Nantes de vignes en vignes

Ce parcours est composé de 8 étapes (environ 7 km). Départ au 8 rue du Vieil Hôpital.

Tout le monde connaît le vignoble nantais et croit savoir qu’il s’agit là d’un abus de langage, car les premières rangées de ceps sont tout de même éloignées de quelques kilomètres de la ville. Cependant, il y a bien des vignes au cœur même de la cité des Ducs.

Entre folklore et tradition, entre histoire et mémoire, le Passage Sainte-Croix, la Commune Libre du Bouffay et la Ville de Nantes vous invitent à redécouvrir les secrets bien gardés du vignoble de Nantes.

Au détour de ruelles moyenâgeuses, de petits jardins ombragés ou de jardin de curés, cette balade vous invite à parcourir le centre-ville de Nantes tel que vous ne l’avez jamais vu, d’une grappe de raisin à une autre !

Cette visite a été imaginée par le Passage Sainte-Croix lors des Journées du patrimoine et du matrimoine 2022, dans le cadre d'un temps fort consacré au vin. Elle s'appuie sur les photographies de Jacky Leroux, alors exposées au sein du Passage Sainte-Croix pour l'occasion. Pour découvrir la programmation en cours du lieu, rendez-vous sur  https://www.passagesaintecroix.fr  


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Vigne du Bouffay

Dans le quartier Bouffay, on trouve une quinzaine de pieds de vigne. Leur implantation tient d’une singulière histoire nantaise. Il faut connaître les origines de la Commune Libre du Bouffay pour en comprendre la spécificité et l’authenticité.

Créée en 1974 sur le modèle de celle de Montmartre à Paris, l’association a pour but de faire revivre dans le quartier l’esprit qui y régnait dans les années 1930. Sa devise « Humour, Bonté, Gaieté » traduit l’esprit des manifestations et actions philanthropiques qui animent le quartier du Bouffay.

En 1976, dans une ambiance bon enfant, mais avec une réelle volonté d’animer le quartier, ses membres décident de planter des vignes, en présence du Maire de La Commune Libre du Vieux Montmartre. En signe d’amitié, il lui avait offert quelques pieds de vigne. Tous les ans depuis, en septembre, on ramasse le vin et on le presse. Seules deux bouteilles de vin du Bouffay sortent chaque année… et les vendanges à peine terminées, elles sont déjà dégustées !

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Jardin du Passage Sainte-Croix

Le 21 mars 2015, Johanna Rolland, maire de Nantes, Michel Tizio, maire du Bouffay et François Renaud, vicaire général du diocèse de Nantes, ont inauguré une plantation de vignes dans le jardin du Passage Sainte-Croix. À l’initiative de l’association qui anime ce lieu culturel, cette plantation se veut symbolique.

Elle est modeste par son nombre de pieds, une dizaine, mais elle témoigne de l’histoire de ce lieu qui au 11e siècle était un prieuré rattaché à l’abbaye de Marmoutier de Tours. L’actuel jardin était un cloître. Il a été choisi, lors de sa rénovation pour l’ouverture du Passage Sainte-Croix, de préserver les traces de cette histoire : promenade sous des arches qui rappelle celle des moines dans le cloître et réintroduction de carrés potagers des monastères du Moyen Âge.

Ces pieds rappellent le lien entre les moines et le développement de la vigne à Nantes. En Pays nantais, c'est au 6e siècle que saint Martin de Vertou introduit et structure le vignoble au sud de la Loire.

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Vignes à proximité du château des Ducs de Bretagne

À l’arrière du château, une vigne se cache sur une butte ensoleillée.

Installée en 2014 à l’initiative de la Direction Nature et Jardins de la Ville de Nantes, ancien Service des Espaces Verts et de l'Environnement (SEVE), elle a pour objectif de rappeler les liens entre la ville de Nantes et les viticulteurs du département.

Le choix a été fait de planter de la vigne sur ce talus difficile à entretenir et où plusieurs essais de plantations s’étaient avérés infructueux, car il faisait penser aux coteaux de Sèvre et Maine et était situé en plein soleil.

L’équipe des jardiniers de la ville l’avait installé dans le cadre d’un événementiel, « Parfums et nectars », en lien avec le château des Ducs de Bretagne.

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Vignes du Jardin des Plantes

Avant d’être un jardin botanique, ce jardin était un jardin d’apothicaire, où l’on cultivait des plantes aux vertus médicinales. En France, les premiers jardins des plantes datent du 17e siècle. Celui de Nantes a été confié à l’école d’apothicaires en 1687. En effet, ces lieux ouverts à tous sont souvent associés à des facultés de médecine et ont pour but de faire croître et de partager les connaissances médicinales. Après la révolution industrielle, l’industrie pharmaceutique a repris ce rôle, en se passant souvent de l’utilisation des plantes.

Aujourd’hui, cet ensemble sert d'espace expérimental pour cultiver la vigne comme dans le vignoble afin d'y réintroduire et de multiplier la culture des plantes sauvages qui lui sont inhérentes. La tulipe sylvestre, qui avait quasiment disparu du vignoble nantais à cause des produits phytosanitaires, a ainsi été sauvée dans les années 1980 par un jardinier du Jardin des Plantes. Ce travail participe au maintien de la biodiversité végétale et animale.

