Mission "cyanotype" pour les collégiens de Bréal

Le 1% artistique d'Isabelle Cornaro

Dans le cadre du dispositif 1% artistique, l'artiste internationale Isabelle Cornaro va réaliser 5 peintures originales en spray sur toile, qui seront placées aux différents points d'accès du collège Françoise Elie à Bréal-sous-Montfort. L'artiste a missionné Lise Gaudaire, photographe rennaise, pour travailler avec les élèves de sixième et de cinquième sur la technique photographique du cyanotype autour du thème de la nature, thématique prégnante à sa pratique artistique. D'ateliers en classe en sorties extérieures, les collégiens ont appris à observer la nature différemment, à prendre le temps de réaliser le bon cliché, mais aussi à maîtriser le procédé technique assez magique du cyanotype. Résultat : des oeuvres bleutées, végétales et poétiques. Le 10 mai prochain, les élèves rencontreront l'artiste.

Qui est Isabelle Cornaro ?

Née en 1974 à Aurillac, Isabelle Cornaro est une artiste contemporaine internationale qui vit et travaille à Paris et Genève.

Etudiant le maniérisme à l'Ecole du Louvre, elle est diplômée de l'école nationale supérieure des Beaux-arts de Paris en 2002. Son univers artistique fait la part belle à l'abstrait et à la nature, omniprésente dans ses œuvres. Vidéo, sculptures, peintures, scénographie, sa pratique inclut de multiples techniques.

Photo ci-contre : "Paroxysme" au Château de Rambouillet

"Infans", oeuvre visible à la fondation Pernod Ricard à Paris, France.

Quel est le projet ?

L'oeuvre d'Isabelle Cornaro pour le collège Françoise Elie s'intitule « Reproductions (Matériologies) » et se composera de 5 peintures originales et uniques réalisées au spray sur toile qui seront placées aux six accès principaux du bâtiment : sur le mur de l’entrée principale et aux cinq plafonds des accès vers la cour et le jardin. Elles seront ainsi distribuées sur toute la longueur du bâtiment et, à chaque emplacement, seront visibles des deux niveaux. L’artiste s'inspirera du travail réalisé par les élèves en classe sur le thème de la nature. À quoi ressembleront les toiles d'Isabelle Cornaro ? Suspense !

"Une collaboration avec les élèves"

C'est la première fois qu'Isabelle Cornaro travaille avec des collégiens dans le cadre d'un projet 1% artistique. "Pour moi, c'est très intéressant que ce soit une expérience partagée, une sorte de collaboration", explique l'artiste.

Isabelle Cornaro à gauche et Lise Gaudaire à droite.

"J'ai réalisé des cyanotypes quand j'étais aux Beaux-Arts et il y a un côté magique, car on voit l'œuvre qui se révèle", se souvient Isabelle Cornaro.

Art au collège : l'avis d'Isabelle Cornaro

Avec la collaboration de Lise Gaudaire, l'artiste a proposé 10 séances de 2 heures pour deux classes : un format court pour les sixièmes et un format long pour les cinquièmes avec une séance de restitution, commune aux deux classes. Les travaux d’élèves donneront lieu à une exposition lors du vernissage des oeuvres.

"Ce projet va participer à créer l'identité de l'établissement"

Carole Wellenreiter, principale du collège Françoise Elie à Bréal-sous-Montfort.

Carole Wellenreiter est la principale du collège de Bréal-sous-Montfort, dont la construction s'est achevée en 2020. Pour elle, la proposition d'Isabelle Cornaro s'est clairement distinguée parmi les autres projets et va permettre d'habiller les murs blancs du collège, dont le bâti est à la fois sobre et lumineux.

"Les œuvres d'Isabelle Cornaro vont pouvoir se fondre parfaitement au bâti et qui peuvent durer dans le temps. Cela va apporter une touche de couleur et d'impressionnisme, sans être exagérément présente, cela laisse la place aux travaux des élèves".

Le projet 1% artistique d'Isabelle Cornaro va permettre de sensibiliser les collégiens à l'art contemporain. "C'est un choix ambitieux, car on n'est pas sur quelque chose de figuratif, on pourrait se dire que ce n'est pas évident à appréhender pour des collégiens, mais au contraire, je crois que c'est important".

"Les élèves sont dans une bonne dynamique, j'ai vu de très belles choses. La technique du cyanotype permet d'obtenir des résultats rapidement, ce qui les a motivés", analyse la principale.

