
PARCOURS MÉMORI.ELLES
Les étoiles du 9e

Adulées et célébrées ou au contraire méconnues et oubliées, voire occultées, les femmes ont marqué notre histoire sans toujours avoir leur juste place dans notre mémoire. Une mémoire qui parsème pourtant les rues de Paris.
À travers un itinéraire dans le 9 e arrondissement, la Ville de Paris vous propose de découvrir les destins d’une dizaine de femmes ayant ayant brillé dans les domaines de la danse et de la musique : les étoiles du 9 e .
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Studio Wacker
Adresse : Rue de Douai
Dans les années 1920 et 1930, plusieurs studios de danses prestigieux sont créés à Paris. Ils permettent de louer à l’heure des salles de répétition et d’éviter les conflits de voisinage que pouvaient générer musique et entrechats aux domiciles des professeurs, c’est le cas des combles de l’Olympia aménagés en studio en 1921, du studio Wacker qui ouvre ses portes en 1923 ou bien encore de la salle Pleyel à partir des années 1930.
Le studio Wacker a été créé par la danseuse et maîtresse de ballet russe Olga Preobrajenska (1871-1962), au 67-69, rue de Douai, à l’adresse du facteur de pianos Wacker. En effet, après la révolution de 1905 et plus encore après celle de 1917, de nombreux danseurs russes exilés s’installent à Paris. La carrière de sa fondatrice coïncide avec l’âge d’or du ballet russe. Olga Preobrajenska a étudié à l’École impériale de danse à Saint-Pétersbourg, particulièrement avec Enrico Cecchetti, avant de s’illustrer dans les grands rôles du répertoire classique. Elle s’exile en France vers 1922, où elle diffuse cette synthèse russe entre l’élégance de l’école française et la virtuosité des danseurs italiens.
Ces studios privés, réputés pour l’exigence de leurs professeurs, n’offrent pas toujours les meilleures conditions de confort. Les témoignages des danseurs eux-mêmes soulignent à quel point leur engagement passionné est un combat constant. Maurice Béjart, par exemple, mentionne la vétusté du studio Wacker dans son autobiographie :
De nombreux maîtres de ballet inscrit dans l’histoire de la danse classique y ont enseigné, parmi lesquels Victor Gsovsky, Rousanne Sarkissian, Nora Kiss. Ils ont formé plusieurs générations de danseurs, devenus à leur tour des sommités de la discipline.
Pour continuer le parcours, descendez la rue de Douai et prenez sur la gauche la rue Pierre Fontaine...
2
Joséphine Baker
Adresse : plaque commémorative, 35, rue Pierre Fontaine
De son vrai nom Freda Joséphine McDonald, Josephine Baker est née le 3 juin 1906 à Saint-Louis (Missouri), aux États-Unis. D’origine afro-américaine et amérindienne, elle est la fille de Carrie McDonald et d’Eddie Carson. Alors que Joséphine n’a qu’un an, son père quitte le foyer. Devant aider à faire vivre la famille, Joséphine alterne durant l’enfance entre l’école et les travaux domestiques. En parallèle, elle s’initie à la danse et rejoint en 1920 un groupe d’artistes de rue, le Jones Family Band.
En 1921, elle épouse, Willie Baker. Elle gagne sa vie en dansant au Standard Theater, puis se rend à New York pour tenter sa chance à Broadway. Pendant deux ans, elle participe à la tournée de la comédie musicale Shuffle Along. C'est en France, à Paris qu'elle trouve la gloire, devenant la première célébrité noire. En 1925, le théâtre des Champs-Elysées met sur pied « la Revue Nègre » interprétée par des artistes noirs américains dont Sidney Bechet, qui apportent à la scène française le jazz, le ragtime et la fougue d’une musique que l’on n’appelle pas encore « afro-américaine ». C’est le début de Joséphine Baker sur la scène parisienne et du succès qui l’accompagne : vêtue d’une ceinture de bananes qui restera légendaire, elle danse de manière frénétique sur un air de Charleston. Le spectacle reprend des stéréotypes traditionnellement assignés aux personnes noires, néanmoins il permet à des artistes noirs d’occuper le devant de la scène et lance leur carrière. Ainsi, en 1927, après une tournée en Europe, Joséphine revient à Paris, menant la revue aux Folies Bergères. La même année, elle se lance dans la chanson et le cinéma. Pour la saison 1930-1931, Henri Varna directeur du Casino de Paris, l'engage pour mener également sa revue. En 1931, elle remporte un succès inoubliable avec la chanson « J’ai deux amours ».
