Du vieux Malakoff au quartier Malakoff - Pré Gauchet
Ce parcours est composé de 12 étapes (environ 2,5 km). Départ au niveau du pont Willy Brandt.
Le quartier Malakoff – Pré Gauchet s'étend sur l'ancien site de la prairie de Mauves, bordé au nord par le quartier de la gare et le quartier Doulon, au sud par la Loire. Jusqu'au 20e siècle, c'est principalement une zone de campagne. Son nom lui a été attribué en 1856 en commémoration de la bataille de Malakoff, victoire française durant la guerre de Crimée en 1855. Ce quartier est aujourd'hui composé d'ensembles de constructions de différentes époques : le Vieux Malakoff, les grands ensembles des années 1960 et les nouveaux aménagements du Grand Projet de Ville du 21e siècle. Le quartier est à l'origine enclavé du fait de sa situation géographique. Il se développe tout au long du 20e siècle, notamment avec la construction du stade Marcel Saupin en 1937, qui apporte un nouveau dynamisme au quartier. À proximité de la gare, le quartier est fortement touché par les bombardements pendant la Seconde Guerre mondiale, puis reconstruit après-guerre. Au 21e siècle, le quartier continue sa mutation et son désenclavement.
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Le vieux Malakoff, un quartier enclavé
Le quartier du Vieux Malakoff naît avec la construction de la gare en 1851. Jusqu'au début du 20e siècle, l'habitat s'étend le long du quai Malakoff, de la gare d'eau (actuelle gare sud) jusqu'au stade Marcel Saupin. Le Vieux Malakoff est bordé par la prairie de Mauves qui occupe un vaste espace. On trouve également des fermes et des jardins côté Loire, en direction du pont ferroviaire Résal. À cette époque, le quartier est enclavé. Il est relié au reste de la ville par un seul pont, le pont Tracktir, qui permet de franchir la gare d'eau entre le quartier et la gare. Avec la construction du barrage-écluse en 1931, le Vieux Malakoff est relié au quartier Madeleine Champ-de-Mars par un pont piétonnier. Le désenclavement du quartier se poursuit à la fin du 20e siècle avec les aménagements de la gare sud et la construction des ponts routiers Tbilissi et Willy Brandt, reliant le quartier à l'île Beaulieu et à celui de Madeleine Champ-de-Mars. Au début du 21ème siècle, le quartier continue sa transformation avec l'ouverture du pont Tabarly en 2011, la mise en place du Grand Projet de Ville Malakoff et le projet urbain Euronantes.
L'âme du vieux Malakoff
C'est dans cette partie du quartier que l'on peut trouver encore des habitations nous donnant l'idée de ce à quoi pouvait ressembler le quartier avant guerre. De ce côté du quai, l'habitat d'origine est constitué de maisons individuelles ou de constructions à étages, en pierre granitique ou en pierre de tuffeau. Les maisons possèdent un jardin sur rue, clos par de petits murets et des grilles. Dans la continuité du quai Malakoff, en direction de la gare, on trouve des petits immeubles et des hangars donnant sur le canal Saint-Félix. Les constructions datent de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle. Les reconstructions suite aux bombardements et les nouveaux aménagements du 21e siècle donnent à voir une mixité d'époque. Exemple parmi les architectures nouvelles, la tour Hêméra des architectes Berranger et Vincent, livrée en 2016 et élue Grand Prix Régional des Pyramides d'argent. Haute de 50 mètres et dotée de 16 étages, elle regroupe trois bâtiments composés d'une succession de strates regroupées autour de trois thèmes : habiter les arbres, habiter la ville, habiter le ciel.
