
BIODIVERSITÉ FAUNIQUE
Minimiser les impacts sur la faune présente sur le territoire
Mise en contexte
L’étendue et la localisation d’un projet minier, ou de tout autre projet, peut occasionner des effets sur la biodiversité faunique, d’où l’importance de bien caractériser le milieu récepteur afin d’implanter un projet avec le moins d’impact possible sur le milieu naturel.
Le projet minier Horne 5 est assujetti à la procédure provinciale d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement (« ÉIE »). Pour évaluer l'impact potentiel du projet Horne 5 sur la biodiversité faunique, des études ont été réalisées sur la faune terrestre (tel que l'orignal et autres mammifères), l’herpétofaune (amphibiens et reptiles), l’avifaune (oiseaux), les chiroptères (chauves-souris) ainsi que la faune aquatique. Une attention particulière a été portée aux espèces fauniques à statut précaire.
État de référence
La connaissance de la biodiversité faunique, ainsi que de la répartition des espèces et de leurs habitats sur le territoire de Rouyn-Noranda, permet d’évaluer les éléments sensibles du milieu et les enjeux à considérer pour minimiser les impacts du projet minier Horne 5.
Inventaires
Les études fauniques ont été réalisées en deux principales étapes :
- Une évaluation du potentiel d’habitat pour différentes espèces ciblées, notamment les espèces à statut particulier potentiellement présentes dans la région.
- Des activités d’inventaires sur le terrain (réalisées entre 2016 et 2018) selon les protocoles recommandés par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (« MFFP ») visant à établir un portrait de la faune locale ainsi qu'à confirmer ou infirmer la présence d'espèces fauniques à statut particulier, ou d'habitats essentiels à leur survie.
Zones d'étude du projet minier Horne 5
La superficie du territoire étudié (zone d'étude) a tenu compte des habitats potentiellement utilisés par les groupes fauniques ciblés.
La faune caractéristique de la zone d'étude et de la zone d'inventaire est décrite par groupe faunique.
Espèces fauniques à statut précaire
Durant les inventaires sur le terrain, une attention particulière a été portée à la présence d'espèces à statut précaire sur le territoire, laquelle a d'abord fait l'objet d'une demande au Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (« CDPNQ »).
Le tableau suivant résume les espèces à statut précaire observées lors des différents inventaires et ceux susceptibles de s’y trouver :
Faune terrestre
La région de l’Abitibi-Témiscamingue comprend 4 espèces de la grande faune : l’orignal, le cerf de Virginie, l’ours noir et le caribou forestier. Parmi ces espèces, seul le caribou forestier a un statut particulier, l’espèce étant désignée vulnérable au Québec et menacée au Canada.
Parmi la petite faune, 23 espèces sont potentiellement présentes dans la zone d’étude, dont 3 ont un statut précaire, soit la belette pygmée et le cougar (susceptibles d'être désignés menacés ou vulnérables au Québec), ainsi que le carcajou (menacé au Québec).
Dix-huit espèces de micromammifères sont potentiellement présentes dans la zone d'étude, dont 2 ont un statut particulier, soit le campagnol-lemming de Cooper et le campagnol des rochers. Ces deux espèces sont susceptibles d'être désignées menacées ou vulnérables au Québec.
Une évaluation des habitats-clés potentiels pour ces espèces à statut particulier a été réalisée par analyse des informations cartographiques et des images aériennes du secteur. Les habitats les plus intéressants se trouvent dans le nord du territoire à l'étude, soit le long du rang Inmet et surtout au nord du site des installations de gestion des résidus miniers (« IGRM »). Toutefois, aucun inventaire spécifique pour ces espèces n'a été réalisé.
Herpétofaune
Au total, 9 espèces d’amphibiens et de reptiles ont été recensées, soit 6 anoures (grenouilles et rainettes) et 3 couleuvres. Ce sont toutes des espèces communes dans la région, à l’exception de la couleuvre verte qui est susceptible d'être désignée menacée ou vulnérable au Québec. Quelques autres observations de cette espèce sont d'ailleurs rapportées par le CDPNQ.
Stations d'inventaire de l'herpétofaune
Parmi les espèces de l’herpétofaune à statut particulier, seules la tortue mouchetée et la tortue des bois seraient susceptibles d’être présentes dans la région, mais les recherches sur le terrain n'ont pas permis de les détecter, malgré la présence d’habitats potentiellement propices.
Aucune tortue n’a été observée, bien que la tortue serpentine, la tortue peinte, la tortue des bois et la tortue mouchetée aient des observations de rapportées dans la région de l'Abitibi-Témiscamingue. Il en va de même pour les espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables, dont la rainette faux-grillon boréale et la salamandre à quatre orteils, pour lesquels des efforts d'inventaire particuliers ont été déployés sans pour autant les détecter.
