Greenlandia : au cœur d'une expédition scolaire

Des collégiens et collégiennes à la découverte du Grand Nord

Ambassadeurs du projet d’ethnologie climatique Greenlandia, sur lequel ils travaillent depuis 2020, 16 élèves de 3ème du collège de Fontenay à Chartres-de-Bretagne se sont envolés le 3 avril dernier, destination le village d’Ittoqqortoormiit, petit village de 354 âmes au Groenland. Bien plus qu’un séjour scolaire, c’est une véritable expédition. Une aventure exceptionnelle dans la continuité de plus d’un an et demi de travail en classe, rythmé par la découverte du mode de vie inuit, plusieurs visios avec la classe de l’école du village, les interventions de scientifiques de Greenlandia, tous passionnés.

Greenlandia, c’est quoi ?

Initiative française, Greenlandia est un projet d’ethnologie climatique, pluridisciplinaire, visant à recueillir et transmettre la parole aux populations les plus impactées par les effets du réchauffement climatique. Parrainé par l’explorateur Jean-Louis Étienne, Greenlandia s’articule autour de trois missions fondamentales : scientifique, documentaire et pédagogique.

Depuis 2015 et jusqu’en 2025, des scientifiques se relayent dans le village inuit pour réaliser les ambitions du projet. Un travail de titan sur les traces du commandant Jean-Baptiste Charcot, le premier à avoir foulé le sol groenlandais. L’objectif : sensibiliser les jeunes générations aux enjeux du réchauffement climatique, et ainsi, susciter des prises de conscience pour inciter au changement de comportements.

De jeunes bretilliens.nes ambassadeurs de Greenlandia

Sous l’impulsion de leur professeure de sciences physiques, Julie Vigneau, les élèves bretilliens.nes ont débuté en septembre 2020 un travail en partenariat avec les équipes de Greenlandia. Étude de la culture inuit, de la faune et de la flore, du mode de vie, des roches, des grands explorateurs… Une véritable plongée au cœur de l’Arctique, de sa beauté et de sa complexité. Une manière aussi d'être les témoins actifs et vigilants des conséquences du réchauffement climatique. Un travail basé sur l'investissement des élèves. « Tous les élèves participant au projet sont volontaires, tous les jeudis midis, le club Greenlandia se réunit pour écrire les newsletters, avancer sur le projet. Ils ont réalisé une exposition, beaucoup se sont vraiment investis », explique l’enseignante.

Les élèves participant au projet ont réalisé de nombreux ateliers en classe, ont pu échanger avec des scientifiques de Greenlandia et ont réalisé une exposition sur le Grand Nord présentée lors du festival "J'agis pour ma planète" .

Ittoqqortoormiit ou Illoqqortoormiut, anciennement Scoresbysund en danois, se situe au Sud-Est du Groenland, la plus grande île du monde.

« Dans ce village isolé du cercle polaire arctique, la chasse traditionnelle, déjà limitée par des quotas, est aujourd’hui menacée par le dérèglement climatique. La banquise fond inexorablement, et avec elle, ce mode de vie » - Projet Greenlandia.

Peuplé de 354 habitants, le village d'Ittoqqortoormiit, au Groenland, camp de base du commandant Charcot et bientôt celui des 16 collégiens et collégiennes de Chartres-de-Bretagne.

8 juin 2021 : les élèves brisent la glace

Après avoir travaillé plusieurs mois sur le projet, les élèves de la quatrième D ont enfin pu rencontrer les élèves groenlandais du village Ittoqqortoormiit en juin 2021. Une rencontre virtuelle à 2400 kilomètres de distance particulièrement forte en émotions. Quelque peu intimidés au début, entre curiosité et fébrilité, les élèves ont rapidement commencé à discuter, échanger, rire en anglais, avec les élèves de cette école de l’autre bout du monde.

Jeunes Groenlandais et Français se sont même assez vite trouvé des passions communes, comme le foot. Grâce à la magie de la visio, les collégiens ont aussi eu la chance de pouvoir observer en direct un panorama exceptionnel : le village recouvert de neige et la banquise au loin.

À l’unanimité, cette première rencontre restera gravée dans leurs mémoires. « On a adoré la visio avec les élèves du village d’Itto car c’était drôle, nous nous sommes rendus compte qu’on avait plein de points communs (le foot) », expliquent Djalane, Madi et Wyatt. « Nous avons pu communiquer avec les Inuits pour la première fois et on a pu leur poser des questions directement » soulignent Mila, Monika, Zoé et Anna.

