Autour du Bois-Hardy et la Boucardière, parcours de Coteaux

Le parcours est composé de 7 étapes (environ 1,4 km). Départ au 5 avenue Arthur Benoit.

Je m’appelle Erwan.

Je vais vous raconter l’histoire de ma famille ; elle est liée à celle du Bas-Chantenay. Mes parents, grands-parents, mes oncles et tantes, mes cousins et cousines ; tous ont vécu dans le quartier et m’ont transmis leurs petites histoires, leurs souvenirs du quartier, les «pépites» qui font sa qualité et sa diversité.

Ces petites histoires vont vous permettre de comprendre pourquoi ils sont attachés à leur quartier. Vous découvrirez, par leurs mots, la vie et les évolutions passées et à venir du Bas-Chantenay.

Dans ce parcours des Coteaux n°5 autour de Bois-Hardy et la Boucardière, je vais vous raconter l’histoire de mes grands-parents paternels, Suzanne et Iffig.

Retrouvez les autres parcours de la collection "Parcours des Coteaux" en fin de ce parcours.

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La cité du Bois-Hardy

Iffig, mon grand-père, a grandi dans un village de pêcheurs, proche de Chantenay :  Roche-Maurice . Fils de restaurateur, il devient serveur au bar des Usines, situé sur le boulevard de Chantenay. Tous les jours il voit passer Suzanne sur sa bicyclette bleue. Elle passe par là, devant la terrasse du café du Progrès, pour se rendre à son travail à la Raffinerie de sucre. Iffig a le coup de foudre, il fond pour Suzanne comme du sucre dans de l’eau ! Suzanne qui a repéré Iffig «plutôt bel homme» comme elle le dit, fait le premier pas, un soir de bal à la Guinguette de Trentemoult. Ils se marient à l’église Saint-Martin et emménagent ensemble dans la cité Arthur Benoît (initialement appelée cité du Bois Hardy). La raffinerie de Chantenay, qui emploie Suzanne, y a financé quelques maisons destinées à ses employés. C’est une bonne occasion pour eux, le loyer est abordable et le quartier est dynamique avec de nombreux commerces. Heureusement que les conditions de logement sont bonnes et avec, derrière les usines qui occupent tout le Bas-Chantenay, une belle vue sur la Loire !

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Le travail à la raffinerie

Suzanne a un métier pénible, elle travaille dans un contexte très bruyant, au milieu d’odeurs fortes et de l’atmosphère poisseuse liée à la mélasse. D’ailleurs, je me souviens : ma grand-mère me parlait des heures qu’elle passait pour laver et démêler ses cheveux après une journée de travail. Elle qui était plutôt coquette ne pouvait pas se faire de jolies coiffures : ses cheveux se retrouvaient tout collés à cause de son travail. La vie est dure, le travail pas facile. Les journées sont rythmées par la sirène des usines qui annonce les horaires d’embauche et de débauche à 9h, à 12h, à 14h et à 19h.

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Les jardins

À la débauche, c’est la cohue dans les rues pour rejoindre sa maison, les bistrots ou son jardin ouvrier. Des jardins, on en trouvait un peu partout sur ce coteau bien exposé au sud ; ils servaient à nourrir les familles. Aujourd’hui il n’y en a plus autant, mais si vous cherchez bien vous en trouverez qui existent encore ! Nichés derrière la Cité Arthur Benoît, petite pépite cachée du quartier : des jardins potagers encore cultivés. Vous y verrez peut-être pousser les fameuses carottes de Chantenay. D’ailleurs, savez-vous que cette variété à une renommée internationale ?

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Les bistrots

Pour les bistrots, il y en a aussi beaucoup moins qu’avant. À l’époque de mon grand-père, on en trouvait partout. Comme il le disait sur un ton sérieux : «le jardin et le bistrot : le répit du métallo !». Avec les collègues et les amis, ce sont les seuls lieux de détente et de lien social après une dure journée de travail. Le bistrot c’est là où ils refont le monde, les débats sont animés notamment sur les conditions de travail. Tout les jours à l’heure de la débauche, le Bas-Chantenay devient un vaste fourmilière : les ouvriers à vélo ou à pied emplissent les rues et les hommes vont boire une chopine. Ce moment est une mince compensation face à la dureté du travail effectué. Les consommations sont notées sur une ardoise et les ouvriers les payent à la quinzaine lorsqu’ils perçoivent leur salaire. Ce jour là, l’affluence au café est plus importante : mon grand-père m’a dit s’y être un jour retrouvé «coincé», devant attendre plus d’une heure pour pouvoir rentrer chez lui ! Les vélos s’entassent facilement devant le bistrot et, lui qui était arrivé de bonne heure ce jour-là, a dû attendre que l’amoncellement des deux roues disparaisse avant de pouvoir récupérer le sien. «Premier arrivé, dernier parti» ; du moins, c’est ce qu’il disait malicieusement à ma grand-mère !

