Parcours mémoriel Seconde Guerre mondiale

L'empreinte de la Seconde Guerre mondiale à Boulogne-Billancourt

l'armée de libération Avenue Edouard Vaillant (actuellement 52 avenue du Général Leclerc)

Occupation et Résistance

Boulogne-Billancourt, ville occupée

Dès 1939 dans la crainte d’une attaque par les gaz,  un poste de secours  comportant 100 lits est installé dans les sous-sols de la mairie.

Occupation

Le 14 juin 1940, les troupes allemandes entrent à l’aube dans Boulogne, venant de Paris en deux colonnes, l’une passant par l’avenue Édouard Vaillant et se dirigeant vers le pont de Sèvres, l’autre par l’avenue Jean-Baptiste Clément pour rejoindre le pont de Saint-Cloud. Cependant la ville qui sera en août rattachée à la Kreis kommandantur de Montrouge ne sera occupée que progressivement jusqu’en septembre. L’école Dupanloup est parmi les premiers locaux occupés, puis les Allemands réquisitionnent peu à peu environ 100 bâtiments, qu’il s’agisse d’hôtels particuliers du Parc des Princes ou de la rue de Sèvres désertés par leurs habitants, du château Rothschild, d’écoles ou bien encore de garages ou de locaux industriels.

 L’ancien hôtel « Le Select »  installé au 16 quai de Stalingrad est ainsi utilisé comme Soldatenheim (maison du soldat allemand) tandis que le bureau de placement allemand (préfigurant le STO) s’installe au  216 boulevard Jean Jaurès .

 Les obsèques du maire André Morizet  ont lieu le 4 avril 1942 et 500 personnes y assistent. Les Allemands autorisent l’exposition du cercueil couvert de violettes de parme au pied de l’escalier de l’hôtel de ville.  Le docteur Albert Bezançon  lui rend hommage au nom du personnel municipal :

"Monsieur Morizet aimait sa ville comme un marin aime son bateau. Gardons-lui notre douloureuse reconnaissance"

Un arrêté du Ministre de l’Intérieur du 4 avril 1942 nomme Robert Colmar maire. Le 16 juin 1942 un arrêté signé Laval constitue le nouveau conseil municipal composé de notables boulonnais.

Après 1942 les Allemands installent à Boulogne-Billancourt une DCA (défense contre avions) importante sur l’hôtel de ville, aux ponts de Sèvres et de Saint-Cloud, sur différents immeubles de la ville et un poste de brouillage est installé au château Rothschild. Du 1er juillet 1940 au 19 août 1944 les Allemands y installent l’Etat Major de la Kriegsmarine.

Quelques lieux occupés :

 Stefan Martens , Directeur-adjoint de l'IHA (Institut Historique Allemand) de Paris a élaboré une cartographie de l'installation des forces d'occupation allemandes (militaires et civiles) dans toute la France. Celle-ci est consultable à cette adresse :  http://adresses-france-occupee.fr/# 


Boulogne-Billancourt, ville Résistante

La Résistance à Boulogne-Billancourt est encore bien méconnue. Seules quelques personnalités émergent, pour la plupart parce qu’elles ont été victimes de la répression, et seuls quelques récits de faits nous ont été transmis.

Centres de résistance

Résistance

L'Affaire Kellner raconte l'histoire fascinante de la manière dont certains des membres les plus influents de l'entreprise de voitures de luxe de France avant la guerre se sont réunis et ont combattu courageusement contre la force d'occupation nazie à Paris. Il pénètre profondément dans leur talent, leur travail, leur vie et leurs proches, en s'appuyant sur des documents d'archives récemment découverts. C'est le premier compte rendu factuel de ce qui s'est passé avant cette belle journée de printemps et de ce qui a suivi : ce qui s'est passé, comment cela s'est produit, qui était à blâmer, qui a été puni et qui ne l'a pas été. CONSULTABLE AUX ARCHIVES MUNICIPALES

La Déportation et Les Justes parmi les Nations

Déportation - Les Justes parmi les Nations

  • Témoignage de Robert Créange qui avait onze ans en 1942, recueilli le 14 juin 1991 par Nadine Claverie :

