À la découverte du quartier du Bouffay
Ce parcours est composé de 16 étapes (environ 1,8 km). Départ au niveau de la Porte Saint-Pierre à côté de la Cathédrale.
Au Moyen Âge, le quartier du Bouffay est le centre économique, sociale et judiciaire de la ville de Nantes. C’est un quartier populaire, rythmé par les marchés, les communautés religieuses, les fêtes profanes et les exécutions publiques. Il est localisé au sud-est des remparts qui englobaient Nantes.
Au 18e siècle, le quartier du Bouffay connaît d’importants changements urbanistiques : les plans d’embellissement des architectes de la ville font basculer le quartier de l’ère médiévale à l’ère moderne. Les maisons à pan de bois laissent peu à peu place à des immeubles en pierre dans le style classique propre au siècle des Lumières.
Suite aux bombardements de la Seconde Guerre mondiale, le quartier subit d’importants dégâts et doit être reconstruit. Aujourd’hui, le Bouffay est un quartier très animé par les boutiques, cafés, restaurants et bars. La vie culturelle et associative qui s’y développe, notamment grâce aux actions de la Commune Libre du Bouffay, de l’Association culturelle du passage Saint-Croix ou encore du Musée d’histoire, participe grandement à ce dynamisme.
Laissez-vous guider à travers ce parcours à la découverte de ce quartier historique de Nantes, et voyagez à travers les siècles, en observant les vestiges du passé.


Fortification et remparts, cours et porte Saint-Pierre
Dès la fin du 3 e siècle, un mur d’enceinte est construit autour de Nantes. Au 13 e siècle, les remparts gallo-romains sont étendus, renforcés et modernisés. Ils sont percés de quatre portes, dont celle de Saint-Pierre qui donne vers les faubourgs situés à l’est de la ville. Seuls quelques vestiges résistent à la destruction de l’enceinte médiévale qui débute dans la seconde moitié du 18 e siècle pour étendre les limites de la ville. C’est grâce aux fouilles archéologiques conduites en 1910 et 2012 que les routes antiques et médiévales menant à Angers et Paris sont révélées. Aujourd’hui, la porte Saint-Pierre est la seule porte de ville ayant résisté au temps. La porte Saint-Nicolas, à l’ouest, menait vers l’Atlantique ; la porte de la Poissonnerie, au sud, à Clisson et Poitiers ; la porte Sauvetout, au nord, vers la Bretagne.
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La Cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul
Plusieurs cathédrales sont édifiées à cet emplacement au 6 e , 10 e , puis 11 e siècle. De la cathédrale romane du 11 e siècle, seules les cryptes perdurent. Inscrit au Monuments Historique en 1862, l’édifice actuel est construit en plusieurs phases dans un style gothique flamboyant de 1434 à 1891. À la Révolution française, il subit de nombreux dommages. Il est notamment fragilisé par l’explosion de la poudrière du Château des ducs en 1800. La cathédrale est également victime des bombardements de la Seconde Guerre mondiale et connaît deux incendies : celui de 1972 détruit totalement la charpente, tandis que celui de juillet 2020 saccage une grande partie de l’intérieur de l’édifice, dont des œuvres, l’orgue et des vitraux.
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L’hôtel particulier de la Psallette
Caché derrière la cathédrale, l’hôtel particulier de la Psallette est un manoir du 15 e siècle. Le maître d’ouvrage de cette demeure est Jean Gougeul de Rouville, vice-chancelier du duc François II. Il occupe la charge d’archidiacre de la Mée dans les années 1460 ce qui justifie l’élévation de l’hôtel aussi près de la cathédrale. Son nom lui vient des années 1830. L’évêque d’Angers, alors propriétaire de l’édifice, y fonde une manécanterie (ou psallette) qui désigne une école de chant attachée à la cathédrale. Le mot « psallette » dérive du latin psallere qui signifie « chanter les psaumes ». Le bâtiment, de style gothique, est construit en tuffeau et granit. Situé du côté sud de la cathédrale, le manoir est accessible depuis le cours Saint-Pierre ou l’impasse Saint-Laurent, qui mène au jardin de la Psallette. Classé au Monuments historique en 1910, la façade sud fait l’objet d’une restauration qui s’achève en 2014.