En 1937, elle acquiert la nationalité française.
En 1939, à la déclaration de guerre, Joséphine Baker est engagée comme agent de renseignement, chargée de surveiller la haute société, par les services secrets français. Réfugiée au Maroc durant l’Occupation, elle continue de transmettre des messages, parfois cachés dans des partitions musicales, pour le compte de la France Libre et de l’Armée de l’air. Ses activités clandestines lui vaudront la Médaille de la Résistance française, les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur et la Croix de guerre 1939-1945.
Après la guerre, elle soutient le Mouvement afro-américain des droits civiques, écrit des articles et intervient pour dénoncer le racisme et la ségrégation aux États-Unis. En 1963, elle participe à la Marche vers Washington pour le travail et la liberté organisée par Martin Luther King ; elle intervient à ses côtés et y rend hommage aux activistes Rosa Parks et Daisy Bates.
Avec Joe Bouillon, un compositeur français qu'elle épouse en 1947, elle achète le château des Milandes en Dordogne. Elle y accueille douze enfants qu'elle a adoptés pour fonder sa famille, sa « tribu arc-en-ciel ». En 1969, alors que Joséphine Baker est totalement ruinée, la princesse Grace de Monaco, amie de la chanteuse, l’aide à s’installer dans une maison à Roquebrune (Alpes-Maritimes).
Elle continue à se produire, à l’Olympia de Paris en 1968, à Belgrade et au Carnegie Hall en 1973, au Royal Variety Performance au Palladium de Londres et au Gala du cirque en 1974 à Paris. En 1975, elle réalise une rétrospective de sa carrière, « Joséphine à Bobino » et se produit devant un parterre de personnalités et un public venu en masse pour un spectacle qui salue ses cinquante ans de carrière. Elle décède le 12 avril 1975.
A sa mort, Joséphine Baker reçoit les honneurs militaires et des funérailles solennelles à l'église de la Madeleine à Paris. Elle est enterrée au cimetière de Monaco. Le 30 novembre 2021, elle entre au Panthéon.
Pour continuer le parcours, allez au 32 rue Pierre Fontaine...
3
Marie Taglioni
Adresse : plaque commémorative, 32 rue Pierre Fontaine
Née en 1804 à Stockholm, Marie Taglioni dans une famille de danseurs (son grand-père, son père, son oncle, étaient tous trois chorégraphes, sa mère Sophie Karsten (1783-1862) danseuse, musicienne et peintre, et son frère devint également danseur), commence très jeune l’apprentissage de la danse alors qu’elle vit à Paris avec sa mère
Elle rejoint son père à Vienne, où celui-ci, jugeant sa formation insuffisante, devient pour elle un professeur très rigoureux. Elle acquiert alors une technique singulière et un style aérien qui marqueront le ballet romantique.
Elle débute en 1822 au Théâtre Impérial de Vienne
Elle enchaîne les représentations en Allemagne avant de revenir à Paris en juillet 1827. Elle fait ses débuts sur la scène de l'Académie nationale de musique et de danse (nom donné à l'époque à l'Opéra national de Paris) avec son frère.
Le 12 mars 1832, Marie Taglioni danse le rôle-titre du ballet-pantomime La Sylphide. Pour ce rôle, Eugène Lami invente le tout premier tutu de tulle blanc faisant de Marie Taglioni la figure même de la danseuse de ballet et lui donnant une notoriété considérable, dont témoignent les « produits dérivés » à son effigie créés alors. Invitée sur les plus prestigieuses scènes d’Europe, Marie Taglioni poursuit sa carrière jusqu’en 1847. Elle se consacre alors à la formation des jeunes danseurs, notamment la jeune ballerine Emma Livry, et à la création d’un ballet, sur une musique d’Offenbach, dans laquelle cette dernière a le rôle principal, Le Papillon (1860). Après avoir vécu en Angleterre, Marie Taglioni décède en 1884 à Marseille.
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Pour continuer le parcours, descendez la rue Pierre Fontaine, puis prenez la rue Chaptal sur votre gauche...