Au-delà du travail mené en classe, ce projet participera à "construire l'identité de l'établissement, certainement très axée vers la culture et à l'ancrer dans son environnement bucolique".

Cyanotype : de la découverte à lmaîtrise

Une soixantaine de collégiens ont participé à la dizaine de séances de travail proposées par l'artiste aux élèves, avec un travail mené sur la réalisation de tirages photographiques bleutés, obtenus par la technique spécifique du cyanotype, un procédé photographique monochrome positif. C'est la photographe Lise Gaudaire qui a encadré les élèves durant ces séances de travail. Leurs réalisations seront exposées au sein du collège. Mission cyanotype réussi pour les élèves !

Les collégiens et collégiennes lors d'une sortie en extérieur avec Lise Gaudaire, destinée à réaliser les clichés servant pour les cyanotypes.

Après des explications de Lise sur les principes de cadrage photographique, notamment en macro, les élèves sont partis en exploration pour une séance de photo spéciale. Leur terrain de jeu ? Les alentours du collège : étang, buissons, mobilier urbain, plantes, ils ont appris à observer différemment leur environnement.

Suite à la séance de prise de vues en extérieur, les élèves de cinquième travaillent sur leurs œuvres finales. Dans la classe, c'est l'ébullition ! Application des produits chimiques sur une feuille, superposition du calque photographique, passage sous la lampe UV, rinçage, séchage... Chaque étape du processus est chronométrée et exige de la concentration. 9 minutes sous les UV (et pas 1 de plus) sont nécessaires pour que la magie opère. Mais ce n'est que sous le jet d'eau du robinet que l'œuvre se révèle.

L'art au collège : l'avis de Noëlane

Pour Matéo, c'est l'heure de vérité. Tenant la feuille sous le robinet, il découvre le rendu de ce qu'il a fait. La réussite du dessin, "c'est une histoire de flou", précise-t-il. "J'aime bien tout ce qui est nature, arbre, la terre", dit-il en montrant ces œuvres.

"J'ai bien aimé sortir", Sacha

Le passage du dessin sous l'eau est le moment préféré de Sacha, 12 ans. Ligne de peinture jaune de l'arrêt de bus, fleur, bout de bois, l'adolescent s'est amusé à composer sa photo en mélangeant des éléments naturels et urbains. "je ne sais pas si j'aime l'art plastique, mais j'ai bien aimé sortir et le passage des dessins sous le robinet", raconte-t-il.

"L'art, je voudrais en faire mon métier", Noelane

"On a pris des photos en extérieur sur les chemins et près de l'étang. Ensuite avec le cyanotype il y a une question de dosage. J'adore ce qu'on fait, c'est mon domaine, l'art je voudrais en faire mon métier", confie Noelane.

Passage minuté sous la lampe UV, révélation du dessin sous l'eau, mise au sec au sèche-cheveux... Chaque étape est attentivement suivie par Lise Gaudaire.

"Je trouve ça vraiment beau", Ian

Pour Ian, 13 ans, le cyanotype était une belle découverte. "J'aime bien le rendu, je trouve ça beau les couleurs, grâce aux photos et aux contrastes". Et la nature, ça lui parle. "J'aime bien tout ce qui est naturel, les arbres, la terre...".

Nolhan aussi apprécie particulièrement la couleur bleutée des œuvres réalisées par cyanotype.

"Je fais de la photo depuis l'âge de 6 ans", Jules

Côté photo, Jules n'en est pas à son coup d'essai. Ce passionné réalise des photos animalières depuis l'âge de 6 ans. "Je fais des repérages sur le terrain, j'ai l'idée de ma photo en tête, ensuite j'y vais et je la fais", explique-t-il, déterminé. Les clichés naturalistes n'ont donc (presque) pas de secrets pour Jules. Ce photographe déjà expérimenté compte bien réitérer l'expérience du cyanotype. "Il me reste juste à retrouver les produits", lance-t-il.

"Les élèves prennent les choses à coeur"

Diplômée de l'Ecole supérieure d'art de Lorient en 2007, Lise Gaudaire s'intéresse depuis 2013 aux rapports que l'homme entretient avec le paysage. Sillonnant la campagne avec son appareil, elle se situe dans une approche quasi anthropologique ou encore d'archéologie du paysage.

