Kuakushuakanashkuat ka tshimashuht
Carnet de voyage - 6 au 10 août 2020
Introduction
Jour 1
6 août - Le voyage en train jusqu’au mille 117
Levés en pleine nuit, on se retrouve à la gare de Uashat. File d’attente, désinfection des mains, prise de température… La COVID-19 retarde le départ mais, enfin, le train se met en marche. Le paysage défile à la fenêtre. Là où les anciens ont posé leurs pieds, on pose le regard.
Après plusieurs heures de route voilà enfin le mille 117. Une fois le train arrêté, il faut faire vite. Les canots sortent des wagons, le matériel suit à la chaîne, le train s’éloigne. Les gars ont déjà soulevé les canots et disparu dans le sentier vers le camp de base. Nous sommes en territoire.
Jour 2
7 août - Le départ en canot
C’est aujourd’hui le départ en canots vers les portages et lacs qui nous mèneront au lac Matinipi. Les sacs sont bien répartis, les canots filent sur la surface du lac Wacouno, lisse comme un miroir liquide. Le premier portage nous mène vers les lacs à François Jérome. Arrêt au Rocher d'appui de Peukushish Jérôme pour voir au loin les montagnes du lac Matinipi et essayer de repérer la route devant nous. En voyant le paysage, on imagine déjà la destination.
Cascade à proximité du premier campement
Jour 3
8 août - Premier réveil sous la tente
Le campement a été monté la veille. Il faut observer, apprendre, s’organiser. Premier réveil sous la tente. Tout le monde s’affaire. Le soleil dévoile l’équilibre délicat des toiles d’araignées entre les arbres. Il faudra beaucoup ramer, beaucoup marcher aujourd’hui mais, sur le 3e Lac à François, notre destination semble déjà un peu plus proche. La pêche est bonne pour le repas du midi. En fin de journée un gros orage éclate. Mais le camp est déjà monté. Dans le confort de la tente la pluie résonne. Le son des gouttes s’espace… arc-en-ciel! Un autre cadeau du territoire.
Photo du soir près du campement au Lac Uashikamu
Jour 4
9 août - Le long portage du marais
D’un jour à l’autre, on s’adapte au territoire. Le plus long portage est celui d’aujourd’hui. En longeant le grand marais, il faut surveiller où on pose les pieds. C’est dans un marais comme celui-ci qu’Anikunapeu (l’homme esprit à forme de crapaud) aurait entrainé une jeune femme afin de l’épouser dans la région du lac Minikapeu.
Autour de nous, la forêt est brulée mais elle se régénère après les feux de 2013. Les épilobes et les bleuets s’épanouissent dans le brûlis. À même le roc, une petite épinette s’installe. Tranquillement, le renouveau fait ses racines.
Lumière sous la tente
Tente à l’aurore
Jour 5
10 août - Visite du site sacré
C’est aujourd’hui que nous atteindrons Kuakushuakanashkuat ka tshimashuht. Sur l’eau, l’offrande de tabac aux ancêtres semble indiquer la voie à suivre. Le canot file sur Mishta-Ashini. À l’entrée du portage, d’autres ont laissé un repère. Nous effleurons leurs traces discrètes avant de nous engager dans leur chemin.