Les Risques en Nouvelle-Calédonie

Un territoire d’exception, mais exposé à des menaces naturelles et humaines nécessitant des stratégies d'adaptations spécifiques.


Introduction

Un risque se définit comme la probabilité d’occurrence d’un événement susceptible de causer des dommages à des personnes, des biens ou à l’environnement. Les risques peuvent être naturels (comme les cyclones ou les séismes) ou anthropiques (liés aux activités humaines, comme la pollution industrielle ou les accidents technologiques). La gravité d’un risque dépend de deux facteurs principaux :

  1. L’aléa : c’est l’événement en soi, son intensité et sa probabilité d’apparition.
  2. Les enjeux : ce sont les personnes, biens, ou écosystèmes qui pourraient être affectés.

Un risque devient majeur lorsque son occurrence, même faible, peut avoir des conséquences dramatiques sur la santé publique, l'économie ou l'environnement, avec des effets à long terme ou généralisés


Risques naturels

Risque cyclonique

L'un des principal risque naturel en Nouvelle-Calédonie est le risque de cyclone tropical.

En effet la Nouvelle-Calédonie se trouve dans une zone cyclonique active. Un cyclone est une tempête tropicale accompagnée de vents violents (parfois supérieurs à 250 km/h), de fortes précipitations et de vagues déferlantes.

MAIS QU'EST CE QU'UN CYCLONE ?

« Le cyclone est un risque majeur avec des conséquences extrêmement destructrices, notamment lorsque les effets du vent, de la pluie, de la marée de tempête et de la houle cyclonique se conjuguent. »

d’après la sécurité civile de Nouvelle-Calédonie

Comment les cyclones se forment ils ?

- C'est pas sorcier

Un cyclone est une masse atmosphérique animée d'un mouvement de rotation en sens inverse des aiguilles d'une montre dans l'hémisphère nord. (rotation inverse dans l'hémisphère sud.), accompagnée de vents forts, d'une baisse barométrique à un endroit précis, la pression atmosphérique est donc le poids exercé par une colonne d'air partant du sol et s'étirant jusqu'au sommet de l'atmosphère.

La pression se mesure à l'aide d'un baromètre et s'exprime en hectopascal (1 hectopascal équivaut à 100 Pascals (Pa) ou encore à 1 millibar).

Vue satellite du cyclone Dovi le 11 février 2022 vers 5 heures du matin • ©Windy.com  

La Nouvelle-Calédonie est donc régulièrement secouée par des dépressions plus ou moins importantes et plus ou moins violentes. Elles sont classées par catégorie de 1 à 5, la petite étant une dépression tropicale faible et la plus grande étant un cyclone tropical très intense. Afin de mieux se rendre compte de ce que signifie ces termes, la Sécurité Civile de Nouvelle-Calédonie à publié le document ci-dessous répertoriant des données telles que la vitesse du vent, des rafales ou encore la pression atmosphériques.

d’après la sécurité civile de Nouvelle-Calédonie

Les conséquences des ces dépressions et de ces cyclone peuvent être dévastatrices, tant sur le plan humain qu'environnemental.

Les fortes pluies et les vents violents causent souvent des inondations, des glissements de terrain et des destructions d'infrastructures, rendant difficile l'accès aux zones affectées. Les habitations, les routes et les cultures peuvent être gravement endommagées, perturbant ainsi la vie quotidienne des habitants.

Photos des ports, de végétations et de l'Anse Vata après des cyclones

En outre, les systèmes de communication et d'approvisionnement peuvent être coupés, compliquant les efforts de secours et de reconstruction. La faune et la flore locales sont également vulnérables, avec des risques de destruction d'écosystèmes fragiles. Les cyclones et dépressions peuvent ainsi avoir des effets à long terme sur la sécurité, l'économie et l'environnement de la région notamment sur les bords de mer ou pour les zones urbaines.


Risques de séismes et de tsunamis

Bien que la Nouvelle-Calédonie ne possède pas de volcans actifs sur terre, elle est située sur la ceinture de feu du Pacifique, la Nouvelle-Calédonie est exposée à des volcans sous-marins et donc des éruptions sous-marine. On peut notamment citer ceux du Vanuatu voisin.

Les éruptions sous-marines peuvent provoquer des bouleversements géologiques sous-marins provoquant des séismes (tremblements de terre sous-marins), ainsi que de potentiels tsunamis : l’activité tectonique sous la mer autour de l’archipel peut engendrer des vagues dévastatrices sur les côtes.