Choisie pour encadrer ces ateliers, Lise Gaudaire a réussi à susciter un vrai engouement pour le cyanotype chez les élèves. "Lors des premières séances, je les ai sensibilisés au fait de se servir de leur corps pour se rapprocher du sujet, plutôt que d'utiliser le zoom", explique-t-elle. Les élèves sont réceptifs, et progressent à chaque séance. "A la deuxième sortie, ils avaient déjà beaucoup plus le réflexe de s'approcher pour réaliser leurs photos",

Même constat chez Isabelle Tournoud, professeure d'arts plastiques qui encadre les ateliers de la classe de cinquième. "Au fur et à mesure, ils ont bien pris le temps d'observer ce qu'ils avaient devant eux, de vraiment voir des choses que les autres ne prennent pas le temps de voir". Pour la classe de sixième, Manon Greneche, professeure d'arts plastiques, a accompagné les élèves durant ces séances de travail.

Et le travail des élèves ne s'arrête pas là. "La prochaine fois, ils vont devoir sélectionner les oeuvres qu'ils souhaitent exposer, et réfléchir à la manière dont on choisir les images pour construire une exposition", précise Lise Gaudaire.

L'artiste rencontre les élèves

L'artiste a pu échanger avec les élèves sur les cyanotypes qu'ils ont réalisés.

Lors de l'ultime séance de travail, les élèves ont rencontré l'artiste. L'occasion pour eux de découvrir en avant-première les futures toiles qui seront installées dans leur collège. Des peintures réalisées par Isabelle Cornaro qui s'est inspiré de leurs travaux. "Vos cyanotypes sont le terreau, la source, qui a inspiré à Isabelle Cornaro ses propres œuvres", précise Carole Wellenreiter, la principale.

Durant cette dernière séance, les élèves ont travaillé à associer différents cyanotypes pour créer un rythme, une harmonie dans la future exposition. Chaque élève a également donné un titre à son œuvre pour écrire le cartel qui sera placé à côté. "Chemin de traverse" pour Nolan inspiré par l'univers d'Harry Potter, "Les éclairs du lac" pour Lucas, "le Multiverse" pour Elouan inspiré par Docteur Strange.

"L'idée était de représenter les éléments - ciel, terre, eau - en captant des images de leur environnement proche assez abstraites. On a utilisé les images réalisées dans le cadre des ateliers pédagogiques. On a transposé leurs images en peintures." Comment l'artiste a-t-elle choisi les images ? "Nous avons choisi les images les plus facilement reproductibles, ils ont très bien compris les sujets, ont été bien dirigés par Lise et ont fourni un travail très qualitatif", estime l'artiste.

"Je suis contente car cela ressemble exactement à ce qu'on avait imaginé au départ avec un résultat très léger, doux, monochrome dans des tons de bleu, brun, violet, jaune, vert", poursuit-elle.

Finalisées, les œuvres d'Isabelle Cornaro doivent encore être posées sur châssis, elles seront installées dans le collège à la fin du mois de mai.

La réalisation des œuvres en atelier

Pour réaliser les œuvres, l'artiste a suivi le processus de création suivant : sélection d'une image ou d'un cyanotype produits par les collégiens, ajustement de l'image (recadrage ou floutage de la photo, transformation en négatif...), réalisation de l'image obtenue en peinture spray sur toile.

Les 6 peintures ont des dominantes de couleur différentes : violet, jaune, bleu clair, bleu foncé, vert, marron.

Après un bâchage minutieux, les toiles ont été réalisées en atelier.

Isabelle Cornaro travaillant sur la peinture à dominante jaune.

L'installation des œuvres :

Les œuvres réalisées par Isabelle Cornaro ont été installées à la fin du mois de mai dans le collège. Un travail minutieux qui a nécessité de mettre en place des échafaudages, puisque les 6 grandes toiles sont accrochées aux plafonds des couloirs des accès latéraux et sur la partie supérieure du grand mur du hall d'entrée.

Le projet pourrait se poursuivre à la rentrée 2023 par une visite de l’atelier de l’artiste lors d’un séjour à Paris et par la mise en place d’une résidence d’éducation artistique et culturelle (dispositif FAAT EAC) au sein de l’établissement.

📸 Photos Jérôme Sevrette 📸


Contenu : Gwen Cohignac - Département d'Ille-et-Vilaine

Crédit photo : Jérôme Sevrette

Isabelle Cornaro à gauche et Lise Gaudaire à droite.

Carole Wellenreiter, principale du collège Françoise Elie à Bréal-sous-Montfort.

L'artiste a pu échanger avec les élèves sur les cyanotypes qu'ils ont réalisés.

Isabelle Cornaro travaillant sur la peinture à dominante jaune.

"Infans", oeuvre visible à la fondation Pernod Ricard à Paris, France.