Où est Globie ? | Jour 1 |

Pourquoi y-a-t-il si peu de gratte-ciel en Europe comparé à l'Asie ou l'Amérique ?

 Le gratte-ciel, une définition complexe 

Un gratte-ciel (skyscraper en Anglais) est un immeuble de très grande hauteur. Encore aujourd'hui, il n'existe pas de définition officielle quant à la hauteur minimale. En général, il s'agit d'immeubles de plus de 150 mètres.

Concernant les immeubles entre 100 et 150 mètres, il existe un terme anglais spécifique : highrise. Traduit comme "immeuble de grande hauteur". Cependant, la société  Emporis  qui possède la base de données la plus complète quant aux gratte-ciel, utilise la limite de 100 mètres pour désigner un gratte-ciel. Les Anglais utilisent également deux autres termes : supertall pour les immeubles de plus de 300 mètres de hauteur, et megatall pour ceux supérieur à 600 mètres.

La hauteur d'un gratte-ciel ne compte uniquement que la hauteur du toit, et exclut donc les antennes. On ne considère pas comme gratte-ciel les tours auto-portantes, mâts de radio-diffusion, les piles de pont ou encore les cheminées d'usine.


 Une culture européenne rétissante 

Les villes européennes, loin d'être effrayées par les infrastructures de grande hauteur (comme le démontrent des siècles de construction de cathédrales), ont toujours été réticentes à la construction de gratte-ciel à contrario du Nouveau Continent. En 1950, alors que les Etats-Unis avaient déjà construit plus de 200 gratte-ciel de plus de 100 mètres de haut, tout comme c'est le cas plus modestement au Canada, Brésil ou encore l'Argentine, l'Europe n'en comptait seulement qu'un : la Tour Piacentini de Gênes construite en 1940.

Ce manque de gratte-ciel a longtemps été exagéré bien que le continent se soit relevé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale avec un désir de se moderniser. Six décennies plus tard, le Vieux Continent prend une approche complétement différente quant au développement des gratte-ciel. L'histoire des gratte-ciel européens, bien que le développement soit moins rapide que d'autres régions, à néanmoins permis au monde de voir de nombreux exemples d'intégrations de gratte-ciel dans le paysage historique du continent, mêlant des siècles riche en histoire architecturale à la modernité de ces immenses tours.

Aujourd'hui, l'Europe possède toujours que peu de gratte-ciel, notamment comparé à l'Amérique du Nord ou l'Asie. Sur les 247 gratte-ciel de plus de 150 mètres que compte l'Europe en 2021 (selon Emporis), 68% d'entre eux sont dans cinq grandes villes : Moscou (52), Istanbul (47), Londres (30), Paris (22) et Francfort (17).

Les cinq grandes villes concentrant 68% des gratte-ciel européens.

Plusieurs raisons expliquent le fait que le Vieux Continent soit retissant à la construction de ces immenses tours. La première des raisons, l'Europe est la destination par excellence pour les touristes, notamment pour ses monuments et bâtiments qui ont traversé les siècles. L'émergence de grandes tours modernes au milieu d'un centre historique pourrait compromettre le charme de l'Europe, avec deux styles architecturaux incompatible. Les pays et villes européennes perdraient ainsi leur identité culturelle, et la forme de la ville changerait.

Un autre paramètre rentre en compte, c'est le coût d'une telle infrastructure. Bien que l'économie européenne ne souffre pas, le Vieux Continent préfère investir dans des industries plus sûres à l'instar de la médecine, les ressources énergétiques ou bien encore les transports. De plus, la demande pour de telles infrastructures a longtemps été moins plébiscitée qu'outre-Atlantique.


 L'émergence des gratte-ciel en Europe (1950-70) 

Ce n'est qu'à partir des années 50 que l'Europe commence à expérimenter la construction d'immeubles de plus de 100 mètres à une échelle importante. En 1952, est inauguré le premier des "Sept Soeurs" de Staline, l'immeuble d'habitation Kotelnitcheskaïa, haut de 176 mètres. Le but de Staline était de rivaliser avec les gratte-ciel des villes capitalistes, en construisant sept immeubles de plus de 100 mètres de haut dans Moscou. Le plus haut immeuble de cette série est le bâtiment principal de l'Université Lomonossov (voir image ci-dessous), culminant à 239 mètres, il a été le plus haut bâtiment d'Europe de 1953 à 1997. Après ce vaste projet, la Russie ne construira pas de gratte-ciel avant les années 80.

À gauche, bâtiment principal de l'Université Lomonossov à Moscou. À droite, le palais de la culture et de la science à Varsovie.