Les aménagements du Canal Saint-Félix
Les travaux de comblements de deux bras de Loire et la déviation du cours de l'Erdre, décidés par la municipalité, sont menés de 1926 à 1946. L'Erdre qui empruntait le cours des 50-Otages, se jetait dans la Loire à proximité de Commerce, au croisement des lignes de tramway 1 et 2. Avec la déviation du cours de l'Erdre et le creusement du tunnel sous les cours Saint-Pierre et Saint-André de 1929 à 1934, la rivière coule désormais dans le canal Saint Félix. La construction du barrage-écluse Saint-Félix démarre en 1931 pour trois années. Il a deux fonctions : réguler le niveau d'eau de l'Erdre et permettre le passage des bateaux entre Erdre et Loire. À la demande des habitants, une passerelle est créée, reliant le quartier au Champ-de-Mars et aux halles centrales qui se trouvaient à l'emplacement de la Cité des congrès. En parallèle, en 1933, le quai Malakoff est comblé avec du sable, réduisant la largeur du bras de Loire et laissant place à un large espace sur lequel sera construit le stade Malakoff.
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Le stade Marcel Saupin
Le stade de Malakoff, inauguré en 1937, accueille les matchs de rugby du SNUC (Stade nantais université club). À partir de 1943, il devient le stade du FC Nantes. Dans les années 1950 et 1960, des agrandissements et des aménagements des tribunes permettent d'augmenter la capacité du stade à 33 000 places. En 1965, il est rebaptisé stade Marcel Saupin, co-fondateur et président du club de football le FC Nantes de 1944 à 1955. Jusqu'à la construction de la Beaujoire en 1984, le stade Marcel Saupin a accueilli des événements sportifs majeurs et des concerts tels celui de 1984 réunissant Joan Baez, Bob Dylan et Carlos Santana. Chaque événement attire une foule de spectateurs. Il ne subsiste aujourd'hui que la pelouse et la tribune nord. Cette dernière a été rénovée par l'agence Quadra Architectes, et baptisée Oscar-Müller, en hommage au milieu de terrain au FC Nantes de 1973 à 1984. En 2006, la tribune sud a laissé place à de nouveaux bâtiments colorés, dessinés par les architectes Jacques Ferrier, Philippe Gazeau et Louis Paillard. Livrés en 2009, ils accueillent la Maison des Sciences de l'Homme, l'institut d'études avancées, une résidence de tourisme, un restaurant et des bureaux. Aujourd'hui, la pelouse continue d’accueillir la réserve nantaise du FC Nantes, la catégorie jeune U17 et U19 et l'équipe féminine du FC Nantes.
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La rue Cornulier et les inondations de 1936
Autrefois nommée rue de la Patache, cette voie est renommée rue Cornulier en hommage à un chef de bataillon des chasseurs à pied de la garde impériale tué lors de la bataille de Malakoff en 1855. La partie centrale de la rue, correspondant à l'espace du rond-point menant au pont Tbilissi et au mail Picasso, a aujourd'hui disparue. Jusqu'au début du 20e siècle, chaque hiver, la Loire et ses affluents sortaient de leurs lits. En 1910 et 1936, le phénomène des crues de Loire concerne toute la ville et particulièrement les espaces longeant les bras du fleuve. Les habitants se déplacent en barque ou sur des passerelles en bois. À l'intérieur des maisons, les meubles sont montés sur cales. Dans le quartier, au 19e et au 20e, des travaux d'enrochements et de rehaussements des quais sont menés mais en vain. Les problèmes de crues et d'inondations persisteront jusqu'aux comblements de deux bras de Loire et jusqu'à la chenalisation du lit du fleuve entre Nantes et Saint-Nazaire et qui aura pour effet la diminution du niveau de l'étiage.
