

Tout ce que vous vouliez savoir sur l’archéologie
Vous avez été nombreux à nous poser vos questions, et nous vous en remercions. L'équipe du service archéologique de l'Aisne vous répond :
Pourquoi avez-vous choisi d’être archéologue ? (Emma 11 ans, Idris 8 ans)
Pour certaines et certains, il s’agit d’une vocation précoce, pour d’autres les études ou des visites culturelles ont orienté leur carrière.
Thibaud : "Pouvoir opérer un rapprochement avec les modes de fonctionnement passé et présent, les évolutions de notre monde... C'est passionnant de pouvoir comprendre nos racines."
Isabelle : "Ce travail de détective, minutieux et obstiné, qui remonte le fil de l’Histoire, me plaît. Petite, j’adorais chercher, fouiller la terre. Quand on est enfant, c’est le mythe du trésor et, assez rapidement on se rend compte que l’objet n’est pas si précieux que ça. Ce qui est important, c’est de collecter différents objets les mettre ensemble pour comprendre les sites et restituer l’histoire des populations anciennes qui est beaucoup plus passionnante que l’histoire d’un seul objet."

Quel est votre plus belle découverte ? (Sophie 22 ans, Murielle 52 ans)
Chaque chantier nous livre son lot de surprise : de beaux vestiges ou des objets insolites. Vous pouvez en retrouver une sélection en ligne :
Gilles : "En 2014 le département a fouillé, à Coyolles, un camp de prisonniers allemands tenu par les Américains – et dépendant probablement du camp central d’Attichy (Oise). Lors de la fouille des bâtiments, un porte-photo en forme de cœur a été retrouvé. Ce cœur métallique a été réalisé à partir d’objets récupérés par les prisonniers. Ce petit objet (et d’autres retrouvés sur le chantier) incarne le statut du prisonnier de guerre qui, plusieurs années après avoir quitté le pays et le foyer familial, est confronté à l’incarcération, à la solitude et à la mélancolie. Autant d’émotions que les archéologues peuvent imaginer lorsqu’ils trouvent ce type d’objets."

Nadège : "Pour moi, chaque nouvelle sépulture est une belle découverte. Leur étude nous en apprend beaucoup sur la vie d’un individu et parfois sur l’évolution de toute une société, c’est une précieuse source d’information."