Le reste des années 50 est marqué par l'apparition de nombreux bâtiments de plus de 100 mètres à l'Est comme à l'Ouest de l'Europe. Néanmoins les motivations divergent, en Europe orientale, la construction de gratte-ciel est notamment poussé par le gouvernement, afin d'accueillir des bureaux administratifs, des universités, et à Moscou notamment, des logements et hôtels. Tous ces projets illustrent le style socialiste promu par Staline. L'exemple typique est le palais de la culture et de la science à Varsovie (voir l'image ci-dessus), culminant à 231 mètres et achevé en 1955. Le bâtiment, dit "cadeau de l'Union soviétique au peuple de Pologne" est resté le plus haut immeuble d'Europe en dehors de Moscou jusqu'en 1990.

Les étrangers viendront chez nous non pas pour regarder les murs, non pas pour regarder les merveilles de l'Asie, ils viendront regarder les merveilles de la technique socialiste, de l'aménagement socialiste de la nouvelle grande ville mondiale.

En Europe occidentale, les années 50 et le boom économique ont favorisé l'émergence de projet de grande ampleur. C'est notamment en Italie que se sont développés plusieurs gratte-ciel de plus de 100 mètres, la plaçant en seconde place derrière la Russie en nombre de gratte-ciel.

Les années 60 voient l'émergence de nouveaux immeubles en Europe de l'Ouest, notamment au Royaume-Uni, en Allemagne, Belgique, Pays-Bas et Monaco. À cette période, l'on comptait 29 bâtiments de plus de 100 mètres de haut, contre 20 dans les années 50, cependant la moyenne de hauteur a baissé, passant de 142 mètres dans les années 50 à 111 dans les années 60. Cette baisse illustre bien l'émergence des gratte-ciel rectiligne occidentaux, baissant la moyenne des immeubles du bloc soviétique construits durant la décennie précédente avec des flèches importantes.

Deux méthodes de développementdes gratte-ciel émergent alors dans les années 60 :

Construction en périphérie, le cas de la Défense à Paris

Le quartier de la Défense vu depuis le musée du Louvre.

Avant 1973, Paris n'avait pas de loi contraignant la construction en hauteur. Le déclic se fit quelque temps après la controverse liée à la construction de la tour Montparnasse dans le ciel de Paris. Depuis cette vague de protestation, aucun immeuble de bureau n'a été reconstruit dans la ville. La création de la Défense a néanmoins permis aux architectes et aux investisseurs d'en faire le lieu idéal pour les constructions de grande taille. Le quartier d'affaire de la capitale française a vu de nombreuses phases de développement servant de modèle pour d'autres centres financiers, construisant des gratte-ciel tout en gardant une certaine distance du centre historique.

Co-habitation entre le coeur historique et le style moderne, le cas de la City à Londres

Le centre financier de la CIty of London.

En 1960, la City de Londres, qui est le centre historique et le cœur financier de la ville était déjà l'un des principaux centre financier au monde. Sévèrement détruit durant la Seconde Guerre mondiale, Londres n'a pas eu d'autres choix que de reconstruire en intégrant les éléments historiques à des édifices plus modernes. La capitale britannique a vu ainsi le nombre de gratte-ciel augmenter en centre-ville. Depuis ces dernières années, la ville construit une nouvelle génération de gratte-ciel, qui illustre un exemple parfait de coexistence avec des monuments historiques.


 L'émancipation des gratte-ciel en Europe (1970 - 2000) 

À la fin de 1969, l'Europe avait construit près de 50 gratte-ciel d'une hauteur supérieure à 100 mètres sur une période de 30 ans. Une décennie plus tard, le chiffre a triplé, passant à 92 gratte-ciel éparpillés dans 35 villes. Les années 70 ont été marquées par l'acceptation des gratte-ciel comme élément à part entière des villes européennes.

Cette nouvelle mode continua jusque dans les années 90, à une vitesse plus modérée qu'en 1970. La France a construit plus de 40 immeubles de plus de 100 mètres de haut, la plupart dans le nouveau centre d'affaire de la Défense. Londres a également continué à développer les gratte-ciel à la City et dans son quartier spécialement dédié aux gratte-ciel, Canary Warf. Istanbul, aujourd'hui connue pour être l'une des villes les plus actives en termes de gratte-ciel dans le monde, a commencé à construire des gratte-ciel dans les années 90.