« Nous étions pressés de les voir et de les connaitre mieux. Nous aimerions de nouveau échanger avec eux », ajoutent Samuel et Kylian. Mila, Monika, Zoé et Anna rêvent même de s’envoler pour découvrir ces terres glaciales : « Le projet Greenlandia nous a appris plein de choses qui nous ont permis de faire évoluer notre façon de penser. Nous rêvons d’aller rencontrer en vrai nos amis de là-bas ». Même sentiment pour Colin, Baptiste, Esoan et Elouen : « Ce projet Greenlandia est rempli d’informations et de choses intéressantes à découvrir ».

Les élèves ont pu échanger avec Daphnée Victor, qui a évoqué avec eux l’histoire de son père Paul-Emile Victor, scientifique, ethnologue, écrivain français et fondateur de la structure Expéditions Polaires Françaises qui a initié et organisé de nombreuses expéditions polaires en Arctique et Antarctique entre 1947 et 1992. Daphnée Victor a expliqué la relation spécifique entretenue par son père avec le village d’Ammassalik (Tasiilaq), situé sur la même côte Est qu’Ittoqqortoormiit.

Sur le départ ! Destination : Ittoqqortoormiit

Le 3 avril prochain, les élèves arriveront dans le village d'Ittoqqortoormiit.

Chartres-de-Bretagne → Paris Charles de Gaulles → Reykjavik en Islande pour une nuit → atterrissage à l’aéroport de Nerlerit Inaat, avant de rejoindre en hélicoptère le village d’Ittoqqortoormiit, situé à 40 kilomètres au Sud-Est : c’est le périple extraordinaire que se préparent à faire les élèves dans quelques semaines. Accompagnés de 3 de leurs professeurs et de 2 membres de Greenlandia : Vincent Hilaire et Xavier Bougeard, ces jeunes - qui n’ont pour certains jamais pris l’avion ou le train - vont se mettre dans la peau de célèbres explorateurs comme Jean-Baptiste Charcot ou Paul-Emile Victor.

1er mars : rencontres et visio pour préparer le voyage

Visite de l’école EJNAR MICKELSEN

Grâce à une liaison internet impeccable, les élèves ont pu découvrir le message écrit par les jeunes Groenlandais en français sur le tableau. « Bonjour la France, Aujourd’hui, le temps est clair, le soleil est légèrement nuageux et tempéré et il fait environ -20 degrés ». « In France, it’s cloudy », enchaîne Delphine Gourault, leur professeure d’Anglais. Après le point météo, les collégiens.nes ont pu échanger en direct avec les jeunes Groenlandais. L’occasion de faire les présentations mutuelles en anglais et de se découvrir des points communs : des groupes de musique comme Bigflo et Oli ou le rappeur XXXtentacion, mais aussi le football ou les Avengers. Juluut et Matthias, les deux professeurs sur place, ont orienté la caméra vers l’extérieur, le temps d’admirer un soleil éblouissant, l’étendue de neige immaculée et les petites maisons colorées.

Les élèves se sont brièvement présentés en anglais aux jeunes d'Ittoqqortoormiit.

Puis, les élèves ont eu le droit à une visite en direct de l’école d’Ittoqqortoormiit, où sont scolarisés 55 enfants. Salle des professeurs, foyer socio-éducatif, ordinateurs en libre accès, bibliothèque… Les jeunes Français retrouvent des repères, ponctués de quelques surprises, comme cet atelier où sont entreposées des machines pour coudre les peaux de phoque.

"Préparez-vous à un voyage de rencontres"

Membre de l’équipe Greenlandia, Vincent Hilaire sera avec les élèves lors de leur voyage « sur la plus grande île du monde qui fait 4 fois et demi la France », comme il ne manque pas de le rappeler.

« Je vous rassure, on ne va pas dormir dans un igloo, comme vous le savez maintenant, ce n’est pas la réalité ». Niveau précautions d’usage, Vincent Hilaire rappelle l’importance de bien s’équiper. « La semaine dernière il faisait -22 degrés au village, prenez des vêtements chauds, préparez-vous à plusieurs scénarios côté température ». Les tempêtes ne sont pas rares à Ittoqqortoormiit et peuvent perturber les liaisons internet et aériennes.

Xaviez Bougeard, responsable pédagogique du projet Greenlandia.

« Vous allez vivre un moment exceptionnel de votre vie », prévient-il. « Préparez-vous à être le plus ouvert possible, à un voyage de rencontres, de découvertes. Ce sont eux qui vont vous guider. Ce sont les partages avec les habitants et bien sûr la météo qui décideront de nos activités ».

En résumé, ne pas arriver en terrain conquis reste la condition sine qua non pour un véritable partage avec les habitants. « Il faut faire très attention quand vous prenez des photos, toujours demander l’autorisation, même si cela vous parait anodin ».

