
Les inondations de juillet 1977 à Auch
Le 8 juillet 1977, après de fortes précipitations, Auch a connu la crue la plus violente de son histoire.
Dans la nuit du 7 au 8 juillet, de fortes précipitations se sont abattues sur la Gascogne. Après un printemps pluvieux et des sols saturés d'eau, des crues se sont amorcées, ce qui a mené à des inondations catastrophiques.
Carte de localisation. Cliquer sur les villes et sur le plateau de Lannemezan pour voir les informations.
Affronter l'inondation
Le récit des évènements du 7 juillet au soir au 8 juillet à 19h00
Dans la soirée du 7 juillet
Précipitations sur toute la Gascogne et notamment sur le plateau de Lannemezan. A Auch, la pluie est tombée sans discontinuer pendant 17 heures : de 20h le 7 juillet à 13h le 8 juillet. Il est tombé 175 mm d'eau.
03h00
La haute Save inondait le camping et le village de vacances de L'isle-en-Dodon faisant 5 morts. De nombreux vacanciers trouvèrent refuge dans les arbres.
07h00
Le Gers dépassait de 1,50 mètres la cote d'alerte (fixée à 2 mètres) . Les pompiers ont diffusé des alertes depuis les haut-parleurs de leur camion mais le son était étouffé par l'intensité des précipitations.
08h00
Inondation du camping de Masseube.
09h00
Augmentation du niveau du Gers à 4,14 mètres à Auch.
De 11h00 à 12h00
Le Gers est monté rapidement passant en une heure de 4,72 à 5,12 mètres. Le Gers débordait par les égouts dans le quartier de la Patte d'Oie situé dans la ville basse. La pluie continuait de tomber.
De 12h00 à 16h00
Alors que le niveau du Gers était à 5,12 mètres (niveau le plus haut de la crue de 1952) deux confluents, le Sousson et le Cedon, ont fait augmenter rapidement le niveau du Gers. A 13 heures, le Gers atteignait 6,13 mètres, à 14h 7,60 m et à 15h 7,76 mètres, ce qui correspond à la hauteur du premier étage des habitations de la ville basse. Entre 12h et 13h et entre 14h et 15h, la vitesse de montée du Gers était de 1m/h.
A 16h00
Les précipitations cessèrent sur la Gascogne et la décrue s'amorça.
A 19h00
Le plan ORSEC (Organisation des secours) fut déclenché. Il dura du 8 au 25 juillet 1977. 43 centres de secours ont été créés, 500 CRS, 250 secouristes de la croix rouge et 1500 volontaires furent mobilisés. Il y aura eu 5 morts et 5000 sinistrés à Auch.
Les dégâts de l'inondation.
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Vidéo des actualités à propos des inondations.
Les dégâts sont tels qu'il sont visibles depuis les photo aériennes.
Sur ces images aériennes de l'IGN (datant de 1975 à gauche et du 17 juillet 1977 à droite), on peut voir les dégâts causés par l'inondation : ponts détruits (passerelle Saint-Pierre et le pont métallique), embâcles sous le pont de la Treille et berges abîmées. Cliquer sur les icônes rouges pour voir les informations.
Vidéo des dégâts causés par l'inondation.
Surmonter l'inondation
L'inondation de 1977 a été un épisode douloureux et cet épisode garde toujours une trace importante dans la mémoire de nombreux Auscitains. Au traumatisme de l'inondation s'est ajouté un sentiment d'abandon de la part des sinistrés qui ont estimé que les indemnités n'avaient pas été à la hauteur de la catastrophe. Ce ressentiment a été renforcé par le fait que seule la ville basse a été dévastée par l'inondation.
De ce fait, l'inondation de 1977 a installé une certaine méfiance des habitants vis-à-vis du Gers mais aussi entre la ville haute et la ville basse comme le souligne l'historien Franck David :
« Comme toujours en pareilles circonstances il a fallu panser les plaies et rétablir surtout un lien pacifié non seulement entre les habitants et la rivière mais aussi entre les parties haute et basse de la ville, qui se toisent encore parfois avec défiance. Car si la rive droite a subi l’inondation, la rive gauche dominante a été épargnée avec ses lieux de pouvoir (mairie, préfecture, tribunal et services administratifs) et son patrimoine (cathédrale classée à l’Unesco, Tour d’Armagnac, escalier monumental, demeures et pousterles médiévales). Cette dualité pèse sur la mémoire de l’inondation. »
Plaquette éditée au profit des sinistrés des inondations, 1977.
Le recalibrage du Gers : limiter les nouvelles crues
Il a donc fallut rétablir et pacifier le lien entre les Auscitains et le Gers. Cette démarche a d'abord commencé par des considérations techniques. En effet, afin d'éviter de nouvelles inondations, il était nécessaire d'aménager le Gers. Des opérations de recalibrage avaient déjà été entreprises dès 1971, à l'époque, l'objectif était double : la mise en valeur des fonds de vallée pour l’agriculture en assainissant le lit majeur et la réduction des risques d'inondation. Les travaux ont été poursuivis en 1977 et finalement achevés en 1986. Le Gers a ainsi perdu son attitude menaçante :
« À Auch, le recalibrage du Gers et la construction dʼun pont-barrage, ont permis de remédier à la menace des inondations, en maintenant un niveau quasi-constant, même en période de hautes eaux. Ainsi, lorsquʼelle traverse Auch, la rivière est domestiquée, recalibrée et régulée, elle devient un plan dʼeau docile, élargi et ne retrouvera son caractère sauvage quʼen aval de la ville, où la plaine sʼélargit. »
A gauche une photo aérienne de l'IGN datant de 1975, à droite une photo de 1988. On peut voir les travaux de recalibrage du Gers au Nord d'Auch.