« Depuis un moment déjà mon père se cachait parce que les Allemands étaient venus perquisitionner à notre domicile à Boulogne où nous habitions à ce moment-là, 4 bis rue de Buzenval, aujourd’hui rue Anna Jacquin. Mon père se cachait donc près des Buttes Chaumont, dans un appartement. Après bien des hésitations, mes parents ont décidé de passer dans ce qu’on appelait, à ce moment-là, la zone libre. Au mois de juillet 1942, par des intermédiaires dont je n’ai plus le souvenir, ils ont contacté un passeur qui, moyennant finances, se faisait fort de faire passer des personnes recherchées, de la zone occupée à la zone libre. Nous sommes donc partis en juillet 1942 pour essayer de passer la ligne. Nous étions un groupe de six personnes. Il y avait mon père, ma mère, mon grand-père, ma sœur qui avait, elle, treize ans, moi et j’ai le souvenir qu’il y avait également une jeune femme polonaise mais j’ignore absolument qui elle était. Je n’ai jamais su ce qu’elle était devenue. Donc, à un moment, sur la route, ma sœur et moi on était très fatigués de marcher et le passeur qui avait une bicyclette nous avait emmenés sur le porte-bagages, peut-être à trois cents ou quatre cents mètres en avant, et nous attendions que nos parents nous rejoignent. Nous étions dans un petit pré qui surplombait la route. Et puis, comme ils tardaient nous étions évidemment extrêmement angoissés. Nous sommes descendus sur la route où il y avait un virage et, en allant à ce virage, on a vu les Allemands qui étaient là et qui avaient arrêté mes parents, mon grand-père. Le passeur discutait tranquillement avec eux. Il était manifestement rémunéré également par les Allemands pour leur vendre des gens qui le payaient pour leur faire passer la ligne de démarcation. On a vu mes parents et mon grand-père emmenés en auto ».

La famille Créange



  • Nina Berberova raconte dans « C’est moi qui souligne » l’arrestation à Boulogne par des policiers français , le 16 juin 1942, de son amie juive Olga Margolina :

« une demi-heure plus tard je me trouvais à la mairie de Boulogne. En m’approchant de cette énorme bâtisse « style moderne », je voyais converger de tous côtés des femmes avec des enfants. Elles étaient escortées par des policiers français. On les conduisait au sous-sol de la mairie d’où parvenaient des bruits de voix inquiètes. On ne voyait pas d’Allemands. (…) Je l’ai vue pour la dernière fois lorsque à quatre heures de l’après-midi, le 16 juin, on l’a poussée avec son baluchon dans un camion ouvert, le quatrième de la file, cerné par la police.(…) Puis arrivèrent d’autres camions (…) Ils sont repartis les uns après les autres, comme nous l’avons appris plus tard, chargés de femmes, jusque tard dans la nuit. »


Les Bombardements

Durant la Seconde Guerre mondiale la ville de Boulogne-Billancourt a été durement meurtrie et endeuillée par quatre bombardements alliés qui visaient les usines Renault travaillant pour l’Allemagne nazie afin de les sanctionner et d’interrompre leur production.

Monument à la mémoire des victimes des bombardements - Cimetière Pierre Grenier

La première attaque, effectuée par la Royal Air Force britannique, a lieu le 3 mars 1942 et fait 373 morts et 317 blessés. La seconde a lieu le 4 avril 1943 et le passage des bombardiers laisse derrière lui 313 morts et 518 blessés grièvement

03 mars 1942

Le 03 mars 1942

Usines Renault

Le 03 mars 1942

Usines Salmson

102 bis rue du Point du Jour

Le 03 mars 1942

Façade de l'Hôtel de ville avec vitres brisées

Le 03 mars 1942

l'Hôpital Ambroise Paré

82 rue de Saint Cloud (actuelle rue Yves Kermen)

Le 03 mars 1942

Le 03 mars 1942

Rue des Fossés saint-Denis

3 mars 1942

04 avril 1943

04 avril 1943

Le 04 avril 1943

117 rue du Vieux Pont de Sèvres

Le 04 avril 1943

32-34 rue de Solferino

Le 04 avril 1943

121 route de laReine

Le 04 avril 1943

Ecole de garçons - Rue de Clamart

Le 04 avril 1943

Entrée du métro Station Pont de Sèvres

Le 04 avril 1943

26 avenue André Morizet

Obsèques des victimes

03 septembre 1943

03 septembre 1943

Avenue Edouard-Vaillant (aujourd'hui : avenue du Général Leclerc)

15 septembre 1943

15 septembre 1943

Densité des bombardements par dates

Densité de tous les bombardements

Tous les bombardements

cette série a été réalisée à partir de la numérisation d' une carte  conservée au Service des Archives.