Avifaune
Stations d'inventaire et zones de vol héliporté de l'avifaune
Durant les différents inventaires réalisés (observations au sol, survols héliportés, stations d'écoute active, détection électronique et inventaires nocturnes pour certaines espèces), environ 125 espèces d'oiseaux ont été observées ou entendues, dont environ une quarantaine d'espèces de sauvagine et d'oiseaux aquatiques.
Au total, c’est la présence de 7 espèces à statut précaire qui ont été confirmées dans les secteurs d'implantation projetés lors des différents inventaires, soit la paruline du Canada, l’engoulevent d’Amérique, l’engoulevent bois-pourri et le moucherolle à côtés olive, le hibou des marais, le quiscale rouilleux et le moucherolle à côtés olive (tous suceptibles d'être désignés menacés ou vulnérables au Québec), ainsi que le pygargue à tête blanche (vulnérable au Québec).
Chiroptères
Les inventaires acoustiques (enregistrement des cris) réalisés dans le cadre du projet ont permis de confirmer la présence de 4 espèces de chauves-souris (grande chauve-souris brune, ainsi que les chauves-souris argentée, rousse et cendrée), de même que des chauves-souris du genre Myotis ne pouvant pas être distinguées par ce protocole d'inventaire (petite chauve-souris brune et chauve-souris nordique).
Stations d'inventaire des chiroptères
Parmi les espèces recensées, les chauves-souris argentées, rousses et cendrées sont susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables au Québec. La petite chauve-souris brune et la chauve-souris nordique sont considérées en voie de disparition au Canada.
La plupart des espèces recensées sont arboricoles ou utilisent les arbres matures présentant des cavités dans une période de leur vie. Les peuplements forestiers matures sont, par conséquent, particulièrement propices pour les espèces à statut particulier recensées dans la zone d’étude. L'association de cours d’eau, plans d’eau et autres milieux humides avec des peuplements forestiers matures constitue un habitat clé pour les chiroptères. Notons que la présence probable d'un hibernacle à chauves-souris du genre Myotis, dans une des galeries du site Waite-Amulet, a été notée.
Faune aquatique
Les inventaires terrain ont été réalisés dans le secteur du complexe minier Horne 5 (« CMH5 »), des IGRM (plan d'eau de nature anthropique et des étangs de castor), des conduites de transport de résidus miniers et de l’eau de recirculation (13 cours d'eau), ainsi que dans le secteur de la conduite d'eau fraîche. Les inventaires ont confirmé la présence d'une quinzaine d'espèces de poissons communes de la région dans l'ensemble de ces habitats, sans toutefois y repérer d'espèce à statut précaire.
Impacts anticipés
Minimisation des impacts
Le projet minier Horne 5 intègre, dès sa conception, une minimisation des impacts sur les habitats fauniques.
- Aucun milieu naturel ne sera impacté par le CMH5 en raison de la nature industrielle du site retenu pour son implantation.
- Par souci de protection des habitats, les emplacements des conduites d’eau de recirculation et de résidus miniers et de la conduite d’eau fraîche ont été choisis en ayant comme objectif d’éviter le plus possible les milieux humides et hydriques. Ainsi, les corridors projetés suivront des emprises existantes (routes et lignes électriques) sur la majorité de leur parcours afin de minimiser les empiètements dans le milieu naturel. Ceci aura comme effet de ne pas fragmenter davantage les habitats traversés par ces infrastructures.
- Une portion de la superficie requise pour les IGRM est actuellement occupée par un parc à résidus et utilisée comme bassin de traitement des eaux, limitant les empiètements du projet dans le milieu naturel.
Faune terrestre
Les principaux impacts anticipés sur la faune sont le dérangement (perturbation) et l’empiètement des infrastructures dans le milieu naturel (habitat de ces espèces) durant les phases de construction, d’exploitation et de restauration du projet.
Il est à noter que les habitats touchés par le projet ne sont pas uniques. Ils sont communs dans la région. Ces derniers ont déjà été perturbés par des activités humaines, incluant des activités minières, en raison de la proximité du milieu urbain et périurbain, ce qui limite de nouvelles fragmentions d’habitats et l’empiètement sur les milieux naturels non perturbés.
Herpétofaune
Les activités, sources d’impacts susceptibles d’affecter l’herpétofaune se présentent principalement durant les phases de construction et d’exploitation. Les impacts durant la construction sont associés au déboisement, à l’aménagement de toutes les installations nécessaires au fonctionnement du projet Horne 5, ainsi qu’à la circulation. Par la suite, c’est l’exploitation même des installations qui impactera l’herpétofaune en général. Enfin, le démantèlement des installations risque également d’avoir un effet sur l’herpétofaune.