4
Pauline Garcia Viardot
Adresse : jardin Pauline Garcia Viardot situé au 26, rue Chaptal
Née le 18 juillet 1821 à Paris, Pauline Garcia a reçu la musique en héritage : sa mère Maria Joaquina Sitches, est chanteuse soprano ; son père Manuel Garcia, ténor et professeur de chant. Les parents transmettent à leurs enfants l’amour de la musique et l’exigence de son apprentissage… Si sa sœur Maria, devenue la Malibran embrasse une carrière de cantatrice, c’est d’abord au piano que Pauline se distingue. Elle a pour progresser un professeur prestigieux : Frantz Liszt. Mais, après le décès accidentel de sa sœur, en décembre 1836, Pauline Viardot, poussée par sa mère, se consacre finalement au chant.
Sa carrière démarre en 1838, dans l’ombre de la réputation exceptionnelle de sa sœur disparue Grâce à sa technique prodigieuse, au timbre et à l’ampleur de sa voix, à son talent dramatique, Pauline triomphe sur toutes les scènes d’Europe. Sa performance dans L’Orphée de Glück en 1859, témoigne de sa virtuosité. Pianiste surdouée, chanteuse exceptionnelle, elle est aussi une compositrice talentueuse : pièces chantées, opérettes, compositions instrumentales, elle est l’auteur de plusieurs centaines d’œuvres.
Pauline Garcia épouse Louis Viardot, écrivain, critique et directeur de théâtre, de vingt ans son aînée, en 1840, avec lequel elle a quatre enfants Elle témoigne d’une curiosité très vive pour la vie artistique et culturelle de son temps, fréquente les personnalités européennes de la musique et de la littérature, qu’elle rencontre au cours de ses tournées ou réunit dans son salon à Paris, rue de Douai. Hector Berlioz, Camille Saint-Saëns, ou encore Frédéric Chopin, composent pour elle ou lui dédient leurs œuvres ; elle joue du piano à quatre mains avec Clara Schumann ; elle lance les carrières de Charles Gounod ou de Jules Massenet, elle fréquente George Sand, Flaubert, Maupassant ou Tourgueniev.
Lorsque sa carrière scénique s’achève en 1863, à l’âge de 42 ans, elle se consacre pleinement à la composition et à l’enseignement. Son opéra Cendrillon paraît en 1904, alors qu’elle est âgée de 83 ans. Elle meurt en mai 1910, à 88 ans.
En savoir plus
- "Pauline Viardot, la mélodie au coeur" , un podcast revenant sur la vie pleine de rebondissements de la cantatrice et compositrice Pauline Viardot.
Pour continuer le parcours, descendez la rue de Douai et prenez sur la gauche la rue Pierre Fontaine...
5
Régine Crespin
Adresse : Avenue Frochot
Née à Marseille le 23 février 1927, Régine Crespin prend ses premiers cours de chant à l’âge de 16 ans. En 1946, elle est lauréate d’un concours organisé par le journal Opéra. Elle entre au Conservatoire Supérieur de Paris dans les classes de Georges Jouatte et Suzanne Cesbron-Viseur. Elle y est récompensée de 3 premiers prix, en opéra, opéra-comique et chant.
En 1948, Régine Crespin fait ses débuts professionnels à Reims, dans Werther de Jules Massenet ; puis est engagée en 1951 à l’Opéra de Paris où elle s’impose surtout dans les rôles de soprano dramatique du répertoire français, notamment dans les Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc et dans Les Troyens d’Hector Berlioz.
Au cours des années 1950, Régine Crespin se produit essentiellement sur les scènes de province, avec un solide répertoire de rôles français. De retour à Paris en 1956, elle interprète l’un des plus emblématiques rôles de sa carrière, la Maréchale, dans le Chevalier à la rose de Richard Strauss.
En 1958, elle fait son entrée sur la scène internationale. Au Festspielhaus Bayreuth, elle tient brillamment le rôle de Kundry dans le Parsifal de Richard Wagner, sous la direction d’André Cluytens – un rôle qu’elle tiendra à nouveau sous la baguette d’Hans Knappertsbuch.
En 1962, elle se produit au Metropolitan Opera de New York, reprenant son rôle fétiche dans le Chevalier à la rose de Richard Strauss : elle démarre ainsi une tournée américaine triomphale.