"Ce n’est pas un simple voyage scolaire, c’est une expédition scolaire"

Étienne Walger, professeur de technologie, fait partie des professeurs qui vont accompagner les élèves.

Un avis partagé par Étienne Walger, professeur de technologie, qui fait partie des enseignants impliqués dans le projet. « On va leur demander d’être en capacité de s’adapter, de ne pas se plaindre de leurs petits bobos, d’abandonner leurs réseaux sociaux pour rester ouverts aux autres, à ce qu’ils vont vivre. C’est énorme ce qu’on leur demande ».

D’autant que cette posture se double d’une prise de conscience environnementale. "L’idée, c’est aussi de provoquer une vraie prise de conscience de notre impact sur la planète, on va limiter nos déchets sur place, voir les ramener avec nous quand c’est possible".

« Envie de découvrir un autre monde »

De gauche à droite : Aboutaleb, Paul, Samuel, Colin, Elouen, Elyza. Ces élèves de la 3ème D du collège Fontenay vont tous partir en expédition en avril prochain.

Partir à 2400 kilomètres dans une contrée lointaine et glacée quand on a 14 ans, ça fait quoi ?

Des envies ?

« J’ai envie de découvrir un autre monde », lance Aboutaleb. Même discours pour Colin, « J’ai envie de voir le plus de choses possibles, de découvrir leurs habitudes de vie. Par exemple, s’ils vont à la chasse tous les dimanches, je voudrais connaître ça, j’attends qu’ils m’emmènent dans leur univers ». « Prendre l’hélicoptère ! », dit Elouen, les yeux brillants.

Des voyages avant ?

"Je n’ai jamais pris l’avion, je suis seulement allé une fois avec le collège à Jersey et c’est tout. Je ne suis jamais allé à Paris non plus…" confie Samuel. Pour Elyza, ce sera la troisième fois en avion, mais une première sur un trajet aussi long " Je suis déjà allée en Corse et à Majorque, mais là c’est autre chose".

Des choses à partager ?

"Nous avons préparé des diaporamas, des petites vidéos, pour leur partager des choses de notre quotidien, faire voyager ceux qui ne sont jamais partis", explique Paul. Chez les Inuits, on n’apprend pas à nager, car l’eau est tellement froide, que tomber à l’eau est synonyme de mort. Elyza, qui pratique la natation en club, a envie de leur parler de sa passion pour la nage. "J’ai envie de leur parler de la nourriture locale, des galettes-saucisses, des crêpes", précise Colin.

Des peurs ?

"Les toilettes. Apparemment, ce ne sont pas forcément des toilettes comme nous, plutôt des sacs plastiques qu’il faut parfois vider", explique Samuel.

S'adapter au mode de vie inuit, un défi à relever pour les jeunes collégiens.nes.

Si le sujet « toilettes » cristallise l’inquiétude collective, les ingrédients des repas locaux nourrissent aussi quelques appréhensions. "Ils mangent du bœuf musqué, du phoque, de l’ours polaire, de la baleine", décrit Paul. "Là où j’aurais du mal, c'est s’il faut manger des morceaux crus, comme le poumon du phoque. Le chasseur doit manger une partie crue apparemment", poursuit Aboutaleb.

Peur d’Être attaqué par un ours

Tanguy Sandré, anthropologue, a aidé les élèves à analyser et déconstruire leurs peurs.

Les élèves ont pu justement partager leurs peurs avec Tanguy Sandré, jeune anthropologue de 26 ans intervenant dans la classe. Membre de Greenlandia, il a passé 1 mois à Ittoqqortoormiit, en tant qu’ethnologue pour étudier la vie sur place. Après avoir expliqué son métier, il a demandé aux élèves leurs peurs et les risques qu’ils pensaient courir.

« Être attaqué par un ours, se perdre, avoir froid, ne pas se comprendre, ne pas avoir de produits frais… ». À chaque crainte, sa solution : prévoir des vêtements chauds, ne pas s’éloigner du village. Quant aux produits frais, les membres de Greenlandia emporteront avec eux quelques denrées alimentaires.

Hej ! Vous parlez Tunumiit ?

Concernant la communication, durant son voyage sur place, Tanguy Sandré, anthropologue, a réalisé de nombreux enregistrements audio à partir desquels il a établi des traductions en français et en anglais avec les prononciations. L’occasion pour les élèves de s’exercer aux présentations dans le lexique Ittoqqortoormiit, dit le Tunumiit. Un précieux sésame pour tisser des liens car les jeunes Groenlandais n’étudient l’anglais qu’en LV4.

Après avoir étudié la théorie en classe sur le mode de vie et la culture inuits, ils passeront bientôt à la pratique en se rendant dans le village et en rencontrant les habitants.es.

