
OÙ VIVAIENT LES FÉDÉRÉS SUR LE TERRITOIRE MARSEILLAIS ?
Géolocalisation des fédérés dans le tissu urbain
Printemps 1792, les principales monarchies européennes menacent les conquêtes de la Révolution et décident d’envahir la France afin de rétablir l’ordre et les pleins pouvoirs du souverain. La déclaration de guerre contre l’Autriche votée le 20 avril 1792 et la proclamation subséquente de la « patrie en danger » obligent l’Assemblée législative à recourir à un imposant enrôlement militaire. Le 20 juin 1792, Charles Barbaroux, député extraordinaire de Marseille à l’Assemblée législative, écrit à Jean Raymond Mouraille, maire de Marseille, afin « d’envoyer à Paris six cents hommes sachant mourir [1]».
Fiche d'inscription dans la Garde nationale
Le 23 juin 1792, la municipalité de Marseille annonce un engagement de fédérés sous le commandement de François Moisson (commandant en chef) et Pierre Garnier (commandant en second). Le bataillon quitte Marseille le 2 juillet 1792. Le chant de guerre de l’armée du Rhin est son chant de ralliement sur la route qui le mène jusqu’à Paris où il arrive le 28 juillet.
Groupe de citoyens combattants aux Tuileries le 10 aout (Jean-Baptiste Lesueur)
Diverses représentations concernant la journée du 10 août 1792
Le 10 août, accompagnés des troupes fédérales de Bretagne, les « Marseillais » conquièrent le palais des Tuileries. Cette journée marque la fin de la monarchie. Ils quittent Paris le 16 septembre et rejoignent enfin Marseille le 22 octobre 1792, où de grandes fêtes sont organisées pour célébrer leur retour [2].
Troubles au Palais des Tuileries
La carte intitulée « Où vivent les fédérés sur le territoire marseillais ? » superpose les lieux de résidence des fédérés[3] avec les sections urbaines du territoire : elle révèle une très forte concentration dans la « vieille ville[4] » et notamment dans les sections XV « Hôtel-Dieu », XIV « Oratoire », XI « Prêcheurs » et dans la section X « Saint-Jaume ». Les sections d’où proviennent le moins de fédérés sont celles des « nouveaux quartiers », la section XX « Saint Victor », VI « Picpus » et V « Saint-Ferréol ». Plus de 45 % du bataillon est composé de Marseillais, le restant vient des Bouches-du-Rhône et du sud-est de la France, avec une petite proportion d’hommes d’autres régions ainsi que des étrangers (quatre sont originaires de la Péninsule italienne, un de Suisse et deux d’Allemagne). Leur moyenne d’âge est de vingt-huit ans, la plupart sont des ouvriers et artisans. On compte quelques marchands au détail, cadres inférieurs et moyens et un très petit nombre d’agriculteurs et de marins[5].
Carte des sections fédérées
Les fédères dans le tissu urbain
[1] Marseille en Revolution, Editions Rivages/Musées de Marseille, Marseille, 1989, p. 95
[2] Georges Reynaud, Les Marseillais de la Marseillaise : dictionnaire biographique du bataillon du 10 août, Paris, éditions Christian, 2002, p. 16-18.
[3] Toutes les informations biographiques sont extraites du travail de Georges Reynaud, op. cit., p. 69-286.
[4] En 1666, Louis XIV ordonne aux échevins de Marseille d’agrandir la ville. Cette opération vise à étendre le tissu de l’ancienne ville en dehors des anciens murs médiévaux : elle crée de « nouveaux quartiers » composés de grandes rues et de nouveaux bâtiments, qui contrastent avec les petites rues, laborieuses et peuplées de la « vieille ville ».
[5] Georges Reynaud, op. cit.,p. 16-18.