Le Château des Ducs de Bretagne
Construit entre le 15 e et le 16 e siècle par le duc de Bretagne François II et sa fille Anne de Bretagne, le Château des ducs de Bretagne remplace le Château de la Tour-Neuve érigé au 13 e siècle. À la fois demeure de la famille ducale et forteresse défensive face aux ambitions du roi de France, le château est placé au sud-ouest de l’enceinte médiévale. La position stratégique de ce site permet d’empêcher l’accès à ville par la Loire.
Après le rattachement de la Bretagne à la France en 1532, le château change de fonction à plusieurs reprises : palais royal, puis caserne au 18 e siècle, arsenal militaire et même une prison. Classé Monument Historique en 1862, la Ville de Nantes le convertit en musée en 1924. Pendant la Seconde Guerre mondiale, un blockhaus est construit dans la cour durant l’occupation de la ville par les troupes allemandes. Suite une restauration complète, le château abrite le Musée d’histoire de Nantes depuis 2007.
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L’Hostellerie des Jacobins
L’Hostellerie est l’un des seuls vestiges du couvent des Jacobins, dont les derniers éléments ont disparu en 1904. Il se pourrait que ce bâtiment ait accueilli des voyageurs ainsi que de riches seigneurs et hôtes de marque, mais aucune source ne nous le confirme. Situé entre la rue Lambert et l’impasse Joseph Peignon, l’Hostellerie est composé de trois étages et un de comble auxquels un escalier à vis logé dans la tourelle donne accès. Les pierres dépassants du mur Est témoignent de l’amputation d’une partie du bâtiment lors du percement de la rue Paul-Dubois.
Le rez-de-chaussé sert de buvette, d’épicerie, puis de dépôt de la Ville avant d’accueillir la mairie de la Commune Libre du Bouffay en 1979. Le bâtiment étant trop vétuste, l’association déménage en 2002 rue du Vieil-Hôpital. Aujourd’hui, l’Hostellerie est restaurée en un immeuble d’habitation.
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La place des Jacobins
Fondé en 1215, l’ordre mendiant des Jacobins a pour mission de prêcher au plus près du peuple. C’est pourquoi ils s’implantent à Nantes, dans un couvent d’environ 16 500 mètres carrés qui s’agrandit du 13 e au 18 e siècle. Situé stratégiquement près du château, des murailles et du port, il est ainsi proche du pouvoir ducal, d’un ouvrage militaire et d’une place de commerce. Le couvent a activement participé à la vie du quartier en accueillant les voyageurs pendant des siècles. Cependant, les évolutions urbanistiques réduisent peu à peu son espace. En 1653, la Ville achète une partie du terrain pour créer la place des Jacobins. À la Révolution, les bâtiments dégradés sont réquisitionnés puis vendus. En 1868, le couvent est démoli pour permettre le percement des actuelles rues de Strasbourg et Paul-Dubois. Il est possible aujourd’hui d’observer des vestiges de ce couvent, avec les deux bases de piliers symbolisant l’entrée de la chapelle du couvent, contre une maison entre la rue Paul-Dubois et la place des Jacobins.
L’hôtel de Bruc
C’est l’un des rares d’hôtels particuliers du 15 e siècle conservés à Nantes. Construit à proximité du château, des grands axes de circulation et des commerces, l’hôtel de Bruc devait être une demeure de noble ou de notable. Le bâtiment subit de nombreuses modifications au fil du temps et connaît différentes fonctions : hôtel particulier, auberge, buvette puis magasins au rez-de- chaussé, ainsi que maison de rapport. L’hôtel de Bruc voit se succéder de nombreux propriétaires, notamment Louis François Debruc dans les années 1760, qui lui donne son nom. Ayant subi des dégâts liés aux bombardements de 1943, les façades ont été recouvertes d’un enduit de ciment, dû à l’état détérioré du tuffeau. Restauré au début des années 2000, il accueille aujourd’hui un restaurant.