Au cours des années 1970, Régine Crespin se tourne progressivement vers les grands rôles de mezzo, notamment avec Giullietta dans Les Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach ou avec la Comtesse dans La Dame de pique de Piotr Tchaïkovsky. Ses prestations des Nuits d’été d’Hector Berlioz ou de Shéhérazade de Maurice Ravel, enregistrées au cours de la décennie, font encore référence dans le monde du chant lyrique.
De 1976 à 1992, Régine Crespin enseigne le chant au Conservatoire Supérieur de Musique et de Danse de Paris ; et en 1990, elle fait définitivement ses adieux à la scène. Décédée le 7 juillet 2007 à Clichy, Régine Crespin a marqué, de sa personnalité et son timbre de voix unique, tous les grands rôles qu’elle a interprétés dans sa longue et prestigieuse carrière.
Pour aller à la prochaine étape, continuez sur l'Avenue Fochot en direction de la place Pigalle ...
6
Ada Smith
Adresse : Place Pigalle
Ada Smith, surnommée Bricktop, est née en Virginie-Occidentale (États-Unis) le 14 août 1894, d’un père irlandais et d’une mère métisse, Shanty Irish.
Elle débute très jeune une carrière de danseuse, chanteuse et comédienne à Chicago, puis à New York. À l’âge de 20 ans, remarquée dans les cabarets où elle se produit, elle est engagée comme artiste par Cole Porter pour enseigner « les danses à la mode ».
En 1924, elle est appelée à Paris par Eugène Bullard qui dirige alors le Grand-Duc, rue Pigalle. Elle fonde son propre cabaret le « Bricktop’s » en 1926 dans la même rue. C’est là que se retrouvent les artistes les plus célèbres comme F. Scott Fitzgerald et les représentants de la « génération perdue » ou des membres de la famille royale, comme l’Aga Khan. Elle engage les meilleurs musiciens. Sidney Bechet et Django Reinhardt jouent pour elle. Quand Louis Armstrong est à Paris, il vient jouer, ainsi que Fats Waller et Duke Ellington.
Sa vie à Paris, son cabaret et son activité artistique dans le quartier Pigalle ont une notoriété immense, notamment grâce aux personnalités qui fréquentent le lieu. C’est la guerre qui la contraint à fermer son établissement et retourner à New York en 1940. Elle poursuivra jusqu’à Mexico pour fonder un autre cabaret « Bricktop’s » en 1944. Puis, de retour en Europe, fondera en 1949 à Rome un troisième cabaret « Bricktop’s ».
Bricktop ferme son club et prend sa retraite en 1961, à l'âge de 67 ans et retourne vivre aux États-Unis. Le 1er février 1984, elle meurt dans son sommeil dans son appartement de Manhattan, à l'âge de 89 ans.
Pour continuer le parcours, prenez le boulevard de Clichy à droite de la place Pigalle ...
7
Coccinelle
Adresse : Promenade Coccinelle
Jacqueline Charlotte Dufresnoy est née homme, le 23 août 1931, à Paris. Elle commence par travailler dans un salon de coiffure puis dans une usine automobile avant de se lancer dans une carrière d’artiste de cabaret à partir de 1953. Elle se renomme Coccinelle, clin d'œil à une robe rouge à pois noirs qu'elle portait souvent. Au début des années 1950, chanteuse, danseuse et comédienne commence à se produire aux cabarets Madame Arthur ou au Carrousel où elle arbore un look inspiré de Marilyn Monroe. En 1956, elle est la première personnalité publique française à effectuer une transition de genre avec opération.
Coccinelle devient à l'état civil, Jacqueline Charlotte Dufresnoy en 1959 grâce au jeune et talentueux avocat Robert Badinter qui défend la cause de l'artiste, à huis clos, devant la Première chambre du Tribunal civil de la Seine. Elle devient alors une égérie transgenre et l'un des tous premiers visages de la communauté LGBTQI+.
En 1961, elle épouse le journaliste sportif Francis Paul Bonnet, puis, en secondes noces, le danseur de music-hall colombien Mario Florentin Heÿns. Cette notoriété ne l’empêche pas d’être victime de transphobie.