Après la guerre...

Après la guerre, on dresse le bilan des bâtiments complètement ou partiellement sinistrés, à l'aide de cartes, afin de préparer la Reconstruction.

Aujourd'hui encore (le 06 février 2011): 

février 2011 : Le secteur d'évacuation...

La Libération

Témoignage d’Edmond Le Garrec publié dans le bulletin n°9 (décembre 1974) de la section d’histoire des usines Renault :

« vers 17 heures, nous avions vu arriver les premiers chars de l’armée Leclerc. J’étais avec quelques camarades derrière la barricade barrant le pont de Sèvres, côté Billancourt, quand nous vîmes arriver à très faible allure quelques tanks précédés de soldats qui longeaient les murs puis les parapets du pont. Était-ce des allemands qui se repliaient ? Notre cœur battait. Puis d’un coup il n’y eut plus de doute. Le costume de ces combattants n’était pas celui des frisés. Alors se déroula une scène inimaginable, indescriptible. L’avenue Edouard Vaillant, quasiment déserte, car des engagements avaient lieu dans divers points de Paris et les coups de canon et les rafales de mitraillettes avaient incité les gens à la prudence et à se mettre à l’abri, fut en quelques minutes envahie par une foule en délire. Tout le monde criait, chantait, riait, pleurait. Hommes, femmes, vieillards, enfants voulaient toucher, embrasser ces petits soldats français, ces garçons de chez nous, qui nous apportaient l’espérance et la liberté. Les cinq ou six chars d’assaut qui s’étaient arrêtés après avoir franchi la Seine stationnèrent toute la nuit en face de l’entrée de la fonderie d’aluminium. Ils repartirent le lendemain matin après avoir été rejoints par des camions et ravitaillés en munitions et essence. Et ce fut le défilé triomphal des éléments motorisés et des camions-transports de troupes de l’armée Leclerc. »

Le Comité Local de Libération

Présentation à l'Hôtel de Ville

Le drapeau est hissé sur la façade arrière...

La Libération

Témoins d'une période compliquée de notre histoire, ces plaques ont parfois eu une vie mouvementée. En témoignent ces échanges de courrier au sujet d'un accident survenu à l'une d'entre elles :

La société Blanchisseries et Teintureries de France écrit à l'Association Nationale des Anciens Combattants des FFI - FTP, à propos de l'accident survenu à la plaque apposée en hommage à Henri Bizet au pont des Peupliers.

La même société écrit au Maire-Adjoint.

Le secrétaire de l'Association Nationale des Anciens Combattants des FFI - FTP écrit à l'Ingénieur des Ponts et Chaussées - Subdivision de Vanves

Le devis lié à la réinstallation de la plaque.

Les Morts pour la France

Des noms...

et des photos...

Morts pour la France

    Hommages

    Hommages

    Par l’apposition de plaques, l’attribution de noms de rues et l’érection de stèles et monuments la ville de Boulogne-Billancourt a toujours tenu à rendre hommage aux héros et martyrs boulonnais comme à des personnalités d’envergure nationale (le général de Gaulle, le général Leclerc, les maréchaux de Lattre de Tassigny et Juin). Certaines rues rappellent aussi le souvenir d'événements marquants ou de batailles (Bir-Hakeim, Koufra, quai de Stalingrad, 6 juin 1944 et 25 août 1944, Rond-point Rhin et Danube).

    Passage du Colonel Arnould

    Maternelle Jean Guillon

    Passage Jean Hemmen

    Avenue du Maréchal Juin

    Passerelle Constant-Lemaître (père et fils)

    La Résidence du Rouvray - 15 rue des Abondances

    Aujourd'hui, les plaques commémoratives connaissent parfois bien des vicissitudes.