Vous aussi, présentez-vous en Tunumiit !

  • "Hej ! Qaner alerarpi ?" = "Salut ! Comment tu t’appelles ?"
  • "Uarnga... mi alerapua" = "Je m’appelle…"

Bientôt sur les traces de Charcot !

En fin de journée, Anne Manipoud Charcot, arrière-petite fille du Commandant Charcot, a raconté aux élèves la vie extraordinaire de son aïeul. Médecin, marin, explorateur, il fut le premier à partir étudier les terres polaires de l’Arctique, à bord de son navire "le Français". Une première expédition polaire qui se déroula de 1903 à 1925. Entre 1925 et 1936, il mena pas moins de 8 missions estivales à bord de son navire « le Pourquoi pas ».

Ce pionnier des expéditions polaires françaises a d’ailleurs baptisé de nombreux lieux sur place dans cette partie du Groenland : Port Charcot, Anse du Français… En 1932-1933, il choisit comme camp de base le petit village d’Ittoqqortoormiit pour mener à bien ses recherches.

Dans quelques semaines, Elouen, Elyza, Aboutaleb et leurs camarades vont marcher sur les traces du commandant Charcot. Prélèvements de roches et de planctons en pleine nature, visite de la première station météorologique construite en 1932, du village scientifique, les adolescents.es vont vivre des cours de sciences naturelles grandeur nature.

Une grande place sera laissée aux rencontres et échanges avec les habitants. «Nous avons prévu beaucoup d’activités brise-glace pour que les jeunes Groenlandais et Français apprennent à se connaître, autour de chants, de musiques, des rencontres sportives aussi avec du football, du ping-pong… » explique Étienne Walger, leur professeur.

Les trois professeurs qui vont accompagner les élèves au Groenland. De gauche à droite : Delphine Gourault, professeure d'anglais, Julie Vigneau, professeure de sciences physiques et Étienne Walger, professeur de technologie.


3 avril : le grand départ

Les 16 élèves volontaires accompagnés de leurs professeurs et de Vincent Hilaire et Xavier Bougeard, membres de l'expédition Greenlandia, ont décollé le 3 avril pour l'Islande, première étape du périple.

JOUR 1 : voyage vers l'Islande

"Rendez-vous très matinal 5h40. Surprise : la gare n'ouvre qu'à 5h45…Tous les tests PCR sont négatifs. Nous pouvons partir l'esprit tranquille."

"Madame Vigneau a la bonne idée de vérifier que tout le monde a bien son passeport. Une élève pensait que la photocopie suffisait. Un aller retour chez elle est nécessaire. Les autres élèves montent dans le train. Le suspense dure presque jusqu'au départ du train. Pour finir, l'élève et madame Vigneau montent 4 minutes avant le départ avec le fameux passeport…"

"L'équipe de Greenlandia nous rejoint à ce moment là. Paris CDG, nous cherchons d'abord le terminal 2B et nous arrivons en avance. Nous en profitons pour écrire un courrier, faire un jeu… La suite ? La queue ! Pour enregistrer les bagages, faire contrôler le bagage de cabine et entrer dans l'avion, on a l'impression que ça dure des heures."

La vue de la cabine, direction l'Islande...

"L'avion décolle. Pour quelques uns d'entre nous c'est une première expérience, un petit bond dans le cœur à l'instant où l'avion quitté le sol…"

"Quelques heures de voyage plus tard, nous survolons l'Islande et nous apercevons son plus grand glacier. L'atterrissage se passe bien, le temps est un peu humide. Nous récupérons nos valises, attendons un peu que le matériel du caméraman passe la douane et prenons deux navettes pour l'auberge de jeunesse. Nous sommes en chambres de six. Et il y a du Wifi !"

JOUR 2 : direction Ittoqqortoormiit

Après une nuit en Islande, le groupe repart direction l'aéroport pour un vol vers le Groenland. Arrivés sur le petit aéroport de Nerlerit Inaat, les navettes en hélicoptère commencent pour les emmener jusqu'à leur destination finale : Ittoqqortoormiit.

"Nouvelle navette, direction l'aéroport de Reykjavik. L'enregistrement des bagages est plus rapide qu'à Paris, nous avons juste le temps d'acheter un sandwich à la boutique. Ceux qui auront pris une bouteille d'eau devront la boire "cul sec" avant de passer. L'avion était un Bombardier de 40 places presque complet."

"Au bout d'une heure de vol nous survolons la banquise et les côtes du Groenland. Blancheur, montagnes, icebergs, quel paysage magnifique !"

