LES FOUILLES DE LA CHAPELLE DES TEMPLIERS

L'archéologie urbaine laonnoise

Depuis quelques années, la ville de Laon fait l'objet de nombreuses recherches archéologiques qui nous permettent d'avoir un nouveau regard sur l'archéologie laonnoise et le passé de cette ville.

© service archéologique, Département de l'Aisne

Des travaux de drainage ont été réalisés en 2015 dans le cadre d’une restauration de la chapelle des Templiers de Laon. À la demande du préfet de région, un suivi archéologique de ces travaux a été entrepris par le Département de l’Aisne. Le secteur étudié se situe dans la partie orientale du plateau de Laon à 150 m environ de la cathédrale. L’intervention a commencé par le creusement d’une tranchée au sud du chœur de la chapelle. Le chantier a ensuite concerné le pourtour de cet édifice.

L’installation des Templiers à Laon

Les Templiers s’établissent à Laon avant 1141, année où le roi Louis VII confirme la concession d’une maison de la censive royale aux soldats du Temple. Cette installation est assez précoce, l’Ordre du Temple ayant été reconnu officiellement en 1129. Suite à la suppression de l’Ordre du Temple, la chapelle de Laon est rattachée en 1319 à la commanderie de Puisieux.

La chapelle consiste en un octogone qui ouvre, côté est, sur un chœur à une travée, terminé par une abside semi-circulaire. L’analyse archéologique des fondations de murs indique que cet ensemble a été érigé au cours d’un même chantier vers 1140. L’accès à la chapelle s’effectue depuis l’ouest par un porche à deux niveaux mis en place quelques années plus tard et dont l’étage est daté du XIVe s. À la jonction entre l’octogone et le porche, un mur pignon sert de campanile. Un second accès, de facture tardive, a été aménagé sur le flanc nord de l’octogone.

Faites le tour de la chapelle

© service archéologique, Département de l'Aisne

Un lieu d’inhumation particulier

Quelques 44 tombes ont été découvertes autour de la chapelle et plus particulièrement vers le sud. L’usage du cimetière n’est pas réservé aux frères du Temple comme l’atteste la présence de femmes et d’enfants.

© service archéologique, Département de l'Aisne

Le cimetière est ainsi ouvert à une population locale de laïcs, peut-être des familiers de l’Ordre (familles et donateurs). Une sectorisation du cimetière est perceptible : les enfants sont enterrés au nord-ouest de la chapelle et les femmes sont plus fréquentes au sud-est.

© service archéologique, Département de l'Aisne

Les premières tombes remontent à la construction de la chapelle. À partir du XIVe siècle, les inhumations se raréfient. L’utilisation du cimetière coïnciderait ainsi avec la période templière du site.

© service archéologique, Département de l'Aisne

Malgré des carences alimentaires, dans la norme pour l’époque, le caractère privilégié de la population étudiée est avéré : nourriture abondante, stature élevée, os robustes, pratique équestre et absence de maladies infectieuses comme la tuberculose.

Ci-contre, une fracture du fémur gauche © service archéologique, Département de l'Aisne

L'anthropologie funéraire, qu'est ce que c'est ?

L’anthropologie funéraire est l’étude de l’Homme aux périodes anciennes. Les anthropologues apportent des informations dans deux domaines : les morts et la Mort.

© service archéologique, Département de l'Aisne

L’étude des squelettes permet de donner des renseignements sur les hommes et les femmes des sociétés passées : de connaître leurs caractéristiques biologiques, leur morphologie, leur espérance de vie, leur patrimoine génétique, leur état sanitaire...

L’étude des complexes funéraires permet d’appréhender la perception de la Mort par les vivants et comprendre ainsi les pratiques funéraires (inhumation, crémation) la mise en place des corps dans la tombe, les gestes accompagnant le rituel et les objets qui pouvaient être associés au défunt, l’organisation des cimetières...

Fiche de conservation © service archéologique, Département de l'Aisne

Le travail de l’anthropologue suit un parcours allant du terrain (fouille de squelette, enregistrement des données de terrain, prélèvement) au laboratoire pour l’étude l’individu : estimation de l’âge au décès, détermination du sexe, évaluation de la stature, observation des pathologies osseuses.

Testez vos connaissance en étude des squelettes grâce à une  quiz  en ligne sur le site du service archéologique du Département de l'Aisne.

Fouille des sépultures sur le chantier de la chapelle des Templiers

© service archéologique, Département de l'Aisne

Description et documentation de la sépulture avant le prélèvement des os

© service archéologique, Département de l'Aisne

Prélèvement des os pour études en laboratoire

© service archéologique, Département de l'Aisne

Les bâtiments de vie de la commanderie

Un logis est accolé à la chapelle. Sa construction est postérieure au XIVe siècle. Les documents iconographiques conservés pour la première moitié du XIXe siècle montrent une façade dont la facture peut être attribuée au 1er quart du XVIIIe siècle. En l’absence de sources et de sondages archéologiques à cet endroit, il est impossible de préciser si cette façade faisait partie intégrante d’un bâtiment construit à cette époque ou si elle a été mise en œuvre sur un immeuble plus ancien.

Gravure, anonyme, vers 1835 © Musée de Laon, n°inv : 989.7

Au XVIIIe siècle, la commanderie se compose d’un deuxième bâtiment en retour d’angle vers le nord. Sa facture est identique à celle de l’autre aile. Ces deux édifices délimitent une cour qui s’étend au nord jusqu’à la rue Georges Ermant. L’espace au sud de la chapelle est aménagé en jardins. Les preuves archéologiques les plus anciennes de cette mise en valeur (puits et murets de cloisonnements paysagers) remontent au XVIIIe siècle.

Ancienne chapelle des Templiers, gravure, Émile Sagot, vers 1847 © Musée de Laon, n°inv : 74.26

Les multiples transformations de la commanderie depuis la Révolution

L’ordre de Saint-Jean de Jérusalem est supprimé le 16 février 1790 et ses biens sont réquisitionnés. Propriété de l’État de 1800 à 1830 puis du Département de l’Aisne, elle devient le siège de la maison d’arrêt de Laon. La chapelle échappe ensuite à la destruction envisagée dans le cadre d’un programme de lotissement de la parcelle.

Plan d'ensemble de l'ancienne maison d'arrêt, 1841 Gravure, anonyme, vers 1835 © Archives départementales de l'Aisne, 2R2 24

En 1842, une école est installée dans l’ancienne commanderie. Après son classement comme monument historique en 1846, des restaurations y sont entreprises. A la fin du XIXe siècle, on projette de transférer le musée des Beaux-Arts dans les locaux de l’ancienne commanderie. Le 27 décembre 1891, le nouveau musée est inauguré. Il s’y trouve encore de nos jours.

Plan de l'école communale des garçons, 1883 © Archives départementales de l'Aisne, 4M84


Pour aller plus, découvrez le  site internet  du service archéologique du Département de l'Aisne et testez vos connaissance en étude des squelettes grâce à une  quiz 

© service archéologique, Département de l'Aisne

© service archéologique, Département de l'Aisne

Fiche de conservation © service archéologique, Département de l'Aisne

Gravure, anonyme, vers 1835 © Musée de Laon, n°inv : 989.7

Ancienne chapelle des Templiers, gravure, Émile Sagot, vers 1847 © Musée de Laon, n°inv : 74.26

Plan d'ensemble de l'ancienne maison d'arrêt, 1841 Gravure, anonyme, vers 1835 © Archives départementales de l'Aisne, 2R2 24

Plan de l'école communale des garçons, 1883 © Archives départementales de l'Aisne, 4M84