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Verger des cités

Un verger a été récemment installé près de la Cité des Congrès avec quelques pieds de vigne près de l’hôtel Novotel. Le verger des cités a été inauguré le 10 septembre 2021 à l’occasion des 4e Journées nationales de France urbaine qui réunit grandes villes, agglomérations et métropoles. Deux jours d’échanges sur ce qui, en tant que territoires urbains, les préoccupent, les mobilisent ou les inspirent.

En l’honneur de quelques villes pionnières en première ligne contre le réchauffement climatique, un verger a été planté avec des essences telles que le figuier « Tolosa », l’abricotier « Pêche de Nancy », le groseiller « Versaillaise », le pommier « Reine d’Armorique » ou encore pour Nantes, des pieds de vignes pour rappeler l’importance du vignoble dans l’identité nantaise.

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Square du Lait de Mai

« Quelques essences fruitières ont été installées dans ce square à sa création en 2002 en mémoire du Lait de Mai que l’on fêtait dans ce quartier par le passé, à l’époque où il restait des prairies pâturées en bord de Loire », raconte Mickael Grante de la Direction Nature et Jardins de la Ville de Nantes.

La Fête du Lait de Mai est une fête nantaise organisée dans le quartier de la Madeleine. Elle est créée en 1932 par Aimé Delrue, droguiste du quartier, qui présida le comité des fêtes de la ville et sera à l’origine du renouveau du carnaval nantais après la Seconde Guerre mondiale.

La fête est issue d’une tradition qui consistait à ce que les jeunes gens partent dans les fermes environnantes le 1er mai pour boire du lait fraîchement tiré, symbole de renaissance et de renouveau. Les bénéfices collectés pendant les festivités étaient redistribués aux plus démunis du quartier et servaient notamment à acheter des vêtements chauds pour les enfants.

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Coteaux de la Fosse

Quelques pieds de vigne se cachent dans les escaliers qui partent de la rue Montaudouine et qui reliaient historiquement les quais de la Fosse aux coteaux. Deux fresques monumentales y rappellent l'histoire de ce quartier emblématique de Nantes.

Autrefois étendue végétale surplombant la Loire, les coteaux de la Fosse étaient un petit éden abritant faune et flore locales. Les vignes omniprésentes ont donné leur nom à la rue des vignes toute proche et les hérons cendrés venus se nourrir dans les étangs ont laissé en souvenir la rue de l'Héronnière. L'activité maritime et marchande se développe petit à petit ; des méandres d'escaliers et de ruelles apparaissent, partant des quais de la Fosse en direction des coteaux et de la fameuse place Graslin. Ils desservent les maisons d'ouvriers, de marins ou d'armateurs, et en contrebas des commerces comme la faïencerie de Quimper, les immeubles penchés des quais où se trouvaient les maisons de dentelles, bars et lieux de vie animés.

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Verger du Parc des Oblates

Il doit son nom à une congrégation religieuse de sœurs franciscaines qui occupe toujours la partie haute du parc. Son aménagement a été réalisé en concertation avec les habitants dans une démarche d’éco-conception.

Un verger a été planté pour réintroduire des végétaux locaux, zones humides, boisements, haies bocagères, afin de préserver durablement les diversités végétales et animales à Nantes. On y trouve ainsi des pieds de vigne comme le melon blanc, le pinot noir, le berligou… des cépages du bassin nantais.

Un peu plus loin, sur les hauteurs du parc, dans les parcelles de jardins partagés, se trouve également des pieds d’Oberlin noir. C’est le croisement entre du Millardet et du Gamay, obtenu par Philippe Christian Oberlin (1831-1916). Cette variété, pratiquement plus cultivée, est réintroduite ici dans une démarche de maintien de la biodiversité. Les grappes petites à moyennes ont une peau de couleur violet à noir foncé et donnent un vin très coloré.

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Jardin du presbytère Saint-Nicolas (inaccessible au public)

L'implantation d'abbayes et le développement de nouveaux ordres religieux s'accompagnent de la plantation de vignes. Au 14e siècle, les abbayes disposent d'une main d'œuvre abondante pour les travaux viticoles (moines, frères convers, population rurale en expansion) et de celliers pour entreposer les récoltes ; elles commercialisent leurs vins sur un territoire étendu. Les moines mettent au point de nouvelles méthodes de conduite de la vigne et d'élaboration du vin. Les vins issus d'abbayes représentent alors la première production du pays et comptent déjà certains noms prestigieux encore appréciés de nos jours : Chablis, Monbazillac, Gigondas, Clos de Vougeot, Pommard, Châteauneuf-du-Pape, Romanée…

Le 18 février 2012, en souvenir de cette tradition ancestrale, la Commune Libre du Bouffay s'est rendue à la Cathédrale et dans les paroisses Sainte-Croix et Saint-Nicolas de Nantes et a planté une treille pour symboliser ce lien fort entre la vigne et l'Église.