Le Moulin des Rosays
À la découverte d'un bâtiment en bauge et pierre des Faluns
Les moulins - un patrimoine vernaculaire fragile
Représentants incontournables du patrimoine vernaculaire ou rural, les moulins sont souvent des édifices en péril puisqu'ils ne sont plus utilisés pour la plupart. Le Moulin des Rosays édifié au XVIIe siècle, témoigne de la présence de ces activités meunières autour desquelles se réunissait la communauté. Il s'agit ici d'un moulin à farine qui fonctionnait grâce à un bras de la Rance. Inoccupé depuis au moins 1881, selon le recensement de la population, des travaux de réhabilitation sont nécessaires pour lui permettre de le conserver et de la valoriser sur le chemin de randonné GR34C.
À travers cette exposition, Tiez Breiz propose aux habitants et aux curieux de découvrir ce moulin qui conserve encore quelques secrets. Au programme : une lecture du bâtiment, une présentation de la technique de la bauge et de la pierre des Faluns et le résultat d'une petite recherche sur la vie des habitants du Moulin des Rosays au XIXe siècle.
Moulin des Rosays
Carte de la localisation du Manoir de La Motte
Lecture du Bâtiment
Le moulin des Rosays a conservé une partie importante de la maison du meunier. On observe deux techniques constructives différentes : la maçonnerie de pierre composée de pierre de jauge et la bauge, mélange de terre crue fibrée.
L'emploi de la terre ici a été choisi probablement pour des raisons économiques. La faible densité de la pierre de jauge, allégée du fait de sa constitution alvéolaire a permis d'associer ces deux techniques. Superposer des pierres des faluns sur des murs en bauge est une particularité du territoire.
Le moulin des Rosays présente une façade principale entièrement en pierre, comme de nombreuses maisons du territoire, tandis que les pignons et le mur arrière sont mixtes avec une partie supérieure en pierre de taille coiffant de façon irrégulière les zones en terre. Cette finition des murs en terre avec de la pierre de taille des faluns s´explique par la nécessité d´asseoir la corniche, ou les souches de cheminées.
Les murets du Moulin des Rosays sont composés de pierres des faluns maçonnées selon la technique de la pierre sèche.
Le bief du moulin présente une maçonnerie de granit en grand appareil sur lequel on peut encore observer l'emplacement de l'axe de la roue du moulin.
Matériaux locaux : la bauge et la pierre des Faluns
La bauge est une technique de construction caractéristique de la Région du bassin rennais.
En règle générale, on utilise la terre crue comme matériau principal dans les régions où les autres matériaux de construction sont rares.
Dans le Bassin rennais, le sous-sol est composé principalement de schistes briovériens qui ne sont pas exploitables pour la construction. Leur dégradation lente génère des sols argilo-limoneux qui conviennent parfaitement à la construction en bauge.
La terre argileuse est mélangée à des fibres végétales et de l’eau jusqu’à l'obtention d'une matière souple et plastique, la bauge.
Ce type de mélange a l'avantage d'être relativement facile à manipuler en raison de sa consistance et d'assurer, grâce aux fibres qui servent d’armements, une grande résistance une fois sec.
Ce béton naturel, une fois préparé, est disposé en motte sur un solin préalablement construit. Le solin est un mur de soubassement en pierre qui permet de protéger la bauge du ruissellement et des remontées capillaires. La hauteur préconisée se situe entre 50 cm et un mètre environ.
Après avoir levé les murs à la hauteur désirée et pris en compte les ouvertures (portes et fenêtres), on les laisse sécher suffisamment pour pouvoir ensuite découper au paroir (une sorte de pelle plate) les excédents de bauge, afin que le mur soit bien vertical.
Cependant, même si la technique de construction reste simple, elle fait face à certaines contraintes. L’une des plus handicapantes est liée au temps, car il faut compter entre six mois et deux ans pour réaliser un édifice en fonction de sa taille et du nombre de personnes impliquées dans la réalisation.
En effet, d'une hauteur entre 50 et 80 centimètres, une levée de terre nécessite trois semaines de séchage avant de recevoir une nouvelle levée. De plus, en raison des caractéristiques physiques du matériau, il est proscrit de travailler la terre en hiver.
Technique plébiscitée durant la seconde moitié du XIX e siècle, la bauge a connu un grand succès auprès de la bourgeoisie du bassin rennais.
En parallèle, ce matériau était plutôt considéré comme une technique rustique dans les autres régions. La raison de ce succès, semble-t-il, est que la bauge permet d'obtenir un bâti original et reste peu coûteuse.
Illustration : Presbytère d'Irodouër (35) - plus haut bâtiment en bauge de Bretagne
La pierre des Faluns
La pierre de jauge appelée calcaire du Quiou ou pierre des Faluns est le résultat du dépôt sédimentaire de l'ancienne mer des Faluns. Riche en fossiles, elle est composée de nombreux débris coquilliers (gastéropodes, dents de requins, poissons...) et de dépôts d'argiles et sables . La pierre de jauge est utilisée dans la construction grâce à une cimentation argilo-siliceuse fine et dense.
Les Faluns - Un Trésor Patrimonial
Découvrez l'histoire géologique et les usages de cette roche sédimentaire dans ce documentaire réalisé dans le cadre de l'exposition "Au temps des Faluns" au Musée des Beaux-Arts d'Angers par la chaîne Youtube Valéoraptor.
Vidéo sur la bauge
Réalisation pratique d'un mur en bauge
La vie du moulin
Le recensement des populations organisé tous les 5 ans est conservé aux Archives Départementales des Côtes-d'Armor. Une recherche rapide a permis d'observer la succession des familles dans des temporalités courtes et un retour, étonnant, d'une même famille, 21 ans après une première occupation.
1846 Famille Bellanger - Baucher : 8 membres
1851 Famille Chamsavoit - Gabillard : 4 membres dont Joseph, Rose et leur fille Marie.
1856 Famille Dugué - Lemonnier - une veuve se retrouve seule avec 5 enfants.
1861 Famille Lemonnier - une partie de la fratrie vit seule avec le frère ainé comme chef de famille.
1872 Famille Verdier - Chamsavoit / Marie Chamsavoit revient vivre au moulin avec son époux Jean Verdier, leurs 4 enfants et les parents de Marie, anciens meuniers recensés au Moulin des Rosays 21 ans plus tôt.
À partir de 1881, le recensement ne mentionne plus d'habitants au Moulin des Rosays.
Le cadastre de 1846 permet d'observer les parcelles et le passage du bras de la Rance le long du moulin.