    Ainsi celle qui a été apposée en hommage à Henri Bizet au pont d’Issy a été projetée dans la Seine dès 1946 lors d’un  accident avec un camion de blanchisseurs qui a heurté le parapet . Celle-ci a été remise en place deux ans plus tard. Celle qui avait été fixée à l’angle du quai Le Gallo et du pont de Sèvres en hommage à la 2ème DB s’est décrochée, a été transportée au dépôt de voirie pour la protéger puis est tombée dans l’oubli avant d’être redécouverte et remise en place en 2013.

    D’autres ont, de manière inqualifiable, été victimes d’actes de vandalisme comme celle de Robert Peres au pont de Saint Cloud qui était couverte de tags et vient d’être remise en état à l’occasion du lancement de ce site.  Ou encore celle de Louis Lazennec qui vient d’être restaurée mais avait déjà été refaite en janvier 1978 à la suite d’un acte de vandalisme .

    D’où l’importance de faire connaitre et protéger ce patrimoine mémoriel qui a été entretenu avec soin par les municipalités successives et les Anciens Combattants. Il nous appartient de poursuivre avec la même diligence sa conservation et sa restauration lorsque cela est nécessaire afin de maintenir le souvenir de moments historiques et la mémoire d’hommes ayant accompli des actes héroïques.


    Quelques ouvrages consultables aux Archives Municipales :

    • BERBEROVA (Nina), C’est moi qui souligne ; Actes sud, coll. Babel, 2008
    • CLAVERIE (Nadine), De la Résistance à la Déportation Boulogne-Billancourt dans la Seconde Guerre mondiale ; 1994.
    • COURATIER (Eugène) et BEZANCON (Albert), Boulogne-Billancourt et son histoire, Editions du Pas-de-Calais, 1970, p.233-251.
    • DODD (Lindsey), French children under the allied bombs 1940-1945 an oral history ; Manchester university Press, 2016.
    • FLORENTIN (Eddy), Quand les Alliés bombardaient la France 1940-1945 ; Perrin, 1977.
    • GUILLOT (Pascal), André Morizet un maire constructeur dans le Grand Paris (1876-1942) ; édit. Creaphis, 2013.
    • LARSEN (Peter M.) et ERICKSON (Ben), The Kellner Affair ; Dalton Watson Fine Books, 2018 (3 tomes)
    • LAZARE (Lucien), Dictionnaire des Justes de France ; Yad Vashem, Fayard, 2003.
    • MERGUI (Joël), A la mémoire des déportés juifs des Hauts-de-Seine, Conseil général des Hauts-de-Seine, 2005.
    • Musée de la Résistance, Les Résistants 1940-1945 ; Berlin, 2015.
    • La Résistance en Île-de-France (DVD) ; AERI, 2004
    • TROUILLARD (Stéphanie) et LAMBERT (Thibaut),  Si je reviens un jour… les lettres retrouvées de Louise Pikovsky  ; Des ronds dans l’O éditions, 2020 .

    Mairie de Boulogne-Billancourt

    26 Avenue André-Morizet

    Archives

    Archives municipales

    Cartographie et mise en page

    Direction des Systèmes d'Information

    Photographies

    L'Affaire Kellner raconte l'histoire fascinante de la manière dont certains des membres les plus influents de l'entreprise de voitures de luxe de France avant la guerre se sont réunis et ont combattu courageusement contre la force d'occupation nazie à Paris. Il pénètre profondément dans leur talent, leur travail, leur vie et leurs proches, en s'appuyant sur des documents d'archives récemment découverts. C'est le premier compte rendu factuel de ce qui s'est passé avant cette belle journée de printemps et de ce qui a suivi : ce qui s'est passé, comment cela s'est produit, qui était à blâmer, qui a été puni et qui ne l'a pas été. CONSULTABLE AUX ARCHIVES MUNICIPALES

    La famille Créange

    Monument à la mémoire des victimes des bombardements - Cimetière Pierre Grenier

    Avenue Edouard-Vaillant (aujourd'hui : avenue du Général Leclerc)

    février 2011 : Le secteur d'évacuation...