Réconcilier les Auscitains et le Gers par l'art
La crue de 1977 avait séparé la ville haute et la ville basse à la fois physiquement, à cause de l'inondation, mais aussi psychologiquement. En effet, l'inondation n'ayant touché que la ville basse et les indemnités n'ayant pas été à la hauteur des attentes, les habitants de la ville basse ont gardé, en plus du traumatisme, un ressentiment. Jaume Plensa a donc souhaité rassembler la ville haute et la ville basse avec son projet artistique. Ainsi, en 1992, deux œuvres sont érigées de chaque côté du Gers, d'un côté en haut de l'escalier monumental, une plaque en fonte avec des inscriptions en latin faisant référence à l'épisode biblique du déluge est installée, il s'agit de « l'Observatoire du temps ». De l'autre côté, juste en face du pont Saint-Pierre, une structure métallique constituée de quatre colonnes serrées, coiffées d'une toiture, est érigée. Les colonnes ne laissant pas d'espace entre elles, il est impossible de se réfugier dans cette structure, d'où le surnom d'« Abri impossible ».
Travaux d'installation des œuvres de Jaume Plensa, à gauche l'installation de l'Observatoire du temps sur l'escalier monumental, à droite l'installation de l'Abri impossible à côté de l'église Saint-Pierre.
Malgré un accueil mitigé des Auscitains, les œuvres d'art de Plensa font partie de l'identité de la ville, comme le souligne l'historien Franck David :
« La signification n’est pas explicite : usage du latin et texte foulé au pied d’un côté, forme mystérieuse assez sévèrement raillée par les habitants de l’autre. [...] Boudée par les habitants, qui ne l’associent toujours pas à l’inondation, l’œuvre de Plensa est quand même référencée sur les circuits de découverte du patrimoine et les visites guidées. Elle acquiert pour le touriste de passage une dimension signifiante qu’il associe par son parcours pédestre au reste des monuments auscitains. »
La promenade Claude Desbons : réconcilier les Auscitains avec le Gers
Enfin, après le les travaux pour maîtriser le Gers et la démarche artistique de Plensa, c'est aussi par l’aménagent d'une promenade le long du Gers qu'Auch se réapproprie sa rivière. Ainsi, dans les années 2000 la promenade Claude Desbons a été aménagée, ce qui a contribué à changer la représentation que les Auscitains se faisaient du Gers :
« Réconcilier les habitants avec l’eau, telle est la problématique des aménageurs après une crue catastrophique. Domestiquer le flux pour contraindre ses sautes d’humeur est une nécessité ; inverser les représentations pour que la dangerosité le cède à l’aménité est un enjeu. Le traitement du lit, des rives, de la vallée contribue à rendre apaisante la proximité de l’eau. Pour soigner le traumatisme collectif de 1977, la ville a repensé l’aménité de la rivière. »
La promenade Claude Desbons
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L'Abri impossible
En faisant un petit écart, le promeneur peut admirer l'église Saint-Pierre ainsi que l’œuvre de Plensa : l'Abri impossible.
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L'Observatoire du temps (escalier monumental)
En traversant le Gers par le pont Saint-Pierre, le promeneur pourra gravir l'escalier monumental et y trouver l'Observatoire du temps de Plensa : plaque de fonte gravée dont le texte en latin évoque l'épisode biblique du déluge.
Anticiper l'inondation : le plan de prévention des risques naturels d'inondation (PPRI ou PPRNi)
Même si de nombreux aménagements ont été réalisés pour maîtriser le Gers, une inondation reste toujours possible. C'est pourquoi, un plan de prévention des risque naturels d'inondation (PPRI) a été mis en place à Auch. Ainsi, le PPRI a pour objectif principal de :
« Délimiter les zones exposées aux risques d’inondation et d’y prévoir des interdictions ou des prescriptions spécifiques (portant sur des constructions, ouvrages, aménagements,exploitations…) afin de ne pas aggraver le risque pour les vies humaines. »
Les différentes zones du PPRI d'Auch
Le PPRI d'Auch est ainsi divisé en plusieurs zones ou les aléas sont plus ou moins forts et menaçants. A partir de ces différentes zones, il est possible de réaliser une simulation d'une inondation. Pour ce faire, les différentes zones ont été croisées avec les bâtiments, la surface construite et les commerces afin de simuler ce qui se passerait si ces différentes zones venaient effectivement à être inondées. Le résultat est présenté dans le dashboard ci-dessous. Si l'on veut avoir une estimation des dégâts que causerait l'inondation de 1977 aujourd'hui, il faudra alors considérer toutes les zones, l'inondation de 1977 couvrant presque toutes les zones du PPRI.
Simulation d'une inondation selon les zones du PPRI d'Auch.
Pour finir, une vidéo de l'inondation de 1977.
Inondations Auch Juillet 1977