L'un des développements significatifs de cette période est la mise en place du centre d'affaire de Francfort-sur-le-Main, aujourd'hui l'une des principales places financières d'Europe. Au début des années 70, la ville avait construit un seul immeuble de plus de 100 mètres de haut. En 1999, on en comptait 22, dont le plus haut et le second plus haut d'Europe. La moyenne de hauteur des gratte-ciel à Francfort durant cette période était de 154 mètres, bien plus haut que la moyenne du continent européen qui était de 126 mètres. Quatre des dix gratte-ciel européens de plus de 200 mètres de haut se trouvaient à Francfort à la fin du siècle.

Le plus haut bâtiment de Francfort, et d'Europe à la fin des années 90 était la tour Commerzbank (image de droite ci-dessus), achevée en 1997, le projet est devenu le plus haut gratte-ciel d'Europe avec 259 mètres de haut (300 mètres en comptant l'antenne). Ce titre sera tenu jusqu'en 2005 avec l'ouverture du Palais du Triomphe à Moscou, haut de 264 mètres.

 Le fort développement depuis les années 2000 jusqu'à aujourd'hui 

La première décennie du 21ème siècle a vu l'Europe développer un nouveau nombre record de gratte-ciel, avec 193 immeubles de plus de 100 mètres de haut, oubliant ainsi le précédent record de 92 immeubles dans les années 70.

Les deux villes leaders du développement de gratte-ciel sont Moscou et Istanbul. Moscou continue de construire plus de grandes tours que toute autre ville européenne. En 2021, la capitale russe avait 50 gratte-ciel de plus de 150 mètres.

Bien qu'ayant débuté la construction de gratte-ciel à la fin des années 90, Istanbul possède aujourd'hui 47 gratte-ciel de plus de 150 mètres de haut, et devrait rapidement dépasser Moscou en nombre de gratte-ciel.

 Les gratte-ciel à travers le Monde 

Les gratte-ciel en Europe

Pourquoi les gratte-ciel en France sont si peu nombreux, et d'une hauteur modeste ?

En 2021, on dénombre 247 gratte-ciel de plus de 150 mètres de hauteur. En France, seules deux villes possèdent des gratte-ciel :

  • Paris avec 22 gratte-ciel, majoritairement à la Défense, premier quartier d'affaire européen en surface, et quatrième plus important au monde.
  • Lyon avec 2 gratte-ciel dans le second quartier d'affaire français, la Part-Dieu. Un troisième gratte-ciel To-Lyon est en cours de construction.

En plus de la loi de 1973, une réglementation française sur les constructions de hauteur existe depuis le 30 décembre 2011. La loi des immeubles de très grande hauteur (ITGH) concerne les immeubles dont la hauteur est supérieure à 200 mètres. Les critères sont très pointilleux et coûteux pour le projet, ce qui rend difficile la construction de gratte-ciel au-delà de 200 mètres en France.

D'ici 2025, cinq gratte-ciel verront le jour, 3 dans le quartier de la Défense (The Link prévu à 242 mètres, Tour Hekla de 220 mètres, The Link 2 prévu à 178 mètres), un à Paris intra-muros (Tour Triangle de 180 mètres de haut) et un à Lyon (To-Lyon à 171 mètres).

Paris 3D

Londres projette de construire plus de 500 gratte-ciel.

Fly-through video shows impact of 500 tall buildings planned for London

Saint-Pétersbourg héberge la plus haute tour d'Europe

Depuis 2018, Piter comme l'appelle familièrement ses habitants, accueille le plus haut gratte-ciel d'Europe : le Laktha Center, haut de 462 mètres.

Laktha Center à Saint-Petersbourg (Russie).

Aujourd'hui, sur les 10 plus hauts gratte-ciel d'Europe, 8 sont localisés en Russie, 1 en Pologne (Varso Tower à Varsovie) et 1 au Royaume-Uni (The Shard à Londres).

Les gratte-ciel en Amérique du Nord

Le Nouveau Continent dénombre 1088 gratte-ciel de plus de 150 mètres en 2021, c'est 4,4 fois plus qu'en Europe.

La ville de New York à elle seule possède 309 gratte-ciel de plus de 150 mètres de haut, soit plus que l'ensemble du continent européen.

C'est également cette même ville qui possède la plus haute tour d'Amérique du Nord : One World Trade Center à une hauteur de 541 mètres.

One World Trade Center en plein coeur du quartier de Manhattan.

Les gratte-ciel en Asie

C'est sur le continent asiatique que l'on retrouve le plus grand nombre de gratte-ciel d'une hauteur supérieure à 150 mètres. Au total, 6817 gratte-ciel sur ce continent, dont 3448 en Chine.

