La Normandie face aux bombardements
Une histoire qui nous replonge au dénouement de la seconde Guerre Mondiale
Cette Story Map donne accès à des images aériennes capturées très peu de temps après la libération des trois grandes villes de Normandie: Caen, Le Havre et Rouen. Cet outil permet d'avoir une vision sur les conséquences matérielles des bombardements. Baladez-vous dans cette présentation géographique et faites un retour en arrière dans l'histoire.
La Normandie fut une zone clé de la libération de la France. Mais quelles en sont les conséquences ? La banque d'images de l'IGN va nous permettre de remonter le temps
Pour faire la différence dans une guerre il est primordial d'affaiblir l'adversaire en préparant le champ de bataille. La Normandie en est une preuve. La tactique du bombardement a eu plusieurs effets : destruction de tout et une partie de l’adversaire, entraver ses possibilités de renforcement, d’exfiltration ou de contre-attaque, et encore l’usure psychologique. En plus, de par son positionnement, les Alliés bénéficient d’une suprématie quasi totale de l’espace aérien, depuis l'Angleterre les bombardements ont pu être réalisés de jour comme de nuit.
Figure 1: Saint-Lô, détruite à 95 % après les bombardements de 1944, surnommée capitale des ruines
Le bombardement de la ville de Falaise en 1944
La chute de Falaise après son bombardement
Cette vidéo nous permet d'être en immersion au sein même des bombardiers Anglais au-dessus de la ville de Falaise, qui fut un lieu stratégique. A la croisée des chemins de toutes les troupes qui ont débarqué. Nous pouvons voir que les objectifs de bombardements sont toujours les mêmes, un pont détruit afin de ralentir la retraite des Allemands. Par la suite la ville de Falaise chute et les alliés continuent d'avancer.
Rouen sur l'axe de la Seine menant à Paris
La ville de Rouen a essentiellement été la cible de l'aviation alliée. Une opération d'envergure destinée à gêner la retraite allemande et favoriser l'avancée des troupes (prévues par le débarquement) est menée du 30 mai au 5 juin. Cette période sera surnommé la "semaine rouge". Les premiers points stratégiques sont touchés : Ponts sur la Seine, Port et Gares de triage. Mais cependant c'est aussi le patrimoine architectural de la ville: Cathédrale, Églises, Palais de justice et centre historique. Ce sont donc 400 bombes, d'une tonne chacune, 1500 personnes ont été tuées, 2000 victimes et 40000 sinistrés durant la "semaine rouge".
Le 25 août, enfin, l’aviation alliée bombarde massivement l’armée du général Von Kluge, en retraite après avoir échappé à l’encerclement de Falaise. Quand la ville est libérée le 30 août, elle est assez largement détruite, comme le montre la photographie (fig.2), vraisemblablement prise à ce moment. On estime à près de trois mille le nombre de civils rouennais qui auraient été tués lors de ces attaques alliées.
Figure 2: Rouen et ses ruines en août 1944
"Le 18 avril 1944, vers 18 heures, un ami de mon père, vint nous prévenir que des rumeurs alarmantes circulaient... La Résistance aurait été informée qu’un bombardement important devait avoir lieu, la nuit même, sur la gare de triage et sur les ponts ! Hélas, c’était vrai. Un peu après minuit, je crois, une seconde eut lieu. Brusquement, un violent courant d’air balaya nos jambes. Nous avons tous hurlé et cru réellement notre dernière heure arrivée. Miraculeusement, la torpille tomba quelques mètres plus loin." Récit de Françoise Menuisement
Rouen de 1944 à nos jours
Date de prise de vue 18 août 1944
Comparateur entre le Rouen post bombardement et l'actuel
Caen aux portes des plages du débarquement
Le premier bombardement a lieu le 6 juin à partir de 13h30 avec le largage de 156 tonnes de bombes qui fait 500 victimes. Le lendemain, on compte 200 victimes de plus. Les bombardements se sont déroulé pendant 78 jours détruisant plus de 75 % de la ville. Ils ont surtout eu lieu entre le 6 et le 12 juin, destinés à aider les troupes à se frayer un chemin depuis la côte vers la ville. Il suffira d'un troisième acte pour voir un premier dénouement : le 7 juillet, cinq cents bombardiers environ, volant bas, lâchent 2 500 tonnes de bombes en moins d'une heure. Les britanniques pénètrent dans un Caen détruit. Situation provisoire, car le Nord de la ville resta encore occupé par les Allemands. C'est que le 17 juillet, le quatrième et dernier acte, délivrèrent les Caennais
Le ressentiment des Français à l'égard des bombardements de Caen
"On a profité d'un moment plus calme pour se réfugier rue Pasteur où il y avait déjà plein de monde. Avec le recul, je me dis que c'est fou, personne ne criait, personne ne pleurait... Il n'y avait plus de gens riches ou pauvres, c'était très solidaire. Il faut dire qu'on ne savait pas si le soir, on serait encore en vie ou pas !"- Anne-Marie Chebance
Quais des Casernes à Caen
Visitez le Caen de 1944
Date de prise de vue 26 septembre 1944
Comparateur entre le Caen post bombardement et l'actuel
Le Havre, la « table rase »
Les bombardements de la ville du Havre eurent lieu entre le 5 et le 11 septembre 1944, détruite à 80%, la ville est sans doute plus la plus meurtrie de France. Les bombardements par la Royal Air Force commencent le 5 septembre après que le lieutenant-général John Crocker propose au colonel Allemand Eberhard Wildermuth de se rendre, ce dernier refusa.
Le bilan de cette semaine de pluie d'obus est : 1 800 tonnes de bombes, 2 053 civils morts ou disparus et quelque 80 000 sinistrés. Plus de 11 000 Allemands sont faits prisonniers.
La fin de la bataille du Havre et la capitulation de la ville
"A 18h10 par hasard je me mets à la fenêtre, je vois les gens courir en criant : « Ils viennent de lancer une fusée, ils vont bombarder ! ». J’attrape les valises toujours prêtes, ferme la porte et descend à la cave. (…) Le bombardement fait rage. (…) Tout à coup, une lueur rouge envahit la cave, un éclatement ébranle tout l’immeuble, les pierres volent dans le couloir, une poussière dense nous empêche de respirer, tout cela est mêlé à une odeur de souffre. (…) Je crois ma dernière heure arrivée. La rue n’est qu’un amas de décombres ; les incendies augmentent. Chez moi, tout est pulvérisé, c’est inimaginable. (…) Je trouve des débris humains dans ma chambre. Le temps passe, le jour baisse, et Jean ne rentre pas… - Françoise P.
Le champ de ruines en plein centre-ville
Entre Le Havre de 1945 et celui d'aujourd'hui
Date de prise de vue 11 mars 1945
Comparateur entre Le Havre post bombardement et l'actuel