Que faut-il faire pour être archéologue ? (Louise 14 ans)
Pour être archéologue, il y a plusieurs voies. Il faut savoir bien écrire, bien dessiner, savoir piocher, être délicat dans son travail et faire des études à l’Université (généralement les archéologues ont obtenu un bac et ont poursuivi des études universitaires au moins 3 années). La professionnalisation de la discipline est récente, c’est surtout avec la loi de 2001 que l’archéologie préventive s’est structurée et les disciplines annexes ou connexes en conséquence. À chacune et chacun sa période chronologique, à chacune et chacun sa spécialité. De fait, la discipline archéologique recouvre une grande diversité de métiers et donc de parcours.
Si vous souhaitez faire un stage au service archéologique, c’est possible ! Prenez contact avec Cécile via le formulaire sur notre site internet, nous accueillons les stagiaires dès le collège.
Est-ce que l’archéologie est un métier difficile ? (Mariette 9 ans)
Élise : "Ce qui est difficile, ce sont les conditions climatiques dans le froid, la boue."
Kévin : "Physiquement, c'est un métier qui peut être très difficile et puis, nous travaillons souvent dans des conditions extrêmes."
À quoi ça sert, de faire ce métier ? En quoi consiste le métier d'Archéologue ? (Mathilde 15 ans, Yannis 9 ans)
Sur le terrain, les archéologues creusent le sol afin de découvrir des témoignages du passé. Nous avons à notre disposition des outils variés (du pinceau à la pelleteuse). Puis, en les étudiant dans des laboratoires, nous parvenons à savoir comment les populations vivaient avant. Si la finalité de l’archéologie a longtemps été la découverte de « beaux » objets ou édifices, aujourd’hui elle vise à reconstituer l’histoire des sociétés passées et de leur interaction avec leur environnement.
Quelles sont les qualités nécessaires pour être un bon archéologue ? (Jean 17 ans)
Les archéologues sont avant tout des scientifiques. Ils se doivent d'être structurés et d’avoir un sens de l'analyse très poussé. Ils doivent être observateurs, patients, minutieux et surtout rigoureux.
Comment déterminez-vous un lieu de fouille ? Parmi ceux déterminés, quelles sont vos critères de priorisation ? (Dominique 65 ans), Comment vous savez où chercher ? (Antoine 10 ans)
Chaque année en France, des centaines de kilomètres carrés sont concernés par des travaux d’aménagement (carrières, terrassements, routes et voies ferrées, bâtiments privés et publics) qui peuvent entrainer la destruction du patrimoine archéologique. Les archéologues interviennent donc, sur décision de l’État, avant certains chantiers de construction pour conduire des recherches qui permettront de sauvegarder les témoignages de notre passé.
On ne sait donc pas forcément où chercher mais la loi en France, depuis 2001, veut qu’avant un projet de construction, on passe avant pour vérifier ce qu’il y a dans la terre. C'est le diagnostic archéologique. On fait des tranchées : on test et on va voir si le sous-sol est riche en vestiges ou pas. S’il y a des vestiges, il pourrait éventuellement y avoir une fouille.
Si vous souhaitez en savoir plus sur les méthodes de l’archéologie :
Qui décide des opérations d’archéologie préventive ? (Françoise 57 ans)
Ce sont les services de l’État (Directions régionales des affaires culturelles) qui, sous l’autorité du préfet de région, instruisent les dossiers de construction et d’aménagement susceptibles de porter atteinte au patrimoine archéologique. Ils peuvent prescrire les mesures visant à la détection, à la conservation ou à la sauvegarde du patrimoine archéologique (diagnostics et fouilles archéologiques).
Pour en savoir plus :
Combien de temps dure un chantier de fouilles ? (Antoine 10 ans)
Cela va dépendre de la surface du chantier et de l’importance de la stratification. La stratification correspond à la superposition des vestiges de différentes périodes sous terre. Un chantier peut durer un à deux jours pour les plus petits diagnostics comme plusieurs mois pour les fouilles ou les diagnostics sur de grandes superficies.
Si on trouve des vestiges, que doit-on faire ? (Maxime 37 ans)
Si vous trouvez des vestiges, on ne touche à rien et on le signale à la mairie ou la gendarmerie. Eux doivent ensuite nous contacter (articles L.531-14 et suivants du code du patrimoine).
Vous travaillez en groupe ou vous êtes seul ? (Jules 7 ans)
Nous travaillons en équipe. L'archéologie a un champ d'études très vaste. La première étape, la fouille sur le terrain, se fait en équipe. Puis, les recherches se poursuivent en laboratoire : analyse des données, des vestiges, des sites entre eux... qui nécessitent souvent des spécialistes (anthropologue, archéozoologue, céramologue, géologue, géographe, technique de datation en laboratoire…). Autant de métiers possibles ! On ne travaille donc jamais tout seul, parce qu’en archéologie on a besoin de beaucoup de spécialistes.
Puis-je utiliser librement un détecteur de métaux ? (François 42 ans)
Non, l’utilisation des détecteurs de métaux est interdite : elle menace l’étude et la préservation du patrimoine archéologique. Cette pratique revient à déconstruire le sens des vestiges enfouis et à détruire la compréhension d’un site. Dès lors, même les professionnels de l’archéologie doivent obtenir une autorisation préalable à toute utilisation d’un détecteur de métaux (Code du patrimoine, article L 542-1)
Pour avoir plus :
Avez-vous découvert des fossiles de mammouth ? (Seyfullah 5 ans), Est-ce que c'est compliqué de trouver des fossiles de dinosaures ? (Haroun 6 ans)
L'archéologie, c'est la science qui étudie les civilisations anciennes, comme les Gaulois par exemple, à partir des vestiges que l'on retrouve. À la différence de la paléontologie qui, elle, étudie les restes (fossiles, os) des êtres vivants aux temps géologiques. Nous ne travaillons donc pas sur les fossiles de dinosaures et nous n'en trouvons pas.
En général, on trouve des restes de sangliers, de vaches, de chevaux ou de chiens. C’est l’archéozoologue qui se charge de les étudier. Il faudrait creuser très profond pour retrouver des ossements de mammouths, parfois dans les gravières en activité dans la vallée de l’Aisne, les ouvriers en découvrent.
Des fouilles ont-elles été réalisées dans les secteurs de Grisolles, Rocourt-saint-Martin, Coincy et Breny ? (Dominique 65 ans)
Oui, à Grisolles, une fouille a été réalisée en 2009 par le Département. L'opération archéologique a permis de mettre à jour les vestiges d’une tuilerie médiévale. Pour plus d’information, vous pouvez lire la plaquette n°43 de la collection Archéologie en Picardie.
Qu’avez-vous découvert sur le site de l’ancienne abbaye Saint-Vincent à Laon ? (Véronique 66 ans, Sophie 37 ans, Salimat 7 ans, Trissia 7 ans, Loic 42 ans, Jean 48 ans, Sébastien 38 ans)
Étienne : "Le diagnostic archéologique mené par les équipes du Département sur le site de l’abbaye Saint-Vincent a révélé de nombreuses sépultures de différentes époques, les plus anciennes remontant à l’époque carolingienne, ainsi que les vestiges d’un bâtiment datant du XVe siècle et présentant un sol pavé richement décoré. Nous sommes actuellement en train de mener les études en laboratoire, il nous faut encore un peu de temps avant de pouvoir livrer tous les secrets de ce site."
Retrouvez deux articles consacrés à cette opération archéologique :
Le service archéologique et la ville de Laon vous invite à découvrir le site (visite guidée par les archéologues) et participer à des ateliers en lien avec l’archéologie les 18 et 19 septembre à l’occasion des Journées du patrimoine (renseignements et réservations auprès de l’office du tourisme du pays de Laon).
Vous pourrez également découvrir le travail des lycéens de la section audiovisuel du lycée Claudel de Laon qui ont pu réaliser des reportages durant le diagnostic.