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Une vie de quartier animée et cosmopolite
Dès le 19e siècle, le quartier proche de la gare attire de nouveaux habitants et des usines : la fabrique de carreaux de mosaïques A. Corbet fils, la filature de chanvre et de lin Émile Roussel, l'entreprise de travaux publics J. Peneau. Le développement industriel est toutefois freiné par les difficultés d'accès au quartier, bordé par la prairie de Mauves et la Loire. Les entreprises présentes sont familiales et de petites tailles. Au 20e siècle, on y trouve la Compagnie générale de la céramique et du bâtiment, l'entreprise de charpente et menuiserie A. et G. Jallais fils, l'entreprise de futailles et osier Charon et Jani, l'entrepreneur de serrurerie A. Ménard, l'entreprise de bonbons Pinson et l'entreprise de maçonnerie de la famille Cattoni, dont la famille et les ouvriers ont quitté l'Italie pour s'installer dans le quartier. Paradoxalement, l’enclavement du vieux Malakoff participe à son dynamisme avec ses cafés et ses épiceries. Les plus célèbres sont les épiceries de la rue Cornulier : les Docks de l'Ouest, dont on retrouve l'enseigne dans d'autres quartiers de la ville, et l'épicerie l'Épargne. Le Café du Boulevard, Au chaland qui passe, le Café des sports, le Café des boulistes, le Café de l'écluse sont autant de lieux qui participent à la vie de quartier.
Les bombardements de la Seconde Guerre mondiale
Les bombardements alliés lors de la Seconde Guerre mondiale visaient à détruire les infrastructures stratégiques réquisitionnées par l'armée allemande et à faire ralentir les troupes du Reich qui convergeaient vers la Normandie. Le quartier Malakoff, situé entre la gare et le pont ferroviaire Résal qui relie gare d'Orléans et gare de l’État sur l'île de Nantes, est ainsi touché de plein fouet. Les bombardements ont lieu les 28 mai, 6, 7 et 15 juin 1944. Les cratères formés par les bombes sont visibles sur tout l'espace de la prairie de Mauves et sur la pointe de l’île Beaulieu au sud. Les maisons et les terrains agricoles autour sont touchés. Une grande partie des maisons en pierre et des maisons ouvrières, avec leur jardin clos par de petits murets, sont détruites. Celles-ci laisseront place à de nouvelles constructions après guerre.
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Le quai Malakoff dans les années 1950
Le quai Malakoff s'étend du pont de la Rotonde jusqu'au boulevard Sarrebruck. Autrefois nommé quai de la Gare, il prend le nom de quai Malakoff par délibération du conseil municipal en 1930. Le quartier ayant partiellement disparu sous les bombes de la Seconde Guerre mondiale, il est reconstruit dans les années 1950. Les maisons ouvrières disparues laissent place à de nouvelles constructions. Au n°48, la maison des compagnons du devoir, surmontée d'une flèche torse, est construite entre 1952 et 1957. Puis en 1955, les immeubles Sabrasat sont construits aux numéros civiques 40 à 46. Cette transformation architecturale est aussi celle de sa population avec l'arrivée de nouveaux habitants. Ceux qui avaient fui les bombardements pendant la guerre reviennent s'installer dans le quartier mais regrettent l'ambiance d'avant-guerre.
Le quartier Pré-Gauchet – Euronantes gare et le Grand Projet de Ville
Le projet Pré-Gauchet – EuroNantes gare s'étend le long du mail Picasso, de la rue Marcel Paul et du boulevard de Berlin, entre le Vieux Malakoff et les ensembles des années 1960 et 1970. Ces terrains de la prairie de Mauves, situés à proximité de la gare, accueillent le premier hippodrome de 1839 jusqu'en 1867. Celui-ci est ensuite transféré sur la Prairie-au-Duc, puis à Petit Port en 1875. Les terrains restent inoccupés jusqu'au début du 21e siècle. Les aménagements du quartier Pré-Gauchet – EuroNantes gare s'inscrivent dans le Grand Projet de Ville du nouveau Malakoff visant le désenclavement du quartier, la mixité sociale et la mixité d'activités associant lieu de vie, commerces et bureaux. De 2004 à 2025, le projet urbain prévoit la construction de 2000 logements, dont 30% de logements sociaux et 25% de logements abordables ainsi que 200 000 mètres carrés de bureaux et activités, 15 000 mètres carrés de commerces, 40 000 mètres carrés d'équipements publics (piscine, collège, gymnase) et des espaces publics. À proximité de la gare, les nouvelles constructions attirent des entreprises et de nouveaux habitants. La mixité se retrouve également dans les formes architecturales. Chaque programme porte un nom : New'R, Nouvelle Vague, Inoxia, Duo des cimes…
Le collège Sophie Germain
L'émergence d'un nouvel espace de vie dans la ville nécessite la création de nouveaux équipements publics parmi lesquels figurent le collège Sophie Germain ou le nouveau gymnase du Pré-Gauchet, rue Nina Simone. Le collège Sophie Germain ouvre ses portes en 2010. Sophie Germain (1776-1831) était une femme de science, mathématicienne, physicienne et philosophe française. Elle est l'une des premières mathématiciennes de l'époque moderne. L'école Polytechnique étant alors interdite aux femmes, elle étudie clandestinement. Elle présente ses hypothèses sous le nom d'Antoine Auguste Le Blanc puis sous son propre nom. Un théorème mathématique porte son nom. Ses recherches ont notamment contribué à la théorie de l’élasticité des métaux, essentielle à la construction d'édifice dont la Tour Eiffel. Toute sa vie, elle est en lien avec les plus grands savants de l’époque. Elle a poursuivi ses recherches malgré les freins qu'elle a pu rencontrer en tant que femme à cette époque.
