Parcours découverte du cimetière de Miséricorde
Le parcours est composé de 20 étapes (environ 1,6 km). Départ à l'entrée du cimetière rue du Bourget.
Le cimetière, construit sur les traces de la chapelle Miséricorde aujourd’hui disparue, ouvre en 1793 pour répondre aux besoins des paroisses Saint-Similien, Saint-Nicolas et Notre-Dame. Ravagée pendant la Révolution par la bataille de Nantes, l’ancienne tenue maraîchère est néanmoins abandonnée quelques semaines plus tard. En 1803, le lieu est enfin clos pour s’agrandir à six reprises tout au long du 19e siècle. À l’époque, Miséricorde accueille les cimetières protestant et israélite de la ville. Le site devient rapidement le lieu d’inhumation des grandes familles nantaises qui ont laissé leur empreinte dans l’histoire locale.
Au cœur du quartier des Hauts-Pavés, le cimetière ne compte aujourd’hui pas moins de 16000 sépultures réparties sur 9 hectares. Surnommé le Père-Lachaise nantais, le site réunit un riche patrimoine réparti entre tombes d’inspiration romantique, chapelles funéraires de la seconde moitié du 19e siècle et sépultures contemporaines. Un panorama à découvrir au fil des allées d’un paysage urbain en pleine évolution.
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La Vierge déplorant le Christ mort
Entrée rue du Bourget (à gauche)
À gauche de l’entrée rue du Bourget, une sculpture de marbre annonce la richesse artistique du cimetière. De Jacques Perrin (1847-1915), second Prix de Rome de sculpture en 1875, La Vierge déplorant le Christ mort fait partie des nombreuses œuvres de l’espace public appartenant à l’État. La statue, finement sculptée et réaliste par l’expression de ses personnages, a été déposée à Miséricorde en raison de son thème. Comme d’autres œuvres du cimetière, la sculpture a profité d’une restauration en 2009.
La tombe allemande de 1870
N1 PLBN1 1 (dans le coin du mur)
Une tombe allemande est repérable dans le coin du carré N. Il s’agit de la sépulture de cinq soldats allemands faits prisonniers de guerre et décédés sur Nantes durant la guerre franco-allemande de 1870. En accord avec le Traité de paix et la loi du 4 avril 1873, l’État a fourni une concession perpétuelle à ces militaires tombés sur le sol français. Cette concession est alors devenue une « tombe nationale », trace mémorielle de l’histoire du pays et d’un conflit européen majeur.
La tombe Émile Mellinet
N PLBE 1
Figure militaire inhumée dans le cimetière et connue pour sa place, le général Émile Mellinet (1798-1894) est issu d’une grande famille nantaise. Sénateur en 1865 et franc-maçon affirmé, il a laissé derrière lui de nombreux titres et décorations. Sa tombe, monumentale, dévoile un portait en médaillon en bronze signé de l’artiste local Charles Lebourg (1829-1906), comme de nombreuses autres dans le cimetière. Son frère, l’imprimeur Camille Mellinet (1795-1843), repose au cimetière de la Bouteillerie dans un monument tout aussi remarquable (B 2 12).
En savoir plus sur le Cimetière de la Bouteillerie
Un carré à l’ancienne
Carré GG bis
Le cimetière datant de la fin du 18e siècle, certains de ses carrés historiques témoignent du mode d’inhumation de l’époque. Le carré GGbis, qui en fait partie, illustre bien un aménagement aléatoire des fosses et des sépultures soumis au manque de place et aux contraintes du terrain, donnant à l’ensemble une atmosphère romantique et pittoresque. Ce ne sera qu’en 1889 que les cimetières seront contraints d’obéir à une disposition normée des sépultures, entraînant un aménagement plus orthogonal des sites funéraires. Encore aujourd’hui, cette partie du cimetière, pour son ambiance particulière, a servi de décor à diverses scènes de films.
La Colonne de Juillet 1830
HH 12 8
La Colonne de Juillet 1830 est l’un des monuments funéraires emblématiques de Miséricorde. Gardienne des dix Nantais tombés lors des insurrections de la Révolution de juillet 1830, elle est érigée en 1833 par le sculpteur local Étienne Suc (1802-1855) selon les plans de l’architecte Guillemet. De granit et de pierre calcaire, ce mausolée de 8 mètres de haut est remarquable pour ses décorations et épitaphes gravées sur le marbre qui témoignent des valeurs de la République et rappellent le souvenir des victimes inhumées en-dessous du monument. En ce sens, le monument a profité d’une restauration de la Ville.
En savoir plus sur la Colonne de Juillet 1830
La tombe Louis Pommeraye
UU 10 20bis
Louis Ange Hyacinthe Pommeraye (1806-1850), dont le nom a laissé dans la ville l’incontournable passage, n’est pourtant pas inhumé dans une tombe égale à sa renommée. Notaire de formation, il est le principal investisseur financier du passage Pommeraye ouvert en 1843 qui le conduira à la ruine et à un enterrement sommaire. Le personnage local est souvent confondu avec les véritables architectes du passage, Hippolyte-Louis Durand-Gasselin (1806-1888) et Jean-Baptiste Buron (1795-1881), eux aussi inhumés dans le cimetière.