Avifaune
La construction et l’exploitation du projet Horne 5 sont susceptibles d’affecter l’avifaune. L’impact majeur sera principalement dû au déboisement ainsi qu’à la construction des différents aménagements nécessaires au projet Horne 5. L’exploitation du CMH5 et des IGRM aura également un impact sur l’avifaune. Enfin, les activités reliées à la restauration, tel que le démantèlement et le transport, risquent d’avoir aussi un impact.
Chiroptère
Les chiroptères sont susceptibles d’être impactés durant toute les phases du projet, que ce soit, la construction, l’exploitation ou même la fermeture. En effet, le déboisement, la construction, le transport, le démantèlement sont toutes des activités qui risquent d’avoir un impact sur les chiroptères. Ces effets seront moindres au CMH5 puisque celui-ci est situé en milieu industriel.
Faune aquatique
Bien que la conception et le choix des emplacements du projet aient visé à en minimiser l'empreinte dans les milieux naturels, les infrastructures projetées entraîneront des empiètements dans l'habitat du poisson, et ce, principalement au site des IGRM requérant une grande superficie.
Globalement, les pertes directes d'habitats du poisson qui résulteront de l'implantation du projet sont estimées à 54,6 ha, dont 99 % se retrouvent au niveau du site des IGRM. Il s'agit d'habitats fragmentés, parfois anthropiques (comme le bassin OX2, qui résulte de l’endiguement du ruisseau Vauze à l’époque de la création du parc à résidus Norbec) et de faible valeur écologique dans certains cas (ex. : le bassin OX2).
Les autres pertes mineures d'habitat du poisson résulteront de l'implantation des traversées de cours d'eau requises le long de l'emprise des conduites de transport des résidus miniers et de l'eau de recirculation, lesquelles nécessiteront des élargissements de ponceaux existants qui empièteront davantage dans les cours d'eau.
Mesures et engagements
Falco s'engage à mettre en place des mesures d'atténuation dès le début des travaux, et ce, jusqu'à la restauration et fermeture du site, afin de limiter les effets négatifs sur l'habitat et préserver les espèces fauniques à statut particulier.
Sans s'y restreindre, voici quelques-unes des principales mesures particulières applicables à la faune.
Faune terrestre
- Prévoir des activités de sensibilisation des travailleurs quant à la présence d'espèces à statut particulier afin de limiter le dérangement causé par les travaux et minimiser les risques de collision.
- Effectuer le déboisement et/ou travaux en dehors de la période critique pour les jeunes orignaux.
- Couverture des conduites sur certaines sections pour permettre le passage de la petite faune.
Herpétofaune
- Éviter la destruction et la perturbation d'hibernacles (couleuvres, tortues et anoures) en s'abstenant de remanier les sols tôt au printemps ou tard en automne et de toute intervention dans les cours d'eau d'octobre à avril.
- Disposer en bordure de l'emprise des conduites les troncs d'arbres non récupérés qui pourraient offrir des abris aux couleuvres et aux salamandres forestières.
- À la fin des travaux de construction et du démantèlement des installations, procéder au nettoyage et au reprofilage des surfaces perturbées pour favoriser la reprise naturelle de la végétation et stabiliser les sols. Au besoin, un ensemencement sera réalisé rapidement sur les aires de travail avec un mélange de semences approprié afin d'accélérer le processus de revégétalisation et éviter l'établissement d'espèces floristiques exotiques envahissantes.
Avifaune
- Effectuer le déboisement en dehors de la période de nidification des oiseaux.
- Sensibiliser les travailleurs quant à la présence potentielle de nids de pygargue à tête blanche et d’engoulevent. Advenant la découverte d’un nid à proximité des travaux, ceux-ci devront être interrompus jusqu’à la fin de la nidification.
- Éviter le dérangement des nids et des œufs des oiseaux migrateurs.
Chiroptères
- Effectuer le déboisement en dehors de la période des mises bas et d’élevages des chauves-souris.
- Préalablement au démantèlement d'un bâtiment ou autre installation, réaliser une inspection afin de vérifier son utilisation éventuelle comme maternité ou gîte de repos par les chiroptères. Si tel est le cas, des mesures de protection seront prises pour assurer la survie des chauves-souris.
- Dans un rayon de 1 km autour de l’hibernacle identifié dans l’une des galeries du site Waite-Amulet, effectuer les travaux susceptibles de causer du bruit et/ou des vibrations en dehors de la période d’hivernation.
Faune aquatique
Les pertes d’habitat du poisson résultant du projet doivent être compensées en vertu de la Loi sur les pêches du Canada et du Règlement sur les habitats fauniques du Québec. Falco évalue actuellement différents projets de compensation de l'habitat du poisson. Falco demeure aussi à l’affût de projets de compensation potentiels. Différentes parties prenantes pourraient être approchées afin d’identifier des projets potentiels de compensations à Rouyn-Noranda et en Abitibi-Témiscamingue.
Vous réactions
Vous êtes invités à partager vos impressions sur le contenu de cet écran en complétant le court questionnaire de 4 questions ci-dessous :