La place du Pilori
Au Moyen Âge, cette place triangulaire est un point central dans la circulation entre l’Erdre et la Loire. Elle constitue un carrefour commercial important de la ville avant même la place du Change. Au 18 e siècle, les grands travaux d’urbanisation de la ville transforment la place : les maisons à pans de bois disparaissent au profit d’immeubles au style classique propres au siècle des Lumières. Deux hypothèses expliqueraient l’origine du nom du Pilori. La première dit qu’un puits appartenant à la famille Lory occupait la place. Ainsi, l’appellation « place du Puy Lory » se serait déformée avec le temps pour donner « Pilori ». La seconde hypothèse explique qu’un pilori, dispositif auquel on attachait un condamné pour l’exposer au public, aurait été dressé sur cette place avant d’être transféré à la place du Bouffay.
Le passage Bouchaud
Ce passage mi-couvert mi-ouvert relie la rue de la Marne à la rue de la Juiverie. Son nom vient de son propriétaire, Jean-Baptiste Bouchaud. Ouvert en 1830, le passage était initialement une ligne droite. Il a été reconstruit en deux parties après les dommages des bombardements de 1943. Depuis 2018, le passage est intégré au Voyage à Nantes avec la Jungle intérieure de l’artiste Evor. En empruntant l’escalier de bois, les visiteurs se perchent à quelques mètres du sol pour y découvrir un paysage de nature en plein cœur du quartier.
La rue de la Juiverie
La présence des Juifs est attestée au 13 e siècle à Nantes. À plusieurs reprises, cette communauté est expulsée de la ville avant d’y revenir au 15 e siècle. Appeler ainsi d’après la communauté juive qui y résidait au Moyen Âge, la rue pavée de la Juiverie est l’une des plus anciennes de la ville. D’un point de vue urbanistique, il est toujours possible de voir les traces de son passé médiéval. Certaines caves et rez-de-chaussée datent du 15 e siècle, tandis que les étages sont d’époques plus tardives. Le numéro 7 de la rue est la seule maison ayant un style architectural propre au Moyen Âge, avec ses pans de bois du 15 e siècle.
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L’église Sainte-Croix
Reconnaissable par son célèbre beffroi, l’église Sainte-Croix faisait partie du prieuré fondée par les moines bénédictins de Marmoutier vers 1138. À partir de 1669, l’église, jugée trop petite et délabrée, est reconstruite en plusieurs phases qui s’étirent jusqu’au milieu du 19e siècle. Pendant la Révolution, elle est fermée au culte et sert successivement de siège à un club révolutionnaire, puis de prison, avant de retrouver sa fonction cultuelle. En 1860, l’architecte Henri-Théodore Driollet lui donne son aspect actuel en augmentant sa façade d’une tour carrée, surmontée du beffroi de l’ancienne forteresse du Bouffay détruite en 1848. L’église est restaurée entre 1996 et 1999. Depuis 2011, l’ancien prieuré accueille l’Association culturelle du Passage Sainte-Croix, un espace culturel, artistique, de rencontre et d’exposition.
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Les galeries Lafayette, rue de la Marne
Avant les Galeries Lafayette, la rue de la Marne accueillait le grand magasin Decré. En 1867, le jeune Jules Decré est le premier à ouvrir un petit magasin dans le quartier du Vieux Nantes, alors que ses concurrents sont plutôt de l’autre côté de l’Erdre. Le modeste magasin devient une grande entreprise familiale et, au début du 20 e siècle, de prendre le nom de « Grands Magasins Decré ». Il est parmi les premiers à offrir de nombreux services au sein d’un seul bâtiment : une galerie sur quatre étages, salon de thé, cinéma, bureau de poste ou encore cafeteria. En 1979, l’entreprise est rachetée par les Nouvelles Galeries, à leur tour acquises en 1991 par les Galeries Lafayette. Aujourd’hui, on peut lire sur le flanc de l’immeuble d’en face les lettres de « DECRE » qui a donné son nom au quartier Decré-Cathédrale.