Les séismes en Nouvelle-Calédonie peuvent avoir des conséquences dramatiques, en cas de secousse forte, l'effondrement de bâtiments et d'infrastructures peut entraîner un grand nombre de victimes et de blessés, avec un déplacement massif de populations vers des zones sûres. Même si il n'y a jamais eu de séisme de cette ampleur en Nouvelle-Calédonie pour le moment.

De plus, les tsunamis, souvent générés par ces secousses, peuvent dévaster les zones côtières en quelques minutes, provoquant inondations et destructions à grande échelle. Les dégâts matériels sont considérables et la pollution des sols et des eaux peut résulter de la destruction d'installations industrielles ou agricoles, impactant la santé publique et l'agriculture.

Un puissant séisme de magnitude 7,7 dans l'océan Pacifique au sud-est de la Nouvelle-Calédonie, enregistré le 19 mai 2023. (USGS / CAPTURE D'ECRAN)

Enfin, les écosystèmes terrestres et marins sont gravement affectés, avec des conséquences durables sur la biodiversité locale, déjà fragile. Les effets combinés de ces phénomènes peuvent perturber profondément l'équilibre écologique et la vie des habitants de l'archipel.

On peut notamment citer le séisme de magnitude 7.7 en 2021 a déclenché une alerte au tsunami, heureusement sans vague destructrice.

France info : Nouvelle-Calédonie : un séisme de magnitude 7,7 enregistré au sud-est du territoire, l'alerte au tsunami levée


Risques d'inondations et de crues

Les inondations en Nouvelle-Calédonie représentent un risque majeur, en raison des fortes pluies tropicales et des cyclones qui frappent régulièrement l'archipel.

Ces événements peuvent provoquer des crues soudaines, notamment dans les vallées et les zones urbaines proches des cours d'eau, entraînant des pertes matérielles importantes et mettant en danger les vies humaines. Les infrastructures insuffisantes, l'urbanisation croissante et la déforestation accentuent la vulnérabilité des territoires, réduisant la capacité naturelle d'absorption des sols. En outre, les inondations affectent souvent l'agriculture, détruisant les cultures et perturbant l'approvisionnement alimentaire. Face à ces risques, une meilleure gestion des zones inondables et des systèmes d'alerte précoce s'avèrent essentielles pour protéger les populations et leurs biens.

Les inondations modifient les écosystèmes aquatiques et terrestres, perturbant la faune et la flore locales. Elles peuvent aussi entraîner l'érosion des sols et la perte de terres agricoles. Elles peuvent aussi entraîner des épidémies, comme le choléra ou la dengue, à cause de la contamination des sources d'eau. Les eaux stagnantes créent des conditions propices à la prolifération de moustiques et de bactéries.

De plus, les inondations endommagent les infrastructures, les habitations et les routes, perturbant la vie quotidienne et l'économie locale. Les pertes de récoltes, les dégâts matériels et les coûts liés aux interventions d'urgence génèrent des impacts financiers importants pour les populations et les autorités locales. Elles peuvent aussi entraîner des déplacements de population et une perte de revenus pour les secteurs agricoles et commerciaux.

Grâce au logiciel "Georep.nc" nous pouvons visualiser les zones inondables en Nouvelle-Calédonie, ici, nous avons effectuer un zoom sur la ville de Dumbéa où la hauteur d'eau pour une période de retour 100 ans est de plus 1,5 mètre.


Risques d'incendies de forêt

La Nouvelle-Calédonie, régulièrement frappée par des feux de brousse, subit des conséquences graves, particulièrement en période de sécheresse, exacerbée par le réchauffement climatique.

Ces incendies, alimentés par le climat chaud, les vents forts et la végétation sèche, menacent à la fois la biodiversité locale, en détruisant des écosystèmes uniques et protégés comme la forêt sèche ou les maquis miniers ainsi que les communautés humaines, en dévastant les habitations rurales et les infrastructures proches des zones forestières.

Lors de l'énorme feu subi par le Nord de Païta en octobre 2017.

En outre, ces feux entraînent des émissions de fumées toxiques, nuisant à la santé respiratoire des populations, et réduisent les terres agricoles, provoquant la perte de bétail. Les incendies impactent également le tourisme, une ressource économique clé pour l'archipel et ont des effets dévastateurs à long terme sur l'environnement.