"L'air frais nous revigore dès notre descente de l'avion, nous comprenons que rapidement les gants et bonnets seront nos meilleurs amis. Un petit hélicoptère rouge est posé sur la piste, ce sera notre dernier moyen de transport vers Ittoqqortoormiit. Le premier groupe part rapidement, dans l'ordre imposé. Deux autres suivront mais ça s'arrêtera là par cause de manque de visibilité !"

"Deux autres suivront mais ça s'arrêtera là par cause de manque de visibilité ! Les voyageurs arrivés à Ittoq, après un inoubliable voyage en hélicoptère, une traversée mouvementée du village en motoneige, patientent à l'école. Visite de l'école, jeux de société, nous sommes invités au repas concocté par Juluut et Matthias : boeuf musqué, pâtes et frites. Délicieux ! Tout le monde dort dans la maison des filles, une maison bleue à l'extrémité du village. 4 chambres, une salle de bain, un salon, une cuisine, tout le confort nécessaire, nous sommes reçus comme des princes !"

Une partie des élèves passe sa première nuit au village. Les autres doivent dormir à Constable Point, le pilote de l'hélicoptère ayant du faire demi-tour par manque de visibilité.

JOUR 3 : premières rencontres et aurore boréale

"Le deuxième groupe s'est levé un peu avant 8h. Le soleil brille déjà généreusement. Un coup d'œil vers le fjord et l'époustouflant paysage nous saisit à nouveau, comme pour nous aspirer dans son immensité. Ce séjour répond, dès le début, à nos attentes, en y ajoutant une énergie supplémentaire, une sorte de cocktail d'air froid et de soleil…"

Le déplacement à pied vers l'école Ejnar Mickelsen a achevé de réveiller les derniers endormis. Notre arrivée n'est pas passée inaperçue. Quelques élèves Groenlandais, puis dix puis vingt s'équipent et sortent tour à tour nous accueillir devant l'école. Les structures de jeux qui y sont disposées deviennent les premiers témoins de nos timides échanges des deux premières minutes qui se parsèment peu à peu de rigolades puis de partages de checks, chahuts et premiers vrais échanges.

What's your name ? Kranadarabi ? M'y name is… uanga mi aderarpua…

"Les différences d'âge ne sont pas un obstacle. Des liens commencent à se nouer sur le pas de l'école et continuent à l'intérieur."

Le repas rapide est l'occasion pour ceux qui sont arrivés ce matin de goûter au rôti de boeuf musqué.

"Les filles partent ensuite dans leur girl's house en faisant un petit détour par la banquise et les chiens de traineaux, accompagnées de deux jeunes groenlandaises. Les garçons logeront à l'école ce soir et récupéreront leur boy's house demain."

"La journée s'achève tranquillement, les filles rejoignent leur maison et les gars installent leur chambre provisoire dans l'école, quand un mot magique débarque sans prévenir chez les gars : aurore boréale ! C'est la ruée vers les tenues grand froid."

"Au début un peu ténue, l'aurore boréale se développe petit à petit. On rentre. On attend un peu. On ressort. Pour finir on décide d'aller réveiller les filles (à vingt minutes de marche dans le village). La porte est fermée. Boule de neige sur une vitre de chambre encore éclairée. Ça y est. Elle sortent aussi, finalement heureuses d'être réveillées pour ça…"

"Ce matin, il fait -27°C. Nous nous retrouvons à l'école et décidons d'aller faire quelques courses au supermarché local. Les rayons ne sont évidemment pas aussi fourni des que les nôtres, quoique le rayon surgelés est pas mal. Nous achetons de quoi manger pour les 2 jours à venir : pâtes et riz nous allons alterner…

"Nous mangeons du riz et des boulettes de….boeuf musqué, des pêches au sirop en dessert. Et nous partons pour faire le tour du village avec notre guide Juluut, professeur d'Anglais à l'école et ancien maire du village, accompagnés par les élèves groenlandais."

La journée se poursuit avec la visite du village. Guidés par Juluut, les élèves découvrent l'église du village, la banquise, la maison Charcot, la toute première station météorologique.

"Des attelages de chiens groenlandais sont présents tout autour du village. Ils sont très importants car ils permettent de se déplacer sur la banquise et servent aussi à protéger le village des ours blancs en alertant avec leurs aboiements. Les chiens sont nourris de viande de phoque ou d'ours blancs. Ils mangent la neige pour s'hydrater."

"Depuis le début de l'année 2022, 35 ours blancs ont été tués par les chasseurs, ils ont utilisé tous les quotas donnés pour l'année, ce qui est problématique. Ce nombre d'ours tués est un record ! Les ours sont attirés par le gibier présent et la banquise leur permet de venir. Leur odorat très développé leur permet de repérer de la nourriture à plusieurs kilomètres. Juluut nous explique que l'ours blanc n'est pas aussi blanc que la banquise mais fait une tâche jaunâtre."