A la suite de son mariage, et sous la pression de milieux réactionnaires, le Conseil de l'Ordre des médecins refuse dans la foulée de son mariage de reconnaître un statut thérapeutique aux opérations de réassignation sexuelle. L'OMS ajoute en 1975 à sa liste de maladies psychiatriques, la transsexualité. Elle y restera jusqu’en 2019. Il faut attendre 1979 pour que les premières opérations officielles de réassignation sexuelle soient réalisées à Paris.
En 1963, Coccinelle se produit à l'Olympia, puis sur d’autres scènes européennes et s'installe à Berlin où elle réside jusqu’au début des années 1990. En 1996, Coccinelle se marie avec l'artiste transformiste Thierry Wilson alias Zize Dupanier, figure de chez Michou à Paris. Jacqueline Charlotte Dufresnoy fonde l'association « Devenir femmes », qui vient en aide aux personnes transgenres. En 2006, Coccinelle est victime d'un AVC et meurt d'un arrêt cardiaque quelques mois plus tard, le 9 octobre 2006 à Marseille.
En savoir plus
- " Coccinelle, une vie de femme ", le podcast sur la figure de l’histoire de la transidentité : Coccinelle, pionnière du genre.
Pour aller à la prochaine étape, continuez sur le boulevard et prenez la rue des Martyrs. Ensuite, tournez à la rue Louise-Emilie de la Tour d'Auvergne...
8
Odette Gartenlaub
Adresse : plaque commémorative au 36, rue de la Tour d'Auvergne
Odette Gartenlaub est née à Paris le 13 Mars 1922. Elle entre à 9 ans au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où elle obtient la même année une première médaille de solfège. Premier prix de piano à l’âge de 14 ans. En 1937, elle est lauréate du Concours International Gabriel Fauré. Ses études sont interrompues, entre 1941 et 1945, en raison de la guerre et de son renvoi du Conservatoire du fait de ses origines juives.
Elle reprend ses études à la Libération. Elle confirme ses talents d’interprète et se montre aussi douée pour la composition. En 1945 le Premier prix de Fugue. Elle est admise dans la classe de composition d’Henri Büsser auquel succédera Darius Milhaud avec qui elle travaille également. Le premier l’encourage à concourir pour le Prix de Rome. Sous le nom d’Odette Garty elle obtient, en 1948, le premier Grand prix de composition pour « Cantate Genovefa », la mise en musique du poème de Charles Clerc, racontant la légende de Sainte-Geneviève. Elle devient alors pensionnaire pendant trois ans et demi de l'Académie de France à la Villa Médicis.
Elle rentre à Paris en 1952 et poursuit sa carrière de pianiste et compositrice, se produisant régulièrement à l’ORTF, en province et à l’étranger. Quelques cent vingt œuvres d’un catalogue très varié sont alors commandées et jouées par les plus grands interprètes de son temps, comme le trompettiste Maurice André. Grand prix du disque en 1954, elle est admirée par beaucoup de grands musiciens, comme Olivier Messiaen, Yves Nat ou encore D.E. Inghelbrecht, fondateur de l’Orchestre National de France et disciple de Claude Debussy. Ce dernier lui propose de participer à une série d’émissions radiophoniques, intitulées Entretien autour d’un piano autour de Claude Debussy. Elle enregistre parallèlement de nombreuses musiques de films et radio, composées par son ami Georges Delerue.
En 1959, Noël Gallon lui propose de se présenter au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, au poste de professeur de solfège. Cela va être le début d’une autre voie, celle de la pédagogie. Sur l’invitation du Ministère de la Culture, elle participe à la réforme du solfège et la création d'une classe de « formation musicale » en 1976. Elle crée et préside en 1983 l’association des professeurs de formation musicale (A.P.F.M). Cette activité reste encore vivante puisque qu’on lui doit de nombreux manuels pédagogiques, et surtout la mutation du vieux solfège en formation musicale.
Elle est promue Commandeur des Arts et Lettres en 1997. En 2002, après cinquante années de vie partagées dans la connivence et la collaboration musicale, elle perd son mari Bernard Haultier. Odette Gartenlaub décède à Paris le 19 septembre en 2014 suite à une longue maladie.
En savoir plus
- Site du centenaire de la naissance d'Odette Gartenlaub .
- Des enregistrement d'Odette Gartenlaub en écoute sur Gallica.