Les incendies de 2020, par exemple, ont détruit des milliers d'hectares de végétation sur la Grande Terre. Face à ces risques, une gestion préventive, incluant débroussaillage, prévention, auto responsabilisation et contrôles réguliers, s'avère essentielle pour limiter les effets destructeurs des incendies.

 Vulcain  : un outil dans la lutte contre les incendies en Nouvelle-Calédonie


Glissements de terrain

Les pluies torrentielles, surtout en saison cyclonique, ou les secousses sismiques peuvent provoquer des glissements de terrain dans les régions montagneuses de la Grande Terre. Effondrement de routes, coupures des axes de communication. Ensevelissement de maisons ou de cultures, entraînant des pertes matérielles et humaines. Perturbation des réseaux d’eau potable, d’électricité ou de télécommunications. Impact sur l’agriculture et l’approvisionnement en produits alimentaires. Plusieurs épisodes de glissements de terrain ont bloqué des routes et isolés des villages après des pluies intenses.

Ci-contre à Nouméa sur un axe routier très fréquenté menant de l'Anse Vata au Ouen Toro.

Ces risques sont amenés à se produire plus souvent en raison de l'accélération des effets du changement climatique sur la stabilité de certains sols.


Risques anthropiques

Sources Géorep : Maintenant et en 1976 à Voh Koniambo, aménagements du massif au littoral et effets environnementaux.

Risque industriel et pollution minière

La Nouvelle-Calédonie est l’un des plus grands producteurs de nickel au monde. L’extraction minière entraîne des risques de pollution, notamment la dispersion de métaux lourds dans l’air et dans les cours d’eaux jusqu'aux eaux du lagon. Pollution des sols et des eaux, affectant la santé des populations et l’écosystème, dont de potentiels dégâts à la biodiversité marine et terrestre. En 2014, une fuite de produits toxiques d’une usine de nickel a pollué une rivière locale, affectant la pêche et la santé publique des communautés proches des sites miniers.

Les mines en Nouvelle-Calédonie, qu'elles soient en activité ou abandonnées, représentent un danger environnemental et sanitaire majeur.

L'exploitation minière, notamment celle du nickel, laisse derrière elle des sols pollués, des eaux contaminées et des risques pour la biodiversité locale. Les résidus miniers, souvent mal gérés, peuvent se retrouver dans les cours d'eau et affecter les populations locales, notamment les Kanak, qui dépendent des ressources naturelles pour leur subsistance.

De plus, les mines abandonnées peuvent devenir des zones dangereuses, tant pour la faune que pour les humains, en raison de la présence de métaux lourds et de produits chimiques. Les efforts de réhabilitation sont essentiels pour limiter ces risques, mais les défis demeurent considérables.

La pollution des sols et des eaux par les résidus miniers, les métaux lourds et les produits chimiques dégrade les écosystèmes locaux et menace la biodiversité. Les zones d’exploitation minière peuvent devenir stériles et non récupérables à long terme.

L'exposition à des substances toxiques peut aussi causer des maladies chroniques, notamment des troubles respiratoires et des cancers.

Enfin, les conflits sociaux liés à l’exploitation minière (notamment avec les communautés kanak) peuvent créer des tensions et des inégalités. Par ailleurs, l’abandon de mines sans réhabilitation génère un lourd coût pour les autorités et retarde le développement durable de certaines régions.

Nous avons ici, une cartographie des différentes carrières autorisées mais aussi des zones où l'activité minière est interdite, notamment dans des lieux protégés comme les îlots et le parc de la rivière bleue. Cela montre que même si l'activité minière en Nouvelle-Calédonie représente une partie très importante de son économie, des stratégies sont mises en place pour préserver son territoire.


Risque de la disparition de la biodiversité

La biodiversité désigne l’ensemble des êtres vivants ainsi que les écosystèmes dans lesquels ils vivent. Ce terme comprend également les interactions des espèces entre elles et avec leurs milieux.

D'après l'office Française de la biodiversité (https://www.ofb.gouv.fr)

La Nouvelle-Calédonie, avec sa biodiversité unique au monde, fait face à de nombreux risques menaçant son équilibre fragile. L'introduction d'espèces invasives, qu'elles soient animales ou végétales, perturbe gravement les écosystèmes locaux, menaçant la survie de nombreuses espèces endémiques. L'exploitation minière, l'urbanisation croissante et les incendies contribuent également à la dégradation des habitats naturels, mettant en péril des espèces rares et vulnérables.