Rien que dans la ville de Shenzhen, on retrouve 586 gratte-ciel, c'est le double de l'ensemble des gratte-ciel du continent européen.

La plus haute tour d'Asie, et également du monde est la Burj Khalifa de Dubai, aux Emirats Arabes Unis, culminant à 828 mètres de haut.

Burj Khalifa, plus haut gratte-ciel au monde.

Parmi les dix plus hauts gratte-ciel au monde, 9 sont localisés en Asie, 5 en Chine, 1 aux Émirats Arabes Unis, 1 en Malaisie, 1 en Arabie Saoudite et 1 en Corée du Sud. Le seul gratte-ciel hors Asie dans le TOP 10 est le One World Trade Center vu juste avant.

Explorez Manhattan en 3D à travers cette application ci-dessous.

Manhattan Skyscraper Explorer


Où est Globie ?

Comment jouer ?

Pour jouer, il suffit de localiser Globie dans les cinq étapes ci-dessous, puis de nous envoyer un mail à  sig2022@esrifrance.fr .

Voici l'exemple type de mail :

Pour cette première journée, Globie se situe obligatoirement dans une ville importante, possédant au moins un gratte-ciel (en se basant sur une hauteur de plus de 100 mètres).

À chaque étape, des indices sont proposés pour vous orienter vers Globie.

La bonne réponse est indiquée en rouge sur le pop-up qui apparaît lorsque l'on clique sur Globie. Une bonne réponse rapportera un point par étape. Copiez/Collez le texte rouge dans le mail pour éviter toute faute de frappe.

Il est possible de gagner :

  • Le jeu d'une journée : pour cela, il faut avoir répondu juste à toutes les réponses et être le plus rapide en cas d'égalité.
  • Remporter l'édition 2022 d'Où est Globie ? : pour être le grand gagnant, il faudra trouver Globie chaque jour de lundi à vendredi, et être également le plus rapide en cas d'égalité.

La rapidité se fait par rapport au temps de jeu à partir de la publication de cette story map.

Astuce 1 : Globie se situe obligatoirement dans l'emprise de base de la carte. Cliquez sur le bouton en forme de maison pour revenir à cette emprise.

Astuce 2 : Vous pouvez mettre en plein écran la carte pour que cela plus simple à se déplacer.

Première étape...

Pour cette première étape, Globie est dans une ville européenne possédant 16 tours de plus de 100 mètres de haut, dont deux au-dessus de 150 mètres. Cette ville est célèbre pour ses rues caractéristiques, issues d'un certain plan exécuté en 1890.

Etape 1 : Autour du Golfe du Lion

Seconde étape...

Globie nous emmène outre-Atlantique pour cette seconde étape. Il nous a indiqué se trouver sur le toit d'un vieil immeuble à la forme triangulaire achevé au début des années 1900, iconique dans cette ville.

Etape 2 : La mégalopole américaine et la région des grands lacs.

Troisième étape...

Notre compagnon de route semble se localiser dans une ville à la localisation stratégique ayant traversé les siècles en changeant plusieurs fois de nom...

Etape 3 : Autour de la Mer Egée et de l'Anatolie.

Quatrième étape...

Globie semble intrigué par cette ville tentaculaire où l'on retrouve une des plus hautes tours au monde.

Etape 4 : En Mer de Chine Orientale.

Cinquième étape...

De retour dans le Vieux Continent, Globie se trouve dans la seule tour de plus de 150 mètres de cette ville. Ville modeste de plus de 500 000 habitants, et chef-lieu de région (ce n'est pas la capitale de son pays), on peut observer cette tour des kilomètres aux alentours. N'oubliez pas de vous référencer à la carte des gratte-ciel d'Europe  ici .

Etape 5 : Perdu dans l'Europe centrale.

Rendez-vous demain pour connaître le gagnant de ce premier tour, et participer au Jour 2 !

Source bibliographiques

Le prolétaire ne se promène pas nu, Moscou en projets

Elisabeth Essaïan

Development of high-rise buildings in Europe in the 20 th  and 21 st  centuries

Joanna Pietrzak

The History of the European Skyscraper

Nathaniel Hollister

VIDEO - Why Europe Doesn't Build Skyscrapers

 The B1M  (Youtube)

Le quartier de la Défense vu depuis le musée du Louvre.

Le centre financier de la CIty of London.

Laktha Center à Saint-Petersbourg (Russie).

One World Trade Center en plein coeur du quartier de Manhattan.

Burj Khalifa, plus haut gratte-ciel au monde.