Aleyna essaye d'apprivoiser un chien de traîneau.

Vue de la salle des professeurs à l'école du village.

"Le soir, de retour à l'école, il est temps de se mettre aux fourneaux : nous avons une soirée bretonne demain soir et nous voulons préparer 50 galettes… M. Walger s'occupe de la pâte puis plusieurs élèves et professeurs réalisent les galettes. Elyza était la plus assidue. Dégustation demain avec nos correspondants."

Deux autres élèves, Paul et Colin, se chargent de préparer le repas du soir : du Chili con carne Groenlandais (au bœuf musqué) et chili sin carne comme plat de résistance et crèmes aux parfums variés en dessert.

Entre galettes de blé noir et chili con carne au boeuf musqué, les élèves s'activent en cuisine.

JOUR 5 : soirée galettes et construction d'un igloo

Au programme de ce cinquième jour de voyage : prelèvements de planctons, observation de l'eau arctique, construction d'un igloo et atelier crêpes.

Un repos bien mérité à l'abri de l'igloo en cours de construction.

"Début de la matinée à 8h à l'école. Juluut et Mathias, les professeurs des élèves groenlandais, nous présentent les outils nécessaires et la technique pour créer des blocs de neige compacts."

Juluut à appris la technique de construction d'igloo depuis ses 8 ans. Les Inuits peuvent en avoir besoin pour se protéger quand ils partent chasser/pêcher et qu'une tempête se lève.

Départ vers le haut du village sur le terrain de foot où nous avons commencé l'activité. Les élèves se sont très bien débrouillés. Il en faut qui creusent et sortent les blocs de neige glacée (le plus fatiguant), chapeau à Samuel, d'autres qui façonnent ces blocs avec une scie égoïne puis les bâtisseurs qui construisent l'igloo en disposant puis "cimentant" les blocs de neige avec de la neige.

Atelier crêpes dans l'après-midi. "Après la confection des galettes hier, nous sommes toujours dans la préparation de la soirée bretonne. Pâte à crêpes, cuisson des crêpes (sans beurre avec margarine), de jeunes groenlandais goûteurs trouvent les crêpes ratées fort à leur goût !"

JOUR 6 : cours de langue, cuisine et roulades dans la neige

Petit à petit, les élèves bretilliens apprennent à connaître les jeunes Groelandais et les liens se renforcent.

Un nouveau groupe d'élèves (Alexandra, Élyza, Aleyna, Aboutaleb, Elouen et Julie) a participé au cours de Mathias. Dans ce moment de partage linguistique entre jeunes Français et jeunes Groenlandais, chacun apprend à compter jusqu'à 10, à dire son plat préféré (niilatsami mamaasarnga…) et à se présenter dans la langue de l'autre - en français et en groenlandais ( … mi alerarpua = je m'appelle…)

"Nous avons appris qu'il n y a pas de nombres en groenlandais au dessus de 20, ils passent ensuite au Danois."

Ensuite, c'est mission ravitaillement et cuisine. 30 kg de nourriture à remonter depuis le magasin du village. Le boeuf musqué reste la star des plats préparés au village, remplaçant le steak haché dans les pâtes bolognaises à la Groenlandaise.

Les élèves apprennent à se présenter dans les 2 langues; Tous aux fourneaux !

Expédition scolaire Greenlandia : roulades dans la neige pour les élèves

JOUR 7 : fêter ses 15 ans au Groenland

Pour Paul, c'est un jour spécial, il fête aujourd'hui ses 15 ans. Avoir 15 ans à Ittoqqortoormiit est une expérience inédite ! Au programme de cette journée : visite du village, séance photo et construction de l'igloo.

La journée commence par la visite de la partie Ouest du village. Vincent Hilaire nous montre par exemple la mairie, la caserne des pompiers, la clinique. Puis descente pour une grande promenade et une séance photos sur la banquise. Nous avons vu des attelages de chiens de traîneau et toujours ces paysages à couper le souffle, sous un grand ciel bleu.

Le pelage du boeuf musqué comme perruque, il fallait y penser.

Nous avons trouvé sur la glace du pelage de bœuf musqué que certains ont porté en coiffe.

Puis, au travail ! La construction de l'igloo se poursuit. "Après plus de 2 heures de travail acharné, nous nous rendons compte que nous maîtrisons bien l'art de la construction en montée mais que nous avons du mal à créer une voûte intérieure. Bref, nos igloos ressemblent davantage à des tours de château. "

"Ce ne sera pas ce soir que nous pourrons dormir dedans, il n' y a pas de toit. On essaiera sans doute de le terminer avant la fin du séjour, mais ce n'est pas gagné…"

Un igloo incomplet mais déjà habité !