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La place du Change
Carrefour géographique et centre marchand dès le 13 e siècle, la place du Change tire son nom des « changeurs », indispensables auxiliaires de tous les commerces, auprès de qui l’on convertissait sa monnaie.
Au Moyen Âge, le bois est le principal matériau de construction, les maisons en pierres étant réservées aux habitants les plus aisés. Au 18 e siècle, la physionomie de la ville évolue pour des raisons à la fois économiques, esthétiques et sécuritaires : le bois est désormais principalement utilisé pour la construction navale, tandis que les pierres deviennent le matériau privilégié pour les maisons en ville. Aujourd’hui, il reste très peu de maisons à pans de bois à Nantes. La plus connue est celle de la place du Change, également appelée « Maison de l’apothicaire ». Cette demeure du 15 e siècle aujourd’hui classée abrite un café au rez-de-chaussé et la Maison de la Poésie.
La rue de la Paix
Au Moyen Âge et à l’époque moderne, cette voie est connue comme la rue de la Poissonnerie. Ce nom fait référence à la porte de la Poissonnerie, élément constitutif des remparts médiévaux dotée d’un pont-levis et de deux tours, qui se situe à l’extrémité sud de la rue. Cette porte exerce un rôle défensif et stratégique en contrôlant l’accès à la ville par le sud. Construit face à la porte, le vieux pont en bois de la Poissonnerie permet d’accéder à l’île de la Saulzaie ; il constitue le premier lien entre la ville et la rive sud de la Loire. Les deux tours de la Poissonnerie sont démolies en 1755 pour la construction du pont en pierre et du quai.
L’appellation « poissonnerie » doit son nom au marché aux poissons qui se situait sur l’île de la Saulzaie. La voie prend le nom de « rue de la Paix » en 1918, commémorant le traité de Versailles qui met fin à la Première Guerre mondiale.
La rue du Vieil-Hôpital
Son nom vient de l’hôpital Notre-Dame-de-Pitié, autrefois situé près du château ducal et du couvent des Jacobins, avant d’être transféré à cet emplacement en 1499. Construit sur un terrain sablonneux au bord de l’eau et à proximité d’un cimetière, l’hôpital se révèle trop petit et inadapté. Il est donc transféré sur la prairie de la Madeleine en 1664.
Le n°7 de cette petite rue accueille aujourd’hui la mairie de la Commune Libre du Bouffay. Cette association fondée en 1974 organise des manifestations culturelles et sociales dans le quartier. Ses bénévoles ont pour objectif de valoriser l’histoire du quartier, et de sauvegarder ses traditions et coutumes. L’association bouffaysienne a reçu en cadeau des pieds de vigne en 1976 lors de son jumelage avec la Commune Libre de Montmartre. Depuis, elle organise tous les ans les vendanges de ses petites vignes implantées dans la rue.
La place du Bouffay
Place centrale du quartier, elle accueille au 10 e siècle le château du Bouffay de Conan le Tort, comte de Rennes. Appuyé sur l’angle sud-ouest de l’enceinte gallo-romaine, cet édifice est une forteresse défensive et résidentielle pour les comtes de Nantes et les ducs de Bretagne. Au 15 e siècle, la forteresse du Bouffay devient un lieu d’exercice du pouvoir judiciaire. Sur la place voisine se dressent pilori et gibet ; c’est ici que sont exécutés les condamnés à mort. Tribunaux et prisons fonctionnent au Bouffay jusqu’au 19 e siècle, avant la destruction totale du château en 1848. La tour du Bouffay cède alors son beffroi à l’église Sainte-Croix, encore visible aujourd’hui. Depuis le Moyen Âge, la place du Bouffay était également un des principaux lieux de commerce de Nantes. Les halles du marché qui s’y dressaient depuis 1879 sont définitivement retirées en 2010.
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