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La tombe des Bertrand-Geslin
UU 10 1
Le tombeau de la famille Bertrand-Geslin, acquis en 1822, est à ce jour la première concession enregistrée sur les registres d’inhumation manuscrits du cimetière. L’achat est réalisé par le baron géologue Charles Bertrand-Geslin (1796-1863), fils du maire Jean-Baptiste Charles Bertrand-Geslin (1770-1843) issu d’une grande famille de négociants nantais. L’accès aux concessions à perpétuité est alors possible pour les familles dès 1804. Ce n’est qu’en 1980 que ces concessions, sans durée limitée, laissent place définitivement aux concessions temporaires renouvelables à durées de quinze ou trente ans.
La tombe Pierre Cambronne
UU 6 3
Le vicomte Pierre Jacques Étienne Cambronne (1770-1842) est l’un des plus célèbres généraux du Premier Empire, connu pour sa formule rétorquée à l’armée anglaise à Waterloo « La Garde impériale meurt mais ne se rend pas ! ». Sa tombe, composée de deux monuments, mêle architectures néo-classique et néo-gothique dans un ensemble singulier. Autre trace de son passage, le général a laissé son nom au célèbre cours du centre-ville où sa statue domine. Sa femme, Mary Osburn (1773-1854), de confession protestante, est inhumée dans l’ancien carré protestant du cimetière (GGbis2 9 1).
La tombe Lefèvre-Utile
U 1 10 (derrière l’allée des chapelles)
L’entreprise LU a fortement marqué de son empreinte l’histoire industrielle de la ville. Le couple qui en est à l’origine, Jean-Romain Lefèvre (1819-1883) et Pauline Utile (1830-1922), dont l’association des noms a donné la marque mondialement connue, est pourtant inhumé dans cette simple tombe en forme de sarcophage. Leurs descendants, qui ont permis à la biscuiterie de luxe de devenir l’industrie d’aujourd’hui, sont inhumés dans les chapelles familiales en bordure de l’allée principale aux côtés des autres industriels locaux présents dans le cimetière tels que les Say (L ALL 5) ou Alexis Biette (O ALL 2).
En savoir plus sur l’ Entreprise LU et sur Pauline-Isabelle Lefèvre-Utile
La tombe René Waldeck-Rousseau
U 1 12 (derrière l’allée des chapelles)
René Waldeck-Rousseau (1809-1882) fait partie des dix-huit maires de Nantes inhumés à Miséricorde. En fonction pendant deux ans, son nom est associé à celui de son fils, Pierre Waldeck-Rousseau (1846-1904), avocat puis ministre de l’Intérieur sous les gouvernements Gambetta et Ferry. Sa tombe, sobre et en forme de sarcophage, est typique des sépultures de la seconde moitié du 19e siècle d’inspiration antique. Une place connue des Nantais, située dans le quartier Saint-Donatien, rend aujourd’hui hommage au père et au fils.
En savoir plus sur René et Pierre Waldeck-Rousseau
La tombe pagode
L ALL 1
Plusieurs tombes du cimetière détonent pour leur architecture particulière. Ce monument, en forme de pagode, se démarque des autres chapelles funéraires de l’allée principale pour la plupart de style néo-gothique. Déjà à l’époque, les tombeaux sont liés aux goûts spécifiques des concessionnaires, retraçant parfois leur histoire par leur conception. Celui de cette sépulture porte la marque de l’homme de lettres Pierre-Hildevert Lagarde, ami de Jules Verne. Ancien armateur, il s’est peut-être inspiré de ses connaissances des cultures étrangères pour concevoir sa sépulture.
La tombe Alexandre Fourny
C PLBN2 24
Alexandre Fourny (1898-1941) est l’un des cinquante otages nantais exécutés en 1941 par la Wehrmacht. Fusillé au Bêle, cet ancien combattant de la Première Guerre mondiale est un avocat investi dans la Résistance et dans la vie politique locale. Sa sépulture, réalisée par Jean Mazuet également à l’origine du Monument aux Cinquante otages de la ville, est remarquable pour sa statue. Allégorie de la Victoire, la sculpture porte la devise latine de l’Ordre de la Libération « En servant la Patrie, il a remporté la Victoire ». Cinq autres otages sont également inhumés dans le cimetière (Paul Birien, Frédéric Creusé, Jean-Pierre Glou, Marcel Hevin et Léon Jost).