JOUR 8 : foot et complicité sportive

Journée sportive pour les jeunes avec un après-midi de football en salle. Le sport a une nouvelle fois prouvé sa capacité à tisser des liens

À l'issue de la cérémonie, Ita (la pasteur du village) a expliqué l'origine de l'implantation du protestantisme au Groenland et nous a également parlé des croyances Inuits (importance de la connexion avec la nature et les animaux).

Après-midi sportive avec une rencontre football France/Groenland dans le gymnase. Les matchs se sont enchaînés entre des équipes de 6 joueurs.

"Très honnêtement, nous avons failli à notre réputation de champions du monde… Ils sont très très forts (ou alors nous sommes très très mauvais)", ont constaté les élèves.

Pour terminer l'après-midi, ceux qui avaient encore un peu d'énergie sont allés faire un peu de luge.

La "maison des filles" où dorment les filles du groupe.

Expédition scolaire Greenlandia : un tour de traîneau

JOUR 9 : excursion en traîneau et observation d'iceberg

Ce matin, la groupe part sur la banquise par petits groupes dans des traîneaux à chiens avec des musher (conducteurs de traineaux). Direction un iceberg au milieu du fjord, coincé par la banquise…

"Nous étions 4 par traîneaux en comptant le musher et nous avions une dizaine de chiens par traîneau. Au départ, nous avons trouvé que certains attelages étaient agités et que certains chiens étaient agressifs mais nous avons appris plus tard qu'ils étaient en fait très excités à l'idée de partir en balade."

Samuel dans le traîneau.

"Après une trentaine de minutes de trajet (à l'effet très vivifiant, effet mister freeze garanti, les pieds de Nathan s'en souviennent encore), nous atteignons enfin cet immense iceberg."

Le groupe est subjugué par la beauté de cet iceberg, et en particulier par ses nuances de blanc et de bleu. Le terme bleu-glacier prend tout son sens.

Quelques réactions de l'équipe pour décrire cet endroit : somptueux, magnifique, majestueux, lunaire, isolé, apaisant, amazing, grandiose, bleu et blanc, pur, émouvant, imposant, impressionnant, incroyable, époustouflant, what the phoque, bleuté, craquement, géant, waouh, et… très froid.

La partie immergée de l'iceberg mesure une cinquantaine de mètres. 90% de l'iceberg est dans la mer. Un iceberg flotte car la densité de la glace est plus faible que celle de l'eau de mer. L'iceberg provient d'un glacier et est donc constitué d'eau douce. Les élèves et leurs professeurs ont pris de petits morceaux de glacier pour goûter l'eau de glacier à la pureté incomparable.

Anna.

JOUR 10 à 18 : l'émerveillement continue

Sortie luge, tournoi d'échecs avec les jeunes Groënlandais, visite de la toute première station météorologique du village, ateliers photo sur la banquise : le reste du voyage fut riche en découvertes pour les jeunes bretilliens. Des liens très forts se sont tissés entre eux, avec leurs professeurs, avec l'équipe Greenlandia et avec les habitants.es du village.

Moments de complicité, de cohésion avec la nature, paysages magique...

leurs impressions Après le voyage...

De retour de leur périple à Itto, comme ils le disent maintenant volontiers, les élèves bretilliens nous ont livré leurs impressions. Morceaux choisis.

Paul : "La sortie avec les chiens de traîneau pour aller voir l'iceberg. On a fait beaucoup de sorties, partagé beaucoup de moments entre nous."

Elouen : "Comme Paul, les chiens de traineau et l'iceberg. C'est énorme un iceberg, c'était à la fois le meilleur et le pire moment à cause du froid extrême"

Aleyna : "Franchement, j'ai tout aimé, on était déconnecté de nos téléphones, on était vraiment ensemble, alors qu'avant je pensais que ce serait impossible d'être déconnecté H24. La rencontre avec les inuits, c'était extraordinaire ! J'ai adoré aussi la chienne pomme-pote qui nous suivait tout le temps dans le village"

Colin : "Je dirais la sensation quand on est arrivé là-bas, quand on a aperçu les paysages du Groënland. C'était magique, 2 ans qu'on attendait ce moment-là."

Anna : "J'adorais les couchers de soleil, quand on partait de l'école pour aller à la maison des filles, les paysages étaient magiques. J'ai aimé aussi la vie en collectivité, on s'est tous rapproché, j'ai aimé apprendre de nouvelles choses comme concevoir un igloo par exemple"

Mila : "On a vraiment appris à se connaître, on a créé des liens forts entre nous mais aussi avec les professeurs qu'on a vus sous un autre angle (rires), et avec les responsables pédagogiques de Greenlandia"

Julie : "J'adorais marcher sur la banquise, me balader dans le village, c'était une vraie bouffée d'air frais chaque matin avant d'aller travailler à l'école. La sortie chiens de traîneau avec l'iceberg, je n'ai pas les mots tellement j'étais émerveillée."