Le Péage sauvage et la Petite Amazonie – Zone classée Natura 2000
Péage sauvage est une œuvre d'art contemporain de la Collection Estuaire, réalisée en 2012 par le Collectif Observatorium, sur une proposition de la Ligue des Protection des Oiseaux à l'occasion du centenaire de l'association. L’œuvre de 31 mètres de long, 3,75 mètres de largeur et 4,3 mètres de hauteur, réalisée en chêne non traité, joue le rôle d'une place publique, d'un péage à la lisière de la nature. C'est une œuvre in situ qui nous raconte l'histoire du lieu. Péage, car il y avait ici dans les années 1970 un projet de pénétrante. Sauvage, car l’œuvre ouvre la vue sur une zone humide nommée Petite Amazonie. Cette zone naturelle d'une surface de 19 hectares, imbriquée entre les lignes de chemin de fer, est classée Natura 2000 et présente la particularité d'être située en milieu urbain. La Petite Amazonie est née suite aux bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Les trous d'obus se remplissent d'eau créant une zone humide. Puis, lors de la construction de la tour Bretagne dans les années 1970, on y dépose les gravats extraits du chantier. Le projet de pénétrante est abandonné et dans cet espace tombé dans l'oubli, la nature reprend ses droits favorisant un nouvel écosystème. L'accès au site est régulé par la Ligue de Protection des oiseaux et la direction Nature et jardins. Il est limité à 500 personnes par an afin de préserver faune et flore.
Les constructions des grands ensembles à partir des années soixante
De 1959 à 1966, 195 opérations urbaines de ce type sont menées à travers la ville. Ces constructions répondent à l'explosion démographique et à la nécessité de créer de nouveaux logements, symboles de modernité et de confort offrant des espaces de vie spacieux pour les familles avec toutes les commodités. L'opération de construction sur ce site de grands ensembles est décidée en 1963 et lancée en 1966. Pour Malakoff, les architectes Evano, Cormiel, Choisel et Leroux souhaitent éviter la répétition d'immeubles identiques. Ils dessinent des bâtiments de différentes hauteurs et des bâtiments bas en lignes sinueuses. Les habitants les nomment « les bananes ». Entre 1967 et 1971, 1658 logements sont construits. Au début du 21e siècle, faisant suite aux réflexions des années 1990 sur l'enclavement persistant du quartier entre voie ferrée et Loire, les décideurs locaux cherchent à lier davantage ce secteur au reste de la ville avec le projet Pré-Gauchet – Euronantes gare, l'aménagement des lignes de chronobus ou encore la construction du pont Tabarly. La transformation du nouveau Malakoff a aussi vu la démolition de bâtiments et la construction de nouveaux ensembles avec de nouveaux bailleurs ainsi que la réhabilitation de logements sociaux. Depuis 2021, le quartier accueille un nouveau lieu culturel : La libre usine.