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Odeurs et nourriture

Sur le coteau de Chantenay, il y a du maraîchage, des champs de petit pois, de carottes et autres légumes primeurs. Tous ces légumes alimentent les conserveries locales. D’ailleurs en fonction de l’orientation des vents il flotte parfois dans l’air un parfum de céleri. C’est mieux que l’odeur de pourri que dégagent le wagon remplis de carcasses pour alimenter la production de noir animal. Le noir animal, du charbon d’os issus des abattoirs, servait d’abord à décolorer le sirop de sucre. On a ensuite découvert sont pouvoir fertilisant et on l’a utilisé dans la fabrication des engrais. L’usine Kühlmann, située dans le Bas-Chantenay, en produisait. Sur le coteau, on trouve aussi de nombreux puits et plusieurs petites parcelles de vignes. D’ailleurs, connaissez-vous le chemin des vignes du bourg non loin d’ici ? La période des vendanges est l’occasion d’aller ramasser les raisins puis de les fouler au pied dans la bonne humeur avec une bonne partie des habitants du quartier. Son puits, par contre, Suzanne ne veut plus l’utiliser depuis 1945, lorsque le corps d’un allemand a été retrouvé dans celui d’un jardin voisin. Suzanne va de temps en temps au marché de la place Jean Macé pour chercher du poisson frais. Ce qu’elle préfère ce sont les civelles (des alevins d’anguilles) ; mais on en trouve seulement au mois de février. Les femmes qui les vendent viennent de Basse-Indre et se font entendre à travers tout le marché ! Elle fait aussi l’effort d’aller acheter de la farine à la minoterie du moulin Lambert (ce moulin se trouve un peu plus haut dans le quartier). Suzanne trouve que leur farine est bien meilleure que la «poudre industrielle» des Grands Moulins de la Loire.

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Le parc de la Boucardière

Quand Suzanne et Iffig vont se promener dans le quartier avec les enfants, ils passent souvent devant les domaines de l’Abbaye et de la Boucardière. De ces lieux clos, elle ne connaît que ce que lui rapporte son amie Marie, cuisinière pour la famille qui habite le château de la Boucardière (Moi, je me souviens que ce château était complètement délabré quand j’étais petit ; je l’appelais le château hanté). Marie lui a donc raconté que Jules Verne et son frère Paul venaient, quelques dizaines d’années avant sa naissance, en vacances à Chantenay et se promenaient dans ce parc. Elle qui vit ce quartier au quotidien trouve étrange de venir en villégiature ici ! D’ailleurs, on m’a dit que la maison des grands-parents de Jules Verne n’était pas très loin de l’église St Martin... Mais laquelle est-ce ?

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Rue de l’abbaye

Aujourd’hui, quand je me promène rue de l’Abbaye, je pense à ma grand-mère Suzanne, son regard plein d’envie vers les belles demeures des cadres qui travaillaient à Saint-Gobain. Elle n’aurait jamais pu se payer une telle maison avec son salaire d’ouvrière.

Dans la même collection Parcours des Coteaux :

Dans ce parcours n°1 autour de la butte Sainte-Anne, Erwan va vous raconter l’histoire d’Edith, sa tante, née en 1922. Elle a passé sa vie sur la butte Sainte-Anne et en connaissait toutes les histoires…

Ce parcours est composé de 9 étapes (environ 1,4 km). Départ au 3 place des Garennes.

Dans ce parcours n°2 autour de la carrière Miséry, Erwan va vous raconter l’histoire de sa famille ; elle est liée à celle du Bas-Chantenay. Ses parents, grands-parents, ses oncles et tantes, ses cousins et cousines ; tous ont vécu dans le quartier et lui ont transmis leurs petites histoires, leurs souvenirs du quartier, les «pépites» qui font sa qualité et sa diversité. Ces petites histoires vont vous permettre de comprendre pourquoi ils sont attachés à leur quartier.

Ce parcours est composé de 8 étapes (environ 1,2 km). Départ au 1 rue Joseph Cholet.

Dans ce parcours n°3 autour du Parc des Oblates, Erwan va vous raconter l’histoire d’Odile et Yves, ses parents, tous deux nés en 1934. Ils étaient très attachés à leur quartier…

Ce parcours est composé de 7 étapes (environ 1,2 km). Départ rue de la Cale Crucy.

Dans ce parcours n°4 autour de Saint-Martin, Erwan va vous raconter l’histoire de Jeanne et Henri, ses grands-parents maternels, nés dans les années 1900. D’origine bretonne, ils emménagèrent dans le quartier Saint-Martin et en tombèrent amoureux…

Ce parcours se compose de 6 étapes (environ 1,3 km). Départ à la gare de Chantenay.

Dans ce parcours n°6 autour de  Bellevue  et  Saint-Yves , Erwan va vous raconter l’histoire de son oncle Maurice. Il était ouvrier chez Joseph Paris. C’est lui qui lui a transmis sa passion de la technologie et de l’ingénierie. C’est aussi lui qui lui a appris à jouer au foot !

Ce parcours est composé de 6 étapes (1,2 km). Départ au 25 rue du Bois de la Musse.

Dans ce parcours n°7 à  Roche-Maurice , Erwan va vous raconter l’histoire de ses arrière grands-parents : François et Louise. C’est grâce à eux finalement si il habite ici et si il connaît aussi bien toutes les histoires du Bas-Chantenay...

Ce parcours est composé de 7 étapes (environ 1,1 km). Départ au niveau de la route de Roche Maurice.