Pour poursuivre le parcours, prenez la rue Marguerite de Rochechouart à l'intersection de la rue Louise-Emilie de la Tour d'Auvergne...
9
Nadia et Lili Boulanger
Adresse : Conservatoire Nadia et Lili Boulanger, 17, rue Marguerite de Rochechouart
Nadia Boulanger est née le 16 septembre 1887 et sa sœur Marie Juliette Boulanger, dite Lili Boulanger le 21 aout 1893 à Paris (9e), d’une mère russe mélomane et d’un père professeur au conservatoire de Paris, compositeur.
Admises au conservatoire, elles manifestent très tôt des dons exceptionnels pour la musique, tant dans la pratique instrumentale que la composition qui leur permettent de remporter de nombreux prix et de côtoyer les plus grands musiciens de leur époque.
Lili, de santé fragile, travaille avec une volonté irréductible et compose bientôt avec génie. Elle remporte à 19 ans avec sa cantate Faust et Hélène (1913), le premier grand prix de Rome de composition musicale décerné pour la première fois à une femme.
Sa précocité fulgurante, marquée par la maladie qui devait l’emporter, s’achève le 15 mars 1918 par un chef-d’œuvre ultime Pie Jesu dicté sur son lit de mort à Nadia qui désormais entretiendra avec une fidélité « sacrée » sa mémoire et son œuvre.
Dès les années vingt, Nadia Boulanger s’affirme dans sa vraie vocation : l’enseignement. C’est à l’École américaine de musique de Fontainebleau qu’elle dirigera jusqu’à sa mort, que « Mademoiselle » va révolutionner l’enseignement de l’harmonie, dont elle s’est vue confier la classe, en transformant ses cours en "cours d’analyse musicale".
Après avoir orchestré le Requiem de Fauré à Londres et aux États-Unis, elle fut la première femme à diriger l’orchestre de Boston et de New-York.
Considérée comme l’inspiratrice de la musique contemporaine mondiale et particulièrement américaine, elle a formé les plus grands musiciens de son temps. En 1977, le président Valéry Giscard d’Estaing la fait grand officier de la Légion d’honneur. Elle décède le 22 octobre 1979.
En savoir plus :
- 7 épisodes du podcast " Le fabuleux destin des sœurs Boulanger " à écouter sur France Musique
Pour poursuivre le parcours, avancez jusqu'au square Montholon par la rue Mayran, puis prenez la rue Papillon face au square...
10
Elsie Houston
Adresse : plaque commémorative au 8 rue Papillon
Elsie Houston est née à Rio de Janeiro en 1902. Son père est un dentiste originaire du Tennessee (Etats-Unis) ; il faisait partie de ces fédérés qui avaient fui au Brésil, après la Guerre de Sécession aux Etats-Unis. Il s’était marié et s’était établi à Rio. Il est alors rentré dans le cercle de l’élite brésilienne. C’est ainsi qu’Elsie fréquente, dès son plus jeune âge, l’avant-garde artistique et littéraire dans son pays, et que sa sœur Mary épouse l’écrivain – et militant trotskyste – Mário Pedrosa.
En 1922, Elsie Houston part étudier le chant avec Lilli Lehmann en Allemagne, puis avec Ninon Vallin en Argentine et en Europe. Sa carrière de concertiste débute au Brésil en 1926.
La même année, Elsie part vivre à Paris. Elle y rencontre le compositeur brésilien Heitor Villa-Lobos qui l’embauche comme soliste pour chanter à la Salle Gaveau. Elsie connait alors son premier grand succès parisien. Heitor Villa-Lobos lui fait prendre conscience de la beauté de la musique populaire brésilienne et des chants afro-brésiliens.
À Paris, Elsie Houston est en contact avec un groupe d’écrivains surréalistes : André Breton, Paul Eluard, Louis Aragon, et surtout Benjamin Péret qu’elle rencontre en 1928. Entre Elsie et Benjamin, le coup de foudre est tel qu’ils se marient la même année, à la mairie du 7e arrondissement, en présence d’André Breton et d’Hector Villa-Lobos notamment. En 1928, à Paris, Elsie Houston fait éditer ses mélodies populaires et enregistre deux chants afro-brésiliens de Villa-Lobos.