Par ailleurs, les effets du changement climatique, tels que l'élévation du niveau de la mer et les phénomènes météorologiques extrêmes, accentuent ces menaces. La préservation de cette biodiversité exceptionnelle nécessite des efforts coordonnés en matière de conservation et de gestion durable des ressources naturelles.

"Flore 4973 ; Faune 8865 ; Fonge 621 ; Endémique 7927 ; Protégée 1876 "

Nombre d'espèces - Données issues du site endemia.nc - Faune et Flore de Nouvelle-Calédonie datant du 29/10/2024

Ces données montrent à quel point la diversité en Nouvelle-Calédonie est grande, surtout car ces chiffres issues de "endemia.nc" datent du 29 octobre 2024 mais que régulièrement ces chiffres augmentent car toutes les espèces d'être vivant en Nouvelle-Calédonie n'ont pas été encore découverte.

C'est pour cela qu'il est d'autant plus important de protéger cette biodiversité, sinon il y aura peut être des espèces qui disparaîtront avant même d'être découverte. Le site "endemia.nc" permet justement de se renseigner sur cette diversité biologique afin de sensibiliser le grand public.

endemia.nc - Faune et Flore de Nouvelle-Calédonie


Risques sanitaires épidémiologique

En raison de son climat tropical et de la mobilité des populations, la Nouvelle-Calédonie est exposée à des épidémies comme la dengue particulièrement celle de type 2 , ou la leptospirose, surtout en saison des pluies.

Les risques de tels épidémies sont très importants car les infrastructures médicales se retrouvent rapidement saturées, on observe une déstabilisation des activités économiques (agriculture, tourisme) en raison des restrictions sanitaires et enfin les risques de propagation rapide dans les zones densément peuplées, augmentant les risques pour les personnes fragiles (personnes âgées, jeunes enfants).

La transmission du virus de la dengue. Infographie : Patricia Crezen (  Comment la dengue se transmet-elle ? | Les Nouvelles Calédoniennes) 

La dengue a connu plusieurs épisodes épidémiques en Nouvelle-Calédonie, avec des centaines de cas chaque année, notamment lors des saisons humides. Cependant face à ces crises sanitaires répétitive des solutions ont été mises en œuvres pour limiter voir éradiquer ce risque qui pesait sur la Nouvelle-Calédonie.

Tout d'abord, la sensibilisation de la population est une étape important : comment se transmet la dengue ? Quels sont les symptômes ? Quels sont les mesures à prendre lorsqu'on tombe malade ? Voici les questions aux quelles les campagnes de sensibilisation ont tenté de répondre.

Wolbachia, une bactérie pour lutter contre la dengue

En parallèle, la mise en place de recherche pour lutter directement contre le virus a été mise en place. Et en 2018, une bactérie nommée Wolbachia a été utilisé pour lutter contre la dengue, ce programme se nomme World Mosquito.

Cette vidéo explique les enjeux de ce programme ainsi que de quelle manière il a été mis en place.

Conclusion

Nous avons vu que les risques majeurs en Nouvelle-Calédonie sont principalement liés à sa situation géographique dans le Pacifique Sud, exposée aux aléas climatiques et géologiques. Qu’il s’agisse des cyclones, séismes, tsunamis ou des risques industriels, chaque risque peut entraîner des conséquences dévastatrices tant pour la population, l'économie que pour l'environnement. La prévention, la résilience des infrastructures et l’adaptation aux changements climatiques sont donc des enjeux essentiels pour cette région où l'équilibre est si fragile.

Ainsi, on peut voir que la Nouvelle-Calédonie a bien pris conscience de ces enjeux. Par le "Portail Géorisque de Nouvelle-Calédonie", les autorités locales permettent aux Calédoniens de s'informer sur certains des risques afin de mieux préserver ce territoire et développer la culture du risque des habitants.

d’après la sécurité civile de Nouvelle-Calédonie

Sources Géorep : Maintenant et en 1976 à Voh Koniambo, aménagements du massif au littoral et effets environnementaux.

La transmission du virus de la dengue. Infographie : Patricia Crezen (  Comment la dengue se transmet-elle ? | Les Nouvelles Calédoniennes)