-1873), médecin humaniste et homme politique, est connu pour ses nombreuses actions sociales. Floresca (1813-1889), de son côté, fonde avec son mari l’Atelier-école pour l’enseignement technique des jeunes filles, futur lycée Vial. Leurs tombeaux, pourtant voisins, dénotent par leur différence. À gauche du majestueux tombeau d’inspiration antique d’Ange en forme d’obélisque, un simple sarcophage en granit abrite la sépulture de Floresca. Sur la place Delorme, un buste en pierre à la mémoire d’Ange Guépin éveille encore son souvenir aux habitants.

En savoir plus sur  Floresca Leconte-Guépin 

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La tombe dite de la « famille »

F PLBO 2 (à l’angle à droite)

Quelques sculptures, souvent liées à la représentation de la Mort, ornent les tombes du cimetière. Celle-ci, qui surmonte le tombeau en sarcophage de la famille Cheminant, évoque sûrement les circonstances du décès d’une des défuntes de la concession. L’ensemble en pierre, qui met en scène une femme alitée entourée de deux jeunes enfants, commémore ainsi les derniers adieux d’une mère. On peut rapprocher ce motif à celui du gisant, récurrent dans l’art funéraire, qui figure un mourant ou un défunt sur son lit de mort.

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La tombe Decré

F PLBN 3

Située dans l’allée des chapelles, la sépulture de la famille Decré témoigne d’une saga locale reconnue, celle des magasins Decré dont l’empreinte est encore forte dans le centre-ville. Jules Decré (1834-1921), pionnier local du grand magasin, ouvre en 1867 le bazar Decré. C’est ce bazar qui déménagera et ne cessera de se développer grâce à ses fils et petit-fils jusqu’à devenir dans les années 1930 l’un des plus grands magasins d’Europe, devenu depuis les Galeries Lafayette. La famille Decré, qui a laissé son nom au quartier, repose aujourd’hui dans cette chapelle monumentale au portail finement ouvragé.

En savoir plus sur les  Magasins Decré 

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La tombe des Sourdille

F PLBN 11 (chapelle aux rosiers)

Autre chapelle liée à une grande famille nantaise, la tombe des Sourdille honore les progrès des trois professeurs de la lignée en matière d’ophtalmologie. Gilbert (1867-1962) et Maurice (1885-1961) fondent à Nantes en 1928 la clinique à leur nom, initialement située place Anatole France et transférée dans l’agglomération, à Saint-Herblain. Gabriel (1902-1956), fils de Gilbert, est notamment l’un des premiers chirurgiens au monde à avoir pratiqué une greffe de la cornée. Un boulevard, près du pont de la Tortière, commémore leur nom. À observer, l’allée possède deux autres tombes appartenant à la lignée.

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La Bretonne en prière dite « La Pleureuse »

Devant le carré H

Sculptée par l’artiste breton René Quivillic (1879-1969) connu pour ses œuvres commémoratives, la statue en pierre La Bretonne en prière surnommée « La Pleureuse » symbolise les femmes ayant perdu leurs époux et fils tués au front. Un temps sur l’île de Sein puis saisie par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, elle se retrouve plus tard sur le site du Perray dans les locaux des ateliers municipaux. C’est en 2016 à l’occasion de la commémoration de l’armistice de la Première Guerre mondiale qu’elle est transférée au cimetière pour veiller sur le carré militaire.

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Les tombes allemandes de la Grande Guerre

Platebandes UU, PP et OO (contre le mur)

Même si Nantes n’est pas une ville du front durant la Première Guerre mondiale, 226 tombes allemandes font partie du carré militaire. Il s’agit en réalité de soldats allemands - blessés, malades et travailleurs réquisitionnés - faits prisonniers de guerre et décédés entre 1914 et 1923 sur Nantes qui est alors connue comme centre d’évacuation. Après la guerre, leurs sépultures ont été réunies dans cette partie du carré militaire.