En 1929, le couple Péret-Houston part vivre au Brésil. Là-bas, Benjamin entre en contact avec un groupe de militants trotskystes, devient correcteur pour des journaux locaux et se passionne pour la littérature et l’art moderne du pays. De son côté, Elsie donne des concerts, tout en faisant, entre 1929 et 1931, des voyages ethnographiques dans le Nord du Brésil, à la recherche de chants populaires. En 1929, elle crée une école de chants à San Paolo, où elle enseigne notamment des chansons françaises qu’elle a découvert à Paris.
En août 1931, Elsie donne naissance à un garçon prénommé Geyser. Mais en décembre 1931, la famille Péret-Houston est expulsée du Brésil, lorsque Benjamin est accusé d’être un « conspirateur communiste ».
De retour à Paris, Elsie se produit dans des cabarets pour subvenir aux besoins de sa famille ; elle y interprète, pour la première fois, une Macoumba noire qu’elle met elle-même en scène. Elle fréquente aussi le salon de Madeleine et Robert Perrier à Montmartre, où de nombreux artistes se retrouvent dans les années 1930, tels Joséphine Baker ou Django Reinhardt. Robert Perrier était un parolier de chansons, et c’est ainsi qu’en 1932, il offre à Elsie son grand succès avec « Tu m’as donné Paris ».
En 1934, Elsie se sépare de Benjamin Péret, et rentre à Rio de Janeiro avec leur fils Geyser. Puis en 1937, elle part s’établir à New York, où elle s’épanouit auprès d’un groupe d’intellectuels noirs, The Harlem Renaissance, installé à Greenwich Village, au Sud de Manhattan. En 1937, elle donne un concert au Rockefeller Center. Puis durant l’année 1938, elle se produit, quasiment tous les soirs, au Ruban bleu, un cabaret français de New York ; et elle donne plusieurs récitals à Détroit et à New York jusqu’en 1943.
Malgré son triomphe américain, Elsie cache un profond mal-être et une grande solitude ; elle se suicide, le 20 février 1943, dans son appartement de Park Avenue.
Pour poursuivre le parcours, revenez sur vos pas jusqu'au square Montholon, puis prenez la rue de Montholon qui débouche sur la rue Lamartine.
11
Marie Geneviève Van Goethem
Adresse : 34 rue Lamartine
Née le 7 juin 1865 à Paris dans le 9e arrondissement, Marie-Geneviève est une élève et danseuse éphémère du Ballet de l’Opéra de Paris.
Elle est connue pour avoir servi de modèle à Edgar Degas, notamment pour sa célèbre sculpture dite La petite danseuse de quatorze ans.
Originaire de Belgique, sa famille, très pauvre, s'installe dans un modeste appartement de la cité Coquenard, dans le 11e arrondissement, pour qu’elle puisse suivre des cours à l’école de l’Opéra de Paris. En 1878, elle y entre en tant que figurante, statut qui offrait aux jeunes filles d’origine modeste la possibilité d’embrasser une carrière de danseuse.
A partir de 1875, elle sert de modèle à Edgar Degas, apparaissant notamment dans le tableau La classe de danse, conservé aujourd'hui au Philadelphia Museum of Art (Etats-Unis).
Renvoyée du Palais Garnier pour absences trop répétées, elle est replongée dans son milieu social très précaire, et n’a pas d’autre choix que se prostituer pour survivre, tout en posant régulièrement pour Degas.
Sa mère a joué un rôle d’entremetteuse, pour Marie comme pour ses sœurs, dont le corps est devenu un outil de travail. Si l’une d’entre elles est parvenue à échapper à sa condition en devenant danseuse étoile, on ignore ce que Marie est devenue à la fin de sa vie, ni même quand et comment elle s’est éteinte.
Malgré tout, pour le monde entier, Marie-Geneviève Van Goethem restera à tout jamais La petite danseuse de 14 ans, sculptée par Degas entre 1875 et 1800, et conservée aujourd'hui au Musée d’Orsay à Paris.
Pour conclure votre parcours, vous pouvez vous rendre jusqu'à l'incontournable Opéra Garnier, monument patrimonial majeur du 9eme arrondissement de Paris.
Des étoiles, ailleurs dans Paris
Des étoiles, il n'y en a pas que dans le 9ème arrondissement de Paris : cliquez sur les images ci-dessous pour accéder à la cartographie générale.
Martha Graham (1er), Yvette Chauviré (15e)
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