Zoé : "Les paysages, là-bas c'est comme une île et autour il n'y a rien"

Alexandra : "J'ai beaucoup aimé tout le voyage, il y avait un vrai esprit de famille et d'équipe entre nous"

Sortie luge avec les jeunes Groënlandais.es

Rêve versus réalité

"Qu'est-ce qui vous a le plus surpris ou étonné par rapport à ce que vous aviez imaginé ?"

Elouen : "Je pensais qu'ils mangeaient mieux...le boeuf musqué, c'est plein de nerfs, pas très agréable. Je pensais aussi qu'ils seraient plus timides, ils étaient très tactiles, ils se sont beaucoup attachés à nous".

Paul : "Avant de partir, je me demandais s'ils étaient connectés au reste du monde. En fait ils avaient tous des téléphones, avaient des comptes sur les réseaux sociaux. On est même devenus amis sur Snapchat maintenant."

Aboutaleb : "Cela m'a surpris qu'ils ne fassent pas trop attention à l'environnement. Ils prenaient leur motoneiges et véhicules tout le temps même pour des petits trajets".

Anna : "On a été beaucoup à être surpris par les déchets qui trainaient par terre dans la neige, des mégots, des cannettes...On pensait qu'ils étaient irréprochable de ce point de vue"

Mila : "Côté nourriture, cela change de nos habitudes, par exemple le midi, ils mangent très peu, souvent c'est juste une tartine avec des rillettes ou de la charcuterie, et le pain est vraiment spécial, je n'aimais pas trop"

Un regard différent sur l'environnement ?

Elouen : "Là-bas, on n'a pas vraiment vu de différence due au réchauffement climatique. Les seuls habitants qui nous ont parlé du changement climatique sont ceux qui sont directement impactés comme les chasseurs qui voient la banquise diminuer, ou les scientifiques, météorologues. Mais tout le village est loin de se rendre compte des changements qui s'opèrent, cela m'a vraiment étonné".

Mila : "On nous répète tout le temps que le réchauffement climatique se concrétise, mais là on a vraiment pu voir les faits en face de nous."

Julie : "Aujourd'hui on est très sensibilisé à la préservation de l'environnement et on peut partager ce qu'on a vu, notre expérience, auprès de notre entourage, on a un vrai rôle d'ambassadeurs auprès de la jeune génération."

Journée de restitution le 7 juin au collège Fontenay de Chartres-de-Bretagne. Les élèves partis au Groenland ont partagé leurs impressions aux autres classes du collège ainsi qu'aux partenaires du projet Greenlandia.

Les 16 collégiens et collégiennes de Chartres-de-Bretagne ont vécu une aventure extraordinaire au Groënland.


Ittoqqortoormiit ou Illoqqortoormiut, anciennement Scoresbysund en danois, se situe au Sud-Est du Groenland, la plus grande île du monde.

Peuplé de 354 habitants, le village d'Ittoqqortoormiit, au Groenland, camp de base du commandant Charcot et bientôt celui des 16 collégiens et collégiennes de Chartres-de-Bretagne.

Le 3 avril prochain, les élèves arriveront dans le village d'Ittoqqortoormiit.

Les élèves se sont brièvement présentés en anglais aux jeunes d'Ittoqqortoormiit.

Xaviez Bougeard, responsable pédagogique du projet Greenlandia.

Étienne Walger, professeur de technologie, fait partie des professeurs qui vont accompagner les élèves.

De gauche à droite : Aboutaleb, Paul, Samuel, Colin, Elouen, Elyza. Ces élèves de la 3ème D du collège Fontenay vont tous partir en expédition en avril prochain.

S'adapter au mode de vie inuit, un défi à relever pour les jeunes collégiens.nes.

Tanguy Sandré, anthropologue, a aidé les élèves à analyser et déconstruire leurs peurs.

La vue de la cabine, direction l'Islande...

Une partie des élèves passe sa première nuit au village. Les autres doivent dormir à Constable Point, le pilote de l'hélicoptère ayant du faire demi-tour par manque de visibilité.

Vue de la salle des professeurs à l'école du village.

Le pelage du boeuf musqué comme perruque, il fallait y penser.

La "maison des filles" où dorment les filles du groupe.

Sortie luge avec les jeunes Groënlandais.es

Les 16 collégiens et collégiennes de Chartres-de-Bretagne ont vécu une aventure extraordinaire au Groënland.