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La tombe bestiaire

PP 3 8 (stèle recouverte de lierre)

La tombe du peintre Stéphane Chailloy (1970-2001) illustre le souhait de certains concessionnaires de pouvoir personnaliser leurs sépultures. Elle témoigne d’autre part de l’évolution des monuments funéraires vers des conceptions végétales laissant la place aux arbustes et fleurs plus ou moins spontanés. L’ensemble, qui met en scène de manière aussi fantaisiste qu’originale un lutin chevauchant un cochon, détourne en outre les références animalières présentes dans la symbolique funéraire telles que le chien fidèle ou la chouette figure du savoir. Encore aujourd’hui, la signification de cette sépulture laisse part à toutes les interprétations.

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La tombe René-Guy Cadou

RR 14 25 (stèle blanche)

René-Guy Cadou (1920-1951) compte parmi les figures littéraires du cimetière. Instituteur de formation et poète humaniste, il représente activement l’École de Rochefort, l’un des principaux mouvements poétiques français de son siècle. Auteur du poème « Les fusillés de Châteaubriant » en référence aux événements des Cinquante otages, il meurt d’un cancer à 31 ans. Sa femme Hélène (1922-2014), poétesse également, est inhumée à ses côtés comme le dévoile leur sobre stèle en marbre. Le centre René-Guy Cadou, géré par la Bibliothèque municipale de Nantes, honore également la mémoire de ce poète toujours inscrit dans les programmes scolaires.

En savoir plus sur les  Époux Cadou 

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La tombe Anna Philip

W 10 4bis

Anna Davis Philip (1862-1930) se distingue par son action au cours de la Première Guerre mondiale. Originaire des îles caribéennes britanniques, cette professeure d’anglais s’engage comme infirmière volontaire pendant la guerre. Elle soulève alors divers fonds pour venir en aide aux troupes anglaises tout en se faisant porte-parole auprès des instances politiques. Inhumée quinze ans dans une sépulture du carré AA, elle est transférée en 1945 par décision municipale dans le carré militaire en mémoire de son engagement, aux côtés des soldats.

En savoir plus sur  Anna Davis Philip 

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La tombe Serge Danot

X 5 1

Comme l’indique cette tombe en métal peint à la conception unique, ici-gît Serge Danot (1931-1990), le créateur du célèbre dessin-animé Le Manège enchanté largement surnommé le « papa de Pollux ». Dans sa jeunesse, le Clissonnais a déjà pour passe-temps de concevoir marionnettes et automates pour le carnaval de Nantes. C’est plus tard qu’il réalisera cette passion en produisant le dessin-animé regardé en France et à travers le monde par plus de 600 millions de téléspectateurs. À sa mémoire et à l’intention des fans, une boîte est disponible derrière la stèle pour y déposer des messages.

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Le site cinéraire

Carré I

Témoin de l’évolution rapide des rites funéraires ces dernières décennies, le site cinéraire est aujourd’hui un équipement essentiel des cimetières des villes comptant plus de 2000 habitants. Composé pour la Bouteillerie d’un jardin du souvenir où disperser les cendres des défunts, de cavurnes, petits caveaux sous terre, et de columbariums en élévation destinés à accueillir les urnes cinéraires, il offre aux défunts ayant choisi la crémation et à leurs familles un lieu de mémoire adapté. À Nantes, la crémation est privilégiée par environ 50 % des familles, soit plus que la moyenne nationale située à 30 %.

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Le carré militaire

carrés H, Q, W, PP et UU

Comme tous les cimetières ou carrés liés à la mémoire des guerres, le carré militaire de la Bouteillerie rend ici hommage aux soldats morts durant la Grande Guerre de 14-18. 1781, c’est le nombre de tombes symbolisées par autant de croix blanches et autres emblèmes. L’ensemble, qui vise l’uniformité, compte en effet des soldats de différentes nationalités et croyances unis dans la mort. Fait particulier, les dates dépassent parfois l’année 1918. Il s’agit en réalité des soldats décédés dans les hôpitaux après l’armistice, Nantes étant à l’époque un centre d’évacuation et de soins. Des soldats de la garnison, de morts plus récentes, reposent également carrés FF et CC. En dehors de ces carrés, d’autres tombes du cimetière, repérables par leurs plaques commémoratives portant la mention « Mort pour la France », honorent les victimes de guerre civiles et militaires ayant obtenu ce titre posthume.