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La tombe du frère Camille
B 8 20
Présentant la conception uniformisée des sépultures de la moitié du 20e siècle, la tombe d’Henri Gosse (1837-1915) est pourtant l’une des plus visitées du cimetière. Connu aussi sous le nom de frère Camille de Jésus, ce religieux de l’école Saint-Pierre située à l’époque à l’hôtel Rosmadec, aujourd’hui l’un des bâtiments de la mairie, est connu dans la région pour ses pouvoirs de guérison. C’est dans cette idée que sa tombe est aujourd’hui un objet de dévotion, dont les fleurs et décorations témoignent du culte porté à cette figure locale.
La tombe de Topette et Carafon
H 9 20
Sous ce blason à chevron et à étoiles et derrière ces surnoms tirés de fioles d’absinthe se cachent deux sœurs, Marie Eugénie (1858-1917) et Émilienne Fernande (1863-1932) Du Pasquier. Issues d’une famille bourgeoise, Topette et Carafon choisissent pourtant la vie de musiciennes de rue. Les Nantais leur donnent alors ces surnoms en référence à deux anciennes musiciennes locales, les sœurs Amadou. Faisant partie de la légende urbaine, elles auraient disparu du paysage local dans d’étranges circonstances avant de reposer dans l’anonymat dans leur sépulture familiale.
La tombe drapée
LL 12 15 (à côté du genêt)
L’art statuaire est très présent dans l’ornement funéraire du 19e siècle. Cette sépulture de la seconde moitié du siècle, dont l’originalité réside dans la sculpture de son sarcophage, en est un exemple. Au sommet du monument entouré d’un parterre clôturé déjà finement travaillé, un drap sculpté qui semble avoir été jeté sur la tombe frappe par son réalisme. Le motif du voile funéraire, dont l’on recouvrait les défunts ou leurs cercueils, a sûrement inspiré cette sculpture.
La tombe des Mangin
AX PLBE 11
Louis Victor (1755-1825) et Charles Victor (1787-1853) Mangin incarnent deux grandes figures de la presse locale. Père et fils, partis de la gestion d’une petite poste, sont à l’origine du journal Le Phare de la Loire édité dès 1852, qui a aujourd’hui laissé place au quotidien Presse-Océan. Leurs tombes à hautes stèles jumelées font figurer les portraits du père et du fils en médaillons de bronze signés de l’artiste Amédée Ménard (1806-1879), aussi inhumé dans le cimetière (HH 6 13).
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La tombe Eugène Livet
AK ALL 6
La tombe du professeur Eugène Livet (1820-1913), précurseur de l’enseignement technique en France, témoigne de la notoriété de ce personnage local. Sa sépulture, mise à disposition gracieusement par le maire Paul Bellamy (1866-1930) pour service rendu, se présente comme une pierre tombale monumentale. Sur la stèle, un buste en bronze signé de l’artiste Charles Lebourg (1829-1906) honore la mémoire de celui qui a laissé à Nantes un lycée technique à son nom, une place ainsi qu’un passage. D’autres figures locales de l’enseignement comme René Bouhier (G PLBE 13), Arsène Leloup (VV 9 1bis) ou Élisa Bordillon (ZZ 7 26) reposent également dans le cimetière.
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La Section des Victimes du Devoir
Entre les carrés AF et AG
Miséricorde possède comme certains cimetières un carré dédié à une mémoire particulière. La Section des Victimes du Devoir, aménagée par décision municipale en 1893, a pour vocation de rendre hommage aux personnes décédées dans l’exercice de leur fonction ou lors d’un acte de bravoure lié à un événement tragique ayant eu lieu à Nantes ou hors de la ville. Jusqu’en 1964, vingt-trois victimes rejoignent le carré. Parmi eux, un médecin, des militaires, des agents de la Sûreté, des pompiers mais aussi des civils morts dans des circonstances dramatiques.
En savoir plus sur la Section des Victimes du Devoir du cimetière Miséricorde
Les terrains communs
carrés AF et AE
Comme l’ossuaire, le terrain commun constitue un élément obligatoire des cimetières. Il répond à l’obligation des villes d’inhumer les défunts non pris en charge par leurs proches, ne disposant pas de ressources suffisantes ou décédés en situation d’isolement. Ayant remplacé la fosse commune et le terme de carré des indigents, le terrain commun propose des sépultures individuelles mises à disposition gratuitement par la Ville pour une durée de cinq ans.
La tombe Pierre Carmien
AS 5bis 17
Pierre Carmien (1834-1907) illustre les personnalités un peu moins connues du cimetière, insolites ou encore oubliées dans l’ombre d’une sépulture plus modeste. Pourtant, cet inventeur franc-comtois d’origine a déposé en l’espace de cinquante ans une soixantaine de brevets. Parmi eux, l’ancêtre de la machine à écrire qu’il nomme « piano à écrire », la machine à coudre à navette ou encore le tire-bouchon à hélice. Victime de l’absence de protection en matière de propriété intellectuelle, il repose dans l’anonymat dans cette simple tombe en granit